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Côte d'Ivoire : Le règlement de litiges entre les époux en pays Bété

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En pays Bété, le règlement de conflits, dit zigreh (Affaire) entre les deux époux est un moment particulier qui finit par faire se lever un tribunal composé des deux belles familles. Mais attention, n'y participe pas qui veut et quand bien même il serait de la famille, la sélection se fait par celui qui a reçu la plainte. En général, c'est vers le plus âgé des clans, que l'une des parties plaignantes va exposer son affaire.
 
Étude de cas 
 
Zady a épousé Zomassah. Le couple a 7 enfants. Une femme vertueuse. Un couple d'apparence parfaite. Tout à coup, en train de prendre le repas un soir, débarque une femme enceinte et qui se jette sur Zady. Elle s'appelle Gbessy, elle est du village voisin. Une femme précédée par sa réputation de légère. Elle serait donc enceinte de Zady. Sereine, Zomassah la calme, mais Gbessy a décidé de s'installer là. "Tu vas me marier aussi". Dit-elle en substance. Humiliée, honnie, Zomassah ce soir, garde son sang froid, va jusqu'à installer la femme enceinte pour la nuit. Les femmes beatles, beaucoup disent qu'elles sont palabreuses. Mais on n'imagine même pas comment énormément de ses femmes deviennent subitement sages quand elles se retrouvent dans des tableaux de ce genre où, elles sont humiliées. Les femmes de chez nous ont reçu une éducation qui n'est pas celle de la violence. Elles comprennent les enjeux de la vie de couple. Ici, dans ce cas de figure, il faut que je vous le dise, nous sommes en plein cœur de la vie villageoise. Mais énormément de nos mères ont elles mêmes vu leur mère se comporter ainsi. C'est ce qui explique qu'elles soient restées sereines face aux énormes écarts comportementaux de nos papas. 
Le lendemain.....
 
La plainte 
 
En balayant, Zomassah passe en revue en parlant toutes les péripéties subies en épousant Zady. Elle livre tout, raconte tout, exprime une colère indicible. Puis, se rend chez le père de Zady à la cour familiale. Quand son beau père la voit, elle fond en larmes et explique sa mésaventure. On la calme, on la dorlote. Sa belle-mère s'en occupe, le papa convoque les oncles et les frères des deux côtés. Il se déplace en personne pour les consulter et le rendez-vous est pris. Entre temps, la belle-mère retiens Zomassah là. Tant que le litige n'est pas réglé, elle ne bouge pas.
 
Le jour du jugement 
 
Ce jour-là, tout le monde est réuni. Zomassah par contre, vaque à ses occupations de cuisine. Il faut que les gens venus juger l'affaire puisse manger quelque soit l'issu. Gbessy quand à elle, est installée aussi non loin, mais pas dans le cercle de la cour de justice.
Entre temps, le père a pris soin de parler en aparté à son fils pour avoir la vérité. Effectivement, il est l'auteur. De ce fait, en commençant le jugement, on lui donne la parole. Il doit exprimer par lui-même son forfait. Une épreuve dure pour Zomassah que la belle-mère a conditionné face aux saloperies de son fils. Quand Zady termine son exposé, on ne donne même pas la parole à Gbessy. Elle ne compte pas dedans. À partir du moment où lz malo a reconnu, il faut vite trouver un compromis. Il y a un enfant qui va naître et c'est ça le plus urgent. Cependant, on va éviter à Zomassah, de subir l'envahissement d'une seconde épouse dans des conditions aussi rocambolesques. Zady doit prendre ses responsabilités et suivre la grossesse dehors. C'est justement ce qu'il ne fait pas qui a fait perdre pédale à Gbessy.
Chacun des oncles aura donné son avis. Si Zomassah est une excellente épouse, ce qui est le cas ici, elle a le soutien à 100% de la communauté familiale. Mais si c'est le contraire, ce sera tant pis pour elle, on va lui faire savoir que c'est sa méchanceté qui a permis à Zady d'aller forniquer dehors et il le fera davantage. C'est cruel quand même !
 
Un lourd tribut à payer 
 
L'homme qui se comporte ainsi au regard de son épouse, après jugement de la famille, paie un lourd tribut sous forme de dédommagement à son épouse. Du bétail, de la volaille, du textile et une somme symbolique pour l'avoir déshonoré et pas respectée le pacte d'alliance sacrée par le mariage. Souvent les épouses bafouées comme ça demande à prendre la parole. La décision si c'est oui est très discutée. C'est ici que la sagesse intervient. En général, on ne lui donne pas la parole quand le chef du tribunal est influent. S'il a dit non, ce sera non. Pour éviter encore d'entendre d'autres choses qui vont gangrener la famille.
On conjure le mauvais sort. Dans une calebasse, on verse de l'eau  sur le sol et on invoque les protecteurs de la famille. On fait éloigner ainsi de Zady, le vice de tromper son épouse une seconde fois. 
Le repas 
Entre temps, Zomassah a frappé un placali copeh de la mort. Elle a servi toute l'assemblée. On mange, ça rigole, on la taquine, mais ca ne l'amuse pas parce qu'elle est en colère. Même si c'est maîtrisée, Zady l'énerve. Paradoxalement, elle a donné à manger à Gbessy ! Voilà notre société.
Le Bété possède l'art du pardon. L'homme de l'ouest ivoirien même en général n'est pas rancunier. 
Nous ne sommes pas racuniers, c'est notre nom qui est gâté. Nous chez nous, tout se pardonne. L'harmonie de la vie chez nous, est primordiale.
 
Pacôme Christian Kipré
 



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