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Politique

Enquête express/ Etablissements primaires et secondaires privés : Ils sont enseignants, mais exercent au noir

Publié le :

Un nombre important d’enseignants des établissements primaires et secondaires privés ivoiriens exercent leur profession dans des conditions assez difficiles, ressemblant à de l’exploitation, menée par leurs employeurs. Ils travaillent pendant plusieurs années sans jamais être embauchés, donc non déclarés à la Caisse nationale de Prévoyance Sociale.   
 
Plusieurs années de travail sans être embauché
On les retrouve dans les écoles primaires et collèges privés uniquement. Autant ils se plaignent avec beaucoup de verve du reste, du sort qui est le leur, autant ils ne sont nullement prêts à le faire à visage découvert. C’est que malgré la mauvaise situation professionnelle qu’ils vivent ces instituteurs et professeurs demeurent accrochés à leurs  emplois, qu’ils pourraient perdre par licenciement, pour avoir décrié dans la presse, les injustices qu’ils subissent  de la part de que leurs chefs d’établissement.  B D est professeur d’anglais. Il traine sa bosse dans le milieu depuis 12 ans, en dispensant des cours, en tant que vacataire, dans des collèges tels que Le Destin et Le Mahou de la commune d’Abobo. Bien qu’ayant plus de dix ans de carrière à son actif, il n’est embauché par aucun des établissements qui l’emploie. Aucune explication, à l’en croire, ne lui a été signifiée par ses employeurs pour justifier son statut. Toujours selon ses propos, les enseignants qui mènent des actions afin de revendiquer leur embauche font l’objet de chantage éhonté qui ne dit pas son nom, puisqu’ils peuvent se faire renvoyer pour cette démarche. Dans d’autres cas, on ne leur attribue plus d’heures de vacation l’année qui suit.  
Il se demande si ce n’est pas par manque de moyens financiers que les promoteurs des écoles privées agissent de la sorte. Toujours est-il que cette situation est pénalisante pour ce professeur d’anglais puisqu’après la fin du mois de mai, il n’a plus de revenu. Sa situation sera plus grave quand il sera avancé en âge et ne sera par conséquent plus en mesure d’exercer étant donné qu’il n’est pas déclaré à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS).  Il n’aura dons pas préparé de retraite.
C’est par la force des choses que B B est devenu vacataire dans des établissements privés. Il dit avoir échoué au concours de l’Ecole normale supérieure (ENS), après l’avoir passé quatre fois de suite.
Un collègue à B B, également vacataire au collège Le Destin connait la même galère. Cela fait 5 ans qu’il  dispense des cours de mathématiques au premier et au second cycle du collège Le Destin et dans bien d’autres établissements sans qu’on ne lui propose  l’embauche. Il  dit avoir tenté à maintes reprises le concours de l’ENS sans jamais réussir. 
Sous le couvert  de  l’anonymat, il révèle avoir travaillé au collège Le Destin auparavant pendant deux années successives. Cette année, il a été rappelé par cet établissement, après une année d’intervalle sans y avoir exercé.
Professeur de français vacataire dans un collège de la commune d’Abobo,  Sylvestre Konan renchérit pour affirmer que c’est «  pour éviter d’embaucher les enseignants que les fondateurs les utilisent deux années de suite, les renvoient et les rappellent par la suite. Un perpétuel recommencement qui ne dit pas son nom, » affirme-t-il.  
Dans la même veine, il apparait que, certains employeurs font signer des contrats de travail annuel à leurs agents.  A ce propos, un instituteur de l’Ecole primaire privée (EPV) Jovinal d’Abobo Plaque 1, révèle que le directeur dudit établissement fait signer un contrat annuel à chaque enseignant. Pourtant, précise-t-il « nous sommes tous considérés comme embauchés ». Il s’explique difficilement les agissements de sa hiérarchie pour des travailleurs dits embauchés.  C’est la preuve que cette situation anormale que vivent nombre d’enseignants du privé  a plusieurs variantes.  Au Groupe scolaire Les Anges noirs d’Abobo Sogefiha, un instituteur que nous allons nommer D D, a dû attendre ainsi pendant  quatre ans avant d’être embauché.  
Malgré ce statut, D D nous révèle qu’il n’est pas à l’abri d’autres préoccupations. « A partir de la fin du mois de mars, nous n’avons pas de salaires. Généralement, pendant les vacances, il n’y a pas de salaire. C’est à la rentrée à partir de la fin du mois de septembre que nous recevons les arriérés au compte-goutte. De plus, il  n’est pas évident que ces arriérés soient épongés au cours de l’année académique. A ce jour, nous revendiquons quatre mois d’arriérés de salaires », confie l’instituteur. Il ajoute que depuis plus de trois ans, les enseignants ne reçoivent pas de bulletins de salaires.   
Sylvestre Konan, professeur de français nous fait part d’un autre problème. Celui-ci porte sur  la facturation des heures de cours. Il révèle que dans son établissement,  l’heure est payée à 1 000 Fcfa. « Il y a des établissements où l’heure est facturée à 700 Fcfa, voire 500 Fcfa dans certains cas », affirme l’enseignant.
 
Les responsables des écoles se défendent
 
 
Rodrigue Mambo,  directeur des études au collège Le Destin d’Abobo, reconnait bien le temps de longue durée que les fondateurs mettent à embaucher. Mais il s’empresse d’ajouter que les jeunes qui postulent n’ont souvent pas d’expériences. Ils ont le Deug 2 ou la Licence.  «… au lieu de leur offrir des stages, nous leur donnons une première chance qui leur offre l’’opportunité d’entrer dans le milieu de l’’enseignement, et aussi l’occasion d’avoir un peu d’argent pour subvenir à leurs besoins », soutient Rodrigue Mambo.  
Cependant, le directeur des études du collège Le Destin d’Abobo tient à préciser que selon l’ancienne convention qui régit le milieu, « normalement après  deux ans d’enseignement, les jeunes en question doivent être libérés, ou maintenus. Dans le second cas, on leur fait signer un contrat qui peut prendre deux formes. Dans un premier cas, l’enseignant part pour un an et revient après. Puis son contrat est reconduit pour 2 ans. Dans le second cas, l’intéressé  signe un document spécial dans lequel il reconnait que c’est lui-même, bien que sachant qu’il doit partir, qui accepte de rester et renonce à l’embauche. Il  continue avec un contrat de vacation. C’est un contrat de gré à gré qui ne dit pas son nom, un contrat médian, » indique le directeur.
Par ailleurs, il indique que les écoles privées dans leur majorité sont confrontées à des problèmes de trésorerie. Raison pour laquelle, il invite l’Etat à payer la totalité des subventions dans des délais raisonnables.    
En réaction aux  déclarations portées contre l’EPV Jovinal, son  directeur Jean-Roland Kouamé Konan a tenu à nous préciser que «  c’est pour éviter d’être conduit devant l’’inspection du travail que les enseignants embauchés sont soumis à un contrat annuel renouvelé chaque année. Néanmoins, il n’a pas caché qu’ils sont rémunérés 11 mois sur 12, du fait de l’inactivité de l’école au cours des grandes vacances ».
 Quant au directeur des études du groupe scolaire ‘’Les Anges noirs’’ d’Abobo Sogefiha, Tchoumou Kouao, il affirme pour sa part «  ne pas reconnaitre les accusations selon lesquelles des enseignants ont travaillé 4, 5, voire 6 ans avant d’être embauchés ». S’agissant du non-paiement des salaires au cours des vacances, M. Tchoumou affirme catégoriquement : « Ce n’est pas chez nous. Les salaires sont payés 12 mois sur 12. Toutefois, il reconnait que pendant les grandes vacances à cause de la fermeture de l’école, les enseignants ne sont pas payés. » Cependant, à l’en croire, les arriérés sont épongés à partir de la rentrée ou en août quand il y a des entrées d’argent. 
Au sujet des quatre mois d’arriérés de salaires, Tchoumou Kouao déclare sur un ton sec : «… je ne suis pas à la gestion. C’est Mme Niangoran qui en a la charge, (…...) je n’entre pas dans ça ».
Pour ce qui est du manque de bulletins de salaires depuis quelques années, il confirme l’existence du problème. Il précise par la suite que des démarches ont été menées auprès de la fondatrice afin qu’une solution soit trouvée dans les plus brefs délais.  
 Quel peut être l’avis de la direction de l’encadrement des établissements  privé,(DEEP) sur le sujet. Et que dit–elle ou recommande-t-elle aux établissements incriminés. Les différents directeurs que nous avons interrogés ont affirmé entretenir de bonnes relations avec la DEEP. Nous nous sommes rendus au siège de la DEEP. Le chef des Ressources humaines qui nous a reçus en premier, nous a conduits au bureau de la directrice. Mais nous n’avons pu être reçus par cette dernière. Sa  secrétaire principale nous a laissé entendre que «  leur service n’a rien avoir avec le sujet ». Un refus poli qui manifestement cache bien des informations certainement dérangeantes.
 
Jeremy Junior
 



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