Au sortir de la deuxième guerre mondiale, l’une des plus meurtrières du siècle dernier, avec plus de 60 millions de morts, l’Europe qui a payé un lourd tribu à ce conflit, pour en avoir été le théâtre, a décidé de ne plus se livrer de guerre. En tout cas, de s’abstenir de poser tout acte susceptible de susciter un nouvel affrontement de cette dimension. Elle s’est plutôt attelée à la reconstruction du continent. Une action fondamentale et hautement déterminante montée en leitmotiv, assortie du salutaire soutien financier américain, connu sous l’appellation générique de Plan Marshall. Par ce que tiré du nom du Général américain George Catlett Marshall, initiateur et promoteur dudit Plan. Si pour sa part, l’Afrique n’a pas bénéficié à titre compensatoire, d’un Plan similaire de la part de l’Europe, à la fin de la colonisation qui l’a pourtant assujettie à toutes formes d’exploitation, elle n’a pas pour autant arrêté de se livrer à des guerres de différentes natures. Et cette réalité perdure encore, plus d’un demi- siècle après l’indépendance de la plupart de ses Etats. Au point de constituer aujourd’hui une préoccupation continentale, sur laquelle vient de plancher justement l’Union africaine(UA), au cours de son 33eme sommet tenu à Addis- Abeba. Alors question : l’Afrique peut- elle se passer des guerres ? Interrogation essentielle, même si elle peut paraitre insidieuse ou tendancieuse, pouvant faire croire que ces conflits meurtriers lui sont quelque part nécessaires, voire indispensables ou autre.
Oui, l’Afrique peut bel et bien se passer des guerres. Si elle fait de cette question une véritable priorité à valeur obsessionnelle permanente. Si, elle s’engage véritablement à combattre dans l’esprit de ses intellectuels politiques, la propension toujours aussi vive malheureusement, de recourir aux armes pour occuper le perchoir. Bien qu’encore balbutiante, sa pratique de la démocratie recèle tout de même des résultats encourageants qui montrent bien, toute l’évolution économique positive qui peut naitre de la stabilité d’un Etat, entièrement impliquée dans l’exercice de la vraie démocratie[MT1] . Une célébration sous quelque forme que ce soit de la démocratie, s’impose aujourd’hui à l’UA. Il lui revient de penser aux formules, méthodes, et autres processus susceptibles d’instaurer dans les esprits des générations actuelles et de celles qui arrivent, les valeurs de la culture de la démocratie. Une façon d’annihiler et compromettre, l’éclosion, le maintien ou l’évolution de tout ce qui peut, en tant que concepts, actes, actions ou initiatives conduire au bellicisme exacerbé.
Oui, l’Afrique peut se détourner des guerres pour résolument s’engager dans la voie de l’épanouissement économique et sociétale de ses populations, tel que le démontrent ses taux de croissance économique qui n’ont cessé de croitre dans l’ensemble, au cours de ces dernières années. Un fait remarquable et relevé par tous, à travers le monde. Qui, entre autres facteurs explicatifs, tient au fait que le continent ne subit plus les guerres par procuration entre l’Est et l’Ouest, depuis que la guerre froide a disparu, pour laisser la place à un climat de stabilité relative, où la démocratie est prônée comme seul mode d’accession au pouvoir. En fait, les formations et organisations politiques, à caractère souvent indépendantiste, régionaliste, progressiste et autres… qu’armaient et manipulaient idéologiquement les deux grands blocs idéologiques( communisme et capitalisme) qui existaient dans le monde, en les mettant constamment en conflit, ont disparu. Et leurs guerres avec, depuis la tombée du mur de Berlin en 1989. Sonnant ainsi le glas du bipolarisme à l’échelle mondiale. Du coup, le nombre des guerres a considérablement diminué. Il reste tout de même quelques poches conflictuelles encore, aux relents toujours régionalistes, tribaux, et dictatoriaux ou antidémocratiques à conjurer coûte que coûte. Des guerres qu’entretiennent certaines puissances étrangères, pour des raisons d’intérêts économiques. Toute chose contribuant pourtant, à assurer une certaine pérennité et dont les populations des pays qui les subissent en font les frais.
Moussa Ben Touré