publicité

Politique

L’Enquête du jeudi : Faut-il supprimer la fonction de conseiller municipal ?

Publié le :

La gestion des affaires d’une commune relève de la compétence des maires. Ceux-ci sont aidés dans leurs missions par des collaborateurs désignés par le vocable de conseillers municipaux. Qui, mieux que quelqu’un assurant cette fonction au quotidien pour la définir !  Solomane Sanogo, conseiller municipal à la mairie d’Adjamé, présente  tous ceux qui portent ce titre comme des élus membres d’un conseil municipal. Lequel  est un organe collégial qui a en charge l’administration des affaires d’une commune donnée. Le conseiller municipal travaille sous la responsabilité du maire.   Ses missions consistent à prendre part aux réunions du conseil municipal pour participer au vote des délibérations c’est-à-dire la validation de l’ensemble des projets que ledit conseil ambitionne de réaliser pour sa commune. Ces projets ne peuvent êtres validés ou exécutés qu’après le vote du conseil municipal. « C’est la mission principale du conseiller municipal », précise M. Sanogo. Le conseiller municipal a aussi une mission de représentation au niveau des quartiers. Ceci dans le but de remonter les difficultés ou les préoccupations des administrés afin que le conseil municipal puisse en débattre au cours de ses sessions, en vue de leur trouver des solutions. Une mission mal ou peu effectuée par le conseiller municipal. En effet, ils sont nombreux ceux qui disent ne pas connaître ou n’avoir jamais rencontré le conseiller municipal de leurs quartiers. Celui-ci ne se présente jamais à eux pour s’imprégner de leurs préoccupations de résidents. On le voit, de multiples griefs sont formulés contre ces représentants des maires dans les quartiers de la commune, au point qu’il est à se demander, ce que valent réellement ces collaborateurs immédiats  des maires. Et partant, l’utilité exacte de cette fonction aujourd’hui.
.                                  Que de griefs!
 
Selon un groupe de retraités rencontrés au bas des tours des 220 logements à Adjamé, les conseillers municipaux ne se font pas connaitre auprès des administrés. Du coup, pour eux, les administrés n’ont pas d’interlocuteurs pour exprimer leurs problèmes au maire. Alors que, expliquent –ils «  l’ancienne équipe municipale leur avait présenté officiellement une conseillère municipale chargée de répertorier les problèmes des habitants des 220 logements pour les porter à la connaissance du premier magistrat de la commune ».   Les mêmes retraités déplorent également un manque de communication. Situation qui selon eux se caractérise par l’absence de toute consultation pour la réalisation des projets du quartier. « A preuve, nous, habitants des 220 logements n’avons pas été consultés pour les murs qui ont été construits récemment aux abords des routes, à l’espace Liberté», révèle l’un d’entre eux.    Autre motif des griefs formulés contre  les conseillers municipaux : leur trop grand rapprochement des maires. On aurait dit une véritable connivence, au point qu’ils n’osent plus leur traduire les préoccupations réelles de leurs administrés.  Serge Séri  résidant dans commune d’Abobo, estime qu’ils   « sont tous à la solde du maire. Chacun cherche à lui plaire. Je ne suis pas satisfait de leurs missions », déclare cet opérateur économique d’un ton radical. Selon lui, « le conseiller municipal doit être  plutôt proche des populations. Il doit prendre en compte leurs préoccupations et les porter auprès du conseil municipal, et faire en sorte que les préoccupations en question trouvent des solutions. Malheureusement dans toutes les communes, c’est le même constat amer qui est fait, les conseillers municipaux n’accomplissent pas leurs missions comme il se doit ». 
 Président d’un réseau d’organisation de la société civile, Aka Ida Emile, habitant de la commune d’Abobo , porte lui un jugement quelque peu différent sur les conseillers municipaux .Il soutient d’une part que les préoccupations des administrés sont prises en compte mais par affinité. D’autre part, il trouve que tout est politisé.  Aka Ida estime que «  c’est surtout la cohésion sociale entre les populations que les conseillers municipaux devraient rechercher en priorité, au regard de la crise post-électorale de 2010-2011. Selon lui, «  tous les habitants de la commune d’Abobo aspirent à la paix et à la cohésion sociale ». 
Dans la même veine, un tenancier de restaurant résidant dans la commune d’Adjamé affirme  qu’actuellement les conseillers ne sont plus accessibles comme au moment où,  ils venaient leur faire les yeux doux, pour obtenir leurs suffrages  « La plupart des promesses de campagne n’ont pas vu un début de réalisation », clame haut ce dernier.  Ce pourquoi, le restaurateur dit avoir pris la décision de ne plus voter aux élections municipales. « Ils nous prennent pour des ignorants. Franchement, je ne suis plus motivé à voter quelqu’un parce que je suis totalement déçu ». Un avis que partage   Éric Mé Kouakou, vendeur de chaussures résidant à Yopougon. Il affirme que les conseillers municipaux de sa commune ne «  les approchent pas ». Or,  explique Théo Boga, instructeur en sécurité routière, vivant dans la commune d’Attecoubé, « il sera difficile pour un conseiller municipal d’être le fidèle porte-voix des administrés, s’il ne les côtoie pas pour connaitre leurs préoccupations ». Lanciné Kanté, juriste de son état, vivant à Yopougon, abonde dans le même sens : « Nous ne les sentons pas proches des populations. » De plus, ajoute- t-il, «  ils ne se manifestent que quand il s’agit des élections, lorsqu’il est question de renouveler leur mandat.  Après quoi, ils disparaissent à nouveau. Et c’est un silence total qui s’en suit ».
 Pour avoir été souvent saisis de ces griefs contre les conseillers, certains maires ont mis en place des Comités de gestion des quartiers (Cgq), pour rapprocher les conseillers municipaux des administrés. Mais, à en croire nombre d’administrés, cette solution est loin d’être efficace. En effet pour eux, « des dirigeants de Cgq ne sont pas à la hauteur des missions qui leur ont été dévolues. » Aristide Nando, sans emploi habitant à Port-Bouet, soutient que les présidents de Cgq, qui sont quelques fois amenés à jouer le même rôle, que les conseillers municipaux, ne font pas mieux. Les différents sujets de préoccupations portés à la connaissance de ces comités ne sont guère suivis d’effets positifs.  Ils portent généralement sur l’insécurité grandissante dans certains quartiers, l’occupation anarchique des espaces urbains par des commerçants, qui viennent indisposer les habitants des lieux, l’insalubrité, l’assainissement etc.  Par ailleurs il convient de préciser que toutes les tentatives menées pour rencontrer des maires, en vue de recueillir leurs avis sur les reproches faits à leurs conseillers sont restés vains.
Au regard de toutes ces critiques, il est à se demander enfin de compte si les conseillers municipaux prennent véritablement en compte les préoccupations des administrés, pour effectivement les traduire aux maires ? A cette question Issa Sanogo, conseiller municipal, 6 eme adjoint au maire de la commune d’Adjamé  répond  sans ambages. « Oui, nous prenons en compte leurs préoccupations. Car nous avons un programme qui tient compte des préoccupations des concitoyens. Le programme émane de leurs aspirations. Nous prenons en compte leurs aspirations concernant la voirie, la cherté de la vie, l’environnement, le cadre de vie, l’habitat, etc. Nous sommes élus sur la base d’un programme qui émane de l’aspiration des concitoyens. Nous avons donc obligation de gérer les préoccupations de nos administrés ». Néanmoins il tient à préciser que la mairie fait face aux préoccupations de ses concitoyens sur la base des moyens dont elle dispose. Et ce conseiller municipal ajoute dans la même foulée : « Nous déroulons notre programme au fil du temps Nous avons pu régler beaucoup de préoccupations de nos administrés. Plusieurs d’entre eux sont satisfaits. Mais nous allons tout mettre en œuvre pour faire  face aux préoccupations de ceux qui ne sont pas encore satisfaits ». 
 
Satisfaits de leurs missions 
 
   Kouassi Kouamé conseiller municipal à la mairie d’Abobo, ainsi que Issa Sanogo de la mairie d’Adjame disent être satisfaits. Tandis que, Kouadio Konan et Mme Sira Dramé conseillers municipaux à la mairie d’Abobo, puis Solomane   Sanogo de la mairie d’Adjamé bien que satisfaits, tentent quand même de fournir quelques explications.  Kouadio Konan déclare qu’il y aura toujours des franges de la population qui ne sont pas contentes des conseillers municipaux. « Nous sommes l’objet de critiques. Ils disent qu’après notre élection, nous n’allons plus les voir. Ils personnalisent les problèmes. Alors que c’est toute une population que nous gérons. Nous ne pouvons pas tout faire à la fois. Nous faisons en sorte que les populations soient satisfaites. Nous avons conscience que nous sommes élus pour 5 ans. Il y a toujours des administrés qui sont contents du travail et d’autres pas ». Abondant dans le même sens, la collègue du précédant conseiller, Mme Sira Dramé affirme  « je suis très satisfaite de mes missions sur tous les plans. Nous avons de bons échos des actions que la mairie d’Abobo a posées. Mais vous savez qu’on ne peut pas faire l’unanimité ». De l’avis de Solomane Sanogo, le bilan des missions pour un an d’exercice des conseillers municipaux de la mairie d’Adjamé est somme toute satisfaisant. Néanmoins il admet que beaucoup reste à faire. Et il précise, « ce n’est pas facile de faire le travail comme nous le souhaitons avant d’être à la tête de la commune. Les réalités du terrain sont différentes. Nous avançons comme nous pouvons. Nous avons  fait l’objet de critiques de tout genre, après la mise en ordre que nous avons faite sur le boulevard Nangui Abrogoua. Alors que d’autres nous avaient  auparavant traités de laxistes, par rapport au désordre qui y régnait ». L’essentiel pour lui  est qu’à présent le boulevard est dégagé et a fière allure. Les conseillers municipaux affirment également être régulièrement sollicités  par certains de leurs administrés, pour subvenir à des besoins financiers. A en croire dame Sira Dramé le conseiller municipal n’est pas un salarié de mairie. « Il reçoit une prime pour la participation aux sessions. Elle s’élève à 10 000 Fcfa, et pour le grand conseil c’est 50 000 Fcfa. Ce sont des montants connus de tous ».   Elle poursuit, « Il avait été question à l’époque selon une promesse de l’Etat, de la revalorisation des primes de sessions car certains conseillers municipaux font de longs voyages pour assister aux réunions ». Pour elle, les 10 000 Fcfa ne suffisent même pas pour le déplacement à Abidjan, à fortiori pour les déplacements de l’intérieur du pays à Abidjan. Et elle ajoute « nous sommes très souvent approchés par les administrés. Ils viennent dans la plupart des cas demander de l’argent. Quand nous répondons par la négative ils ne comprennent pas. Certains mêmes s’emportent. Quelques fois nous réagissons par humanisme en donnant ce que nous avons sous la main. Je pense que nos primes doivent être revues à la hausse pour faire face à ce genre de sollicitations ».
Tous souhaitent une revalorisation notable de leurs primes de présence aux sessions. « Je souhaite que les primes de présence remises aux conseillers municipaux pour les réunions de conseil soient améliorées, car le conseiller municipal a plusieurs responsabilités. Dans les quartiers, il fait face à des sollicitations urgentes. Quand le maire n’est pas là, c’est vers lui que les administrés qui ont des problèmes personnels se tournent. Le gouvernement doit se pencher sur ce constat pour augmenter leurs primes »,  soutient Solomane Sanogo. Il s’empresse d’ajouter qu’il faudrait également, en dehors de la revalorisation des primes de présence.   
 
Jeremy Junior 



publicité

FIL INFO

26 avril 2024

Kwilu : 1 000 décès enregistrés sur plus d’1 million de cas de paludisme en 2023

26 avril 2024

Sahel: Washington va retirer des soldats du Tchad, après le Niger

26 avril 2024

Situation socio-politique/Blé Goudé à Cissé Bacongo : « Je ne suis pas avec vous »

26 avril 2024

Gabon : Vincent de Paul Massassa porté disparu pour ses parents ?

26 avril 2024

Mali : avec plus 3, 33 millions de cas confirmés, le paludisme constitue la première cause de morbidité et de mortalité



Fanico

Lamine KANE. 13 février 2024
Conte des faits renversants
Valer St Clair 9 février 2024
CAN : Non aux courses d'autorités sur la pelouse !
Dr. Yalamoussa Coulibaly 6 février 2024
Diversité de noms chez les Sénoufo
Emmanuel Koffi 17 janvier 2024
Lettre ouverte au Premier Ministre Robert Beugré Mambé

publicité