Au moment où, nous écrivions ces lignes, la Côte d’Ivoire tenait encore le haut du pavé, dans le classement des pays les plus atteints par la pandémie du Coronavirus en Afrique de l’Ouest, avec 847 personnes infectées. Un chiffre déjà alarmant en soi et qui a eu le temps de croître, bien qu’assorti de cas évolutifs de guérison donnant un certain espoir. La maladie évolue donc vers une courbe ascendante dont on ignore encore le sommet qu’elle devra atteindre avant de redescendre.
Et si nous n’enregistrons pas les chiffres effroyables de contaminations et de morts que comptabilisent au quotidien nombre de grandes nations de ce monde, cela ne doit pas nous faire croire que cet état de fait, ne sied qu’à ceux qui le vivent. Et qu’en aucune façon, il ne peut en être question à Abidjan. Il faut bien se rendre à l’évidence : dès lors que le virus est bien présent dans l’environnement urbain ivoirien, de tels scénarios catastrophes peuvent s’y produire. C’est tout dire sur l’absolue nécessité de s’approprier pleinement chacun à son niveau des nouveaux comportements qu’impose dorénavant à l’humanité, cette crise sanitaire jamais vécue par celle-ci auparavant.
Nous disons bien à l’humanité et non aux Ivoiriens. Comportements simples en soi, mais que nombre de concitoyens regardent encore avec une certaine désinvolture, qu’entretient en eux, une conception se nourrissant d’inculture, d’incrédulité notoire. Pour ainsi leurs conférer des tendances à l’indiscipline, à la désobéissance insensée. Et plus grave est que rien de tout ce que leur renvoi l’actualité à travers le monde depuis décembre 2019, sur les ravages sanitaires, économiques et sociaux de la pandémie, ne parvient à susciter en eux, le déclic du changement. Pour adopter ces gestes et pratiques, que sont les mesures barrières, énoncées partout sur la planète terre où sévit le coronavirus.
C’est qu’en l’absence de tout vaccin, elles demeurent, du moins pour l’heure, les seules et uniques possibilités d’éviter tout contact avec ce virus, en plus du confinement obligatoire. Mais, qu’il faut tout mettre en œuvre pour ne pas connaitre si l’on ne veut pas voir l’économie ivoirienne déjà fortement éprouvée sous l’effet de la pandémie, subir plus de dommage. Abidjan, plaque tournante de cette économie a vu plusieurs de ses entreprises réduire considérablement leurs activités et leurs personnels, à défaut de mettre la clé sous le paillasson, ou procéder à des mises au chômage technique.
Il s’en suit qu’à ce jour, de multiples familles ont bien du mal à s’en sortir, du fait de la diminution drastique de leurs économies et revenus. Les gagne petits assez légion, dans la société ivoirienne et représentant la plus grande composante des acteurs du secteur informel, sont déjà rudement affectés par ces deux mois de paralysie des activités économiques. Tant à Abidjan que dans l’arrière- pays. Nombre de ménages de cette catégorie sociale, ont commencé à vivre des dons faits ici et là, par les pouvoirs publics, des établissements financiers, ainsi que de nombreuses autres bonnes volontés. Prouvant par ce fait même, tout le bien fondé de ces actes de générosité, dans pareille circonstance.
Quelle serait alors la situation de ceux-ci en prime et de celle de bien d’autres Ivoiriens, si l’on devait nécessairement aller au confinement obligatoire, pour freiner cette ascension continue de la contamination au Covid 19 en Côte d’Ivoire. Il est certain que les 1700 milliards de Fcfa déboursés par l’Etat, pour assurer la riposte économique et sociale, dont ont grand besoin les différents secteurs de l’économie nationale, devront alors être revus à la hausse.
Le confinement obligatoire rappelons le, peut bel et bien être évité si les uns et les autres s’engagent véritablement à faire leurs, cette exigence comportementale qu’impose la crise sanitaire. C’est-à-dire, l’application quotidienne des 13 mesures de précaution édictées par les autorités. C’est bien pour cette raison que la sensibilisation paraissant déjà ennuyeuse pour certains devra se poursuivre et surtout s’amplifier. Le porte à porte entrepris par le préfet d’Abidjan voilà quelques jours et suivi ces temps –ci par les maires est à saluer vivement et à encourager. Tant il est vrai que cette forme de sensibilisation a l’avantage de toucher les ménages de plus près, de se faire dans un langage dépouillé de toutes fioritures et de répondre en direct, aux interrogations que certains esprits toujours réfractaires à l’adoption des mesures barrières se posent.
Moussa Ben Touré