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Politique

Le père d’Amon-Tanoh catégorique : « Marcel peut être candidat….... »

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Présidentielle 2020, conflit entre les présidents Bédié et Ouattara, école ivoirienne…  L’ancien compagnon d’Houphouët-Boigny, par ailleurs ex-ministre de l’Education nationale, passe au peigne fin l’actualité du pays. Mais, Lambert Amon-Tanoh apporte surtout son soutien à son fils Marcel, l’actuel ministre des Affaires étrangères. Si ce dernier décidait de briguer la magistrature suprême, il trouverait en son père, un soutien aussi franc que certain. 
 
Tembo : Vous avez reçu récemment un bel hommage national en tant que grand serviteur de l’Etat. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Lambert Amon-Tanoh : J’avoue, sans fausse modestie, avoir été touché par cet hommage qui a pris un caractère national, en présence de hautes autorités dont le vice-président, Daniel Kablan Duncan. La cérémonie a été évaluée à 64 millions FCFA et j’ai été comblé. Pour plaisanter, j’ai dit qu’à mon décès, il n’y aura pas d’oraison funèbre car on ne fera pas mieux que cela.
Vous avez été un célèbre ministre de l’Education nationale sous Houphouët-Boigny. Quel regard jetez-vous sur l’école aujourd’hui?
J’ai été un bâtisseur de l’école ivoirienne. J’étais tout d’abord un très jeune enseignant. L’ex-ministre de la Défense, Léon Konan Koffi, par exemple, a été à mon école. Cinq de mes anciens élèves sont entrés au gouvernement après moi. C’est un record. Le problème, aujourd’hui, c’est la formation des instituteurs. 15 000 enseignants ont été recrutés cette année pour être formés sur deux mois pendant les vacances. On prépare des chômeurs parce qu’ils ne seront pas qualifiés.
Vous êtes l’un des grands compagnons de feu Félix Houphouët-Boigny. Quand vous voyez que l’ « Houphouëtisme » est devenu la denrée politique la plus prisée du moment, comment réagissez-vous ? 
J’ai vu le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci, Ndlr) et l’Houphouëtisme. Il est difficile de succéder à un homme comme Houphouët. L’Houphouëtisme est un humanisme pétri « d’Africanité ». C’était un visionnaire, un père de famille. Il recevait beaucoup, en toute intimité. Il disait que le dialogue est l’arme des forts, car sans lui on va à la guerre.
Alors que tous se réclament de lui, selon vous, pourquoi y a-t-il autant de sons discordants au sein de sa famille politique ?
J’ai suivi le début de cette crise que nous connaissons. J’ai contribué avec mon équipe à éviter l’explosion. Nous sommes allés à la recherche de la vérité et nous étions à deux doigts de résoudre la crise mais nous n’avons pas été suivis. Le chef de l’Etat seul a prêté attention à nos arguments.
J’ai dit au président Alassane Ouattara, par ailleurs économiste : la mauvaise monnaie chasse la bonne. Je lui ai rappelé le travail qu’il a accompli pour le pays. Sans oublier de lui signifier que, si jamais un conflit éclate, l’on ne se souviendra que de cette crise. Je lui ai conseillé alors de se mettre au dessus de la mêlée, de transcender ses sentiments d’amour propre au profit de l’intérêt de la nation. Et nous nous sommes compris, il a respecté cela. C’est pour cela qu’il n’y a pas la guerre. On ne peut pas être houphouëtiste et ne pas accepter le dialogue. Je vais vous faire une révélation, la pomme de discorde est une question d’argent. Je n’en dirai pas plus.
Que reprochez-vous à l’opposition ?
L’union fait la force, c’est vrai. Mais si les membres de la plateforme sont par terre, il ne peut avoir de force. Il ne faut pas rêver. Des ennemis d’hier, qui se réunissent avec chacun son ambition, cela ne va pas marcher. Je suis de ceux qui pensent que les élections de 2020 vont se dérouler dans la paix.
À propos de la présidentielle d’octobre 2020. Elle sera sûrement marquée par une opposition de générations. Comment appréhendez-vous cela ?
Le président Ouattara a raison. Tout le monde peut être candidat mais il faut que ce soit dans le calme. On développe des arguments. Le président a parlé de bilan et de projet de société. C’est le peuple qui juge. Je regrette que Guillaume Soro soit parti du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la paix). Il est encore jeune donc il a tout le temps.
Selon certains analystes, une guerre de succession pointe le bout du nez au RHDP…
Le choix du candidat doit se faire par vote au bulletin secret, au sein du parti. Qui est le plus populaire ? Le vote le révélera. Si je me considère d’avance comme candidat au détriment des autres, cela crée des frustrations. Avec Houphouët, au temps du parti unique, on désignait les candidats en tenant compte de la popularité auprès des militants de base. Comme il voulait rajeunir les cadres, en 1980, il a instauré la candidature libre. Si on procède par démocratie interne, il n’y aura pas de grabuges.
Pour de nombreux observateurs, le président Ouattara a déjà choisi son candidat en la personne du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly…
C’est ce que dit la rumeur. Mais si l’on veut qu’il n’y ait pas de clash, l’idéal est ce que j’ai signifié plus haut soit réalisé. Que les gens soient libres de choisir celui qu’il veulent. On doit savoir qui est le plus populaire au sein du parti.
Y-a-til un conflit entre le Premier ministre Amadon Gon et votre fils Marcel Amon-Tanoh, par ailleurs ministre des Affaires étrangères, à propos d’une hypothétique candidature de ce dernier ? 
Il y a un journal qui en a fait son choux gras. Il parait qu’il a annoncé sa candidature à Poutine, le président de la Russie. Mais c’est lui qui a préparé le voyage du président Ouattara à Moscou. Quelle relation y a-t-il entre Marcel et Poutine pour qu’il lui confie sa candidature? Et que ce soit Poutine qui l’annonce au président Ouattara? C’est archi-faux !
Marcel peut être candidat, c’est son droit. Mais ce n’est pas à Poutine qu’il irait déclarer cela. Il était absent, les gens ont pensé qu’il boudait. Mais non, il était malade. Et je sais ce que pense Alassane Ouattara de Marcel. Actuellement, il se trouve aux Etats-Unis pour assister à la clôture de l’Assemblée générale de l’ONU. Mon fils fait bien de ne pas répondre.
Ferait-il un bon président de la République?
À priori oui. Et pourquoi pas ? Il est entré en politique suivant plusieurs cheminements. L’échec est formateur. Depuis les accords de Marcoussis, il est au gouvernement. C’est le fidèle compagnon du président. Mais le destin a des arcades insondables. Il peut vouloir être candidat ou postuler pour une sélection interne, tout dépend de la méthode. Il a acquis à mon sens, sous l’ombre tutélaire du président, beaucoup d’expériences.
Pour la présidentielle, le chef de l’Etat a évoqué une caution de 100 millions FCFA et souhaite un nombre réduit de candidatures. Vous y êtes favorable ? 
Au début, c’était 5 millions FCFA, et tout le monde était candidat. Des chauffeurs, des plantons qui ne connaissaient rien de la Côte d’Ivoire. Pour éviter cela, on a augmenté la caution à 20 millions FCFA. Cette mesure a eu le mérite de changer les choses. La dernière fois, il y a des gens qui ne savaient rien du pays mais qui ont reçu 100 millions FCFA. Ils ont occupé les antennes des médias publics.
Cependant, si la caution est trop élevée, elle sera perçue comme une ségrégation. Il faut un certain montant afin que n’importe qui ne vienne pas jouer les comédiens à la télé. Dans des pays plus pauvres que le nôtre, les cautions sont parfois quatre fois plus élevées qu’ici. Il faut donc raisonnablement l’augmenter. Quand tu as moins de 5%, tu n’es pas remboursé.
En tant que sage du PDCI, quel conseil pouvez-vous donner au président Bédié ?
Je crains que cela ne soit trop tard. Il y a eu des positions radicales. La dernière fois, quand nous sommes allés voir Bédié, il ne nous a pas reçus. Nous avions des propositions à lui faire. Nous sommes allés jusqu’à Daoukro, dans la nuit. Il nous a donné rendez-vous mais a refusé de nous rencontrer, en nous demandant d’aller au bureau politique. Je me suis permis d’aller, seul,  voir le président Ouattara pour le supplier d’être au dessus de la mêlée. On ne peut être Houphouëtiste et refuser le dialogue. S’il y a des dissensions, le dialogue peut les estomper.
Mais on parle de nonrespect de la parole donnée…...
Je vous rappelle l’appel de Daoukro. Il s’agit d’abord de la candidature unique. Ensuite du parti unifié et enfin du transfert de pouvoir. Le successeur devrait être choisi au sein du parti unifié. On a exigé, peut-être qu’on s’est mis le doigt dans l’œil, avant le parti unifié qu’il y ait l’alternance. Voilà la crise!
Un conseil à l’ensemble de la classe politique.
Tout le monde peut être candidat, mais il faut y aller avec des arguments plutôt que la guerre. C’est le peuple qui décide. Certains veulent le pouvoir, mais sur quelle base? Avec Houphouët, c’était cela les arguments. J’ai dit à Guikahué (secrétaire en exécutif en chef du Pdci, Ndlr), le parti est mort parce qu’il n’y a pas de communication entre le sommet et la base et des tournées. Il a reconnu cela. À l’époque d’Houphouët, ce n’était pas ainsi.
Franck Kouassi
Source : Tembo/Opera News



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