La capitale économique de la Côte d’Ivoire reste l’épicentre de la pandémie du Coronavirus, dans ce pays. C’est que très tôt, l’Etat a compris qu’au regard des premières sources de contamination, qui étaient le fait de personnes venues de l’étranger avec le virus en eux, il fallait tenter de circonscrire la maladie à Abidjan. Faire en sorte de freiner localement la chaine de propagation, qui malheureusement avait commencé à échapper au système de suivi et de contrôle de la maladie, mis en place. Aujourd’hui, l’isolement du grand Abidjan de l’arrière- pays, disposition très prévoyante en soi, paye bien. D’autant plus que depuis le 21 avril dernier, le nombre déjà faible de personnes infectées à l’intérieur ne connait aucune hausse.
La concentration des efforts sur Abidjan pour éviter une explosion massive de la contamination, est jusqu’ici tout aussi bien menée par les agents de santé quotidiennement à la tâche dans les hôpitaux dédiés et les centres de dépistages installés à l’occasion.
C’est, aussi dans la même veine que l’Etat s’est engagé à acquérir plus de 200 millions de masques, à distribuer gratuitement aux populations du grand Abidjan. Afin que le principe du port obligatoire soit observé par tous. Notamment dans les lieux publics et les véhicules de transport en commun. Lesquels véhicules représentent de hauts risques de propagation de la maladie.
Aussi, est-ce avec beaucoup de verve que plus d’un observateur a apprécié les actions de sensibilisation suivies par la suite de la répression des chauffeurs de gbakas et taxis communaux, relativement au strict respect du port du masque . Aussi bien par eux-mêmes que par les passagers qu’ils transportent. Les images télévisées qui en ont été diffusées étaient assez révélatrices de l’engagement des agents des forces de l’ordre qui étaient à l’oeuvre .
A faire en sorte pour une fois, avec les acteurs de ce secteur d’activité toujours tonitruant, que la mayonnaise puisse prendre. Autrement dit, que la rigueur avec laquelle les opérations de répression étaient menées contre les réfractaires au port du masque, soit continuellement de mise. En tout cas, jusqu’à réussir un véritable parfait ancrage de cette habitude salvatrice, dans la conscience et partant, le comportement quotidien de ces chauffeurs. Traduisant par ce fait même, toute la détermination et la prise de conscience qui animent ces agents, à contribuer efficacement à la réduction maximum des dégâts que pourrait causer cette crise sanitaire dans le pays.
Pour autant, au regard de tant d’années d’expérience que nous avons accumulées sur les rapports de corrompus à corrupteurs, que ces deux entités ont depuis toujours entretenus, il est tout à fait bienséant d’émettre des doutes. Evidemment quant à la pérennité de la rigueur qui émaillait si bien le contrôle assorti de répression menée contre les chauffeurs de ces véhicules de transport. Combien de temps, cela va –t-il durer ? Bien malin qui saura le dire. En tout cas, il est fort à parier que ce sera le temps d’un feu de paille. Tant il est vrai que la pratique du racket, qui demeure encore fort bien ancrée dans les esprits, viendra très rapidement prendre le dessus. Pour ainsi marquer l’échec de l’application de cette mesure, pourtant essentielle, relative au port obligatoire du masque, par les chauffeurs de gbakas et leurs passagers. Ils en donnent la preuve au quotidien, en exigeant des paiements de passe droits, au poste de contrôle d’Elibou, sur l’autoroute du nord, à tous les automobilistes qui sortent et entrent à Abidjan, sans autorisation délivrée par les autorités policières.
Les policiers ou gendarmes commis à cette tâche quotidienne de contrôle du masque, notamment dans les communes de Yopougon, Abobo , Adjamé, Anyama, Bingerville, sont invités ici à nous surprendre du contraire. A démentir pour une fois, ce point de vue déshonorant que l’on entretient à leur encontre, en menant à bien cette opération de répression dans le transport en commun. Car, répétons-le encore, cette activité de transport, entreprise sans le respect des mesures barrières, avec en prime l’usage quotidien du cache nez, va assurément favoriser une augmentation non négligeable du taux de contamination.
Moussa Ben Touré