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Coronavirus/ Touré Mariam (leader d’association de femmes à « Colombie ») : « Des jeunes filles sont contraintes de faire n’importe quoi pour manger »

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Touré Mariam (leader d’association de femmes à « Colombie »)

A la fois activiste de la société civile et actrice politique, dame Touré Mariam est une figure des femmes du quartier Colombie, désormais appelé « Les Oliviers ». Elle parle ici des vices vers lesquels la pandémie du coronavirus pousse des femmes de ce bidonville, situé derrière le centre commercial Sococé aux II-Plateaux.
Lebanco.net :Comment, vous les femmes de Colombie, vivez-vous cette situation de maladie et les mesures prises par le gouvernement pour la juguler ?
Depuis la prise des mesures gouvernementales relatives à la lutte contre le coronavirus, les femmes de Colombie sont confrontées à beaucoup de difficultés. Elles sont frappées par la faim. Beaucoup d’entre nous se débrouillent en faisant des petits métiers, notamment le commerce. Le peu d’argent que nous avions sur nous, nous l’avons dépensé pour nous nourrir et subvenir aux besoins de nos familles.
Comment font-elles pour payer leurs maisons en cette période difficile ?
En ce qui concerne le paiement des loyers, c’est difficile. Moi-même, le propriétaire de maison est en train de me stresser. Nos maris qui se débrouillaient ont perdu leurs boulots, du coup ça ne va pas dans la famille. Il y en a qui étaient aides-maçons, peintres ou pré-colleteurs d’ordures, mais tout ça s’est arrêté à cause de cette maladie. Du coup, l’essentiel des dépenses de la famille repose sur nous les femmes. Or, voilà que les petits commerces des femmes aussi ne marchent plus. Elles sont obligées de nourrir leurs familles avec le peu d’argent qu’elles possédaient.
Savez-vous si ces difficultés financières auxquelles sont confrontés des couples ont provoqué des conflits entre monsieur et madame ?
A cause de cette situation de maladie, il y a effectivement de petites palabres dans les maisons parce que les hommes n’arrivent plus à faire face aux besoins de leurs épouses et des enfants. 
Ce manque d’argent a-t-il eu pour conséquence d’aggraver l’insécurité dans votre quartier ?
Tout à fait. Il y a beaucoup de cambriolages de domiciles actuellement. Des gens viennent par exemple voler des bouteilles de gaz. La  situation créée par cette maladie fait que beaucoup de gens ont faim ici.
Cette faim a-t-elle poussé, selon vous, des jeunes filles du quartier à s’adonner davantage à la prostitution ?
(Après un soupir). On ne peut pas tout dire. A cause de la faim, des jeunes filles sont contraintes de faire n’importe quoi pour trouver à manger. Surtout que nous sommes dans un quartier précaire où les populations étaient confrontées à des difficultés de tous genres, difficultés qui ont été aggravées par cette situation de maladie.
Avez-vous reçu des dons faits au nom du gouvernement ?
Je peux dire oui, puisque le départemental du Rhdp, Koala Célestin et Madame Adjara Sangaré, au nom d’Assetou Gon, l’épouse du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, sont venus nous donner des vivres et des seaux et du gel hydro-alcoolique, pour le lavage des mains. Nous les avons distribués aux familles mais tout le monde ne peut pas avoir.
A part eux, d’autres hommes politiques sont-ils venus vous apporter leur soutien en cette période difficile ?
Pas à ma connaissance. J’ai appris que le maire est venu faire des dons au quartier mais on n’a rien reçu. Le constat que je fais, c’est que ceux qui font des dons, orientent leurs dons vers les militants de leurs partis. Aucun autre acteur politique ni potentiel candidat à un poste électif n’est venu nous aider.
Savez-vous si des femmes de Colombie ont déjà reçu les 25 000 FCFA promis par le gouvernement aux familles démunies ?
Non, personne n’a rien reçu. J’ai appris que des fiches ont été distribuées pour que les uns et les autres inscrivent leurs noms. Mais personne ne nous a approchées.
A votre connaissance, certaines familles du quartier ont-elles bénéficié du « cadeau » sous-forme d’électricité, fait par le gouvernement à des familles démunies ?
Oui. Pour ce que je sais, certaines familles en ont bel et bien bénéficié mais pas tout le monde. Dans cette cour (où se tenait l’interview, ndlr), personne n’a bénéficié de ce don en électricité.
Que pensez-vous de la décision de levée du couvre-feu et de l’ouverture des maquis et restaurants ?
Nous sommes heureuses de voir les maquis et restaurants rouvrir, car beaucoup de femmes se débrouillent dans ces lieux de gastronomie. Ça va les aider à gagner un peu d’argent et donc pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles. Concernant la levée du couvre-feu, c’est une bonne nouvelle, vu que beaucoup de femmes, qui vendaient la nuit, ne pouvaient plus le faire à cause du couvre-feu. Tout comme, les maris de certaines d’entre elles, qui sont conducteurs de taxis, ne pouvaient pas rouler la nuit. Donc, la levée du couvre-feu est une bonne nouvelle pour nous.
Je constate également que la distance d’un mètre n’est pas respectée ici à Colombie. Comment vous expliquez cela ?
Ici, quand vous parlez de maladie aux gens, ils vous répondent qu’ils n’ont rien à manger et vous parlez de maladie. A la limite, ils s’en foutent. Et puis, nous vivons dans la proximité ici : les enfants sont amenés à jouer ensemble. Dans ces conditions, il n’est pas aisé d’observer cette mesure barrière. C’est un quartier précaire, c’est Dieu seul qui peut nous sauver.
Je note également que très peu d’habitants de Colombie portent des cache-nez. Pourquoi vous n’en portez pas alors le masque est obligatoire à Abidjan ?
C’est vrai que les femmes qui m’entourent et moi-même ne portons pas de masque au moment où j’échange avec vous, mais nous en avons toutes à la maison. On les porte quand on sort de chez nous. Moi personnellement, je me sens étouffée quand je porte un cache-nez.
Réalisée par Assane NIADA
 



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