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Makani Diaby (Sénatrice) «Ma réflexion sur la diaspora ivorienne»

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Selon le rapport 2019 de la Fondation Mo Ibrahim publié ce mois d’avril intitulé « La jeunesse africaine: Migration faute d’emploi?» les africains (80% d’entre eux) quittent les siens pour d’autres cieux pour des raisons économiques et sociales.  De ce point de vue, l’on ne devrait plus croire que l’insécurité est la première cause des migrations parce qu’il ya seulement 20% des africains qui fuient, pourrait-on dire, leurs pays pour échapper à une violence quelquonque qui menace leur sécurité. Cette perspective de chiffres fait même dire à la Foundation qu’il n’ya pas «d’exode massif» sur le continent africain parce que les africains constitueraient, selon leur decompte, qu’ «environ 14% des migrations mondiales,» un chiffre qui ne devrait alarmer personne. C’est pour cela que notre ministre du Pétrole, de l’Energie et des Energies renouvelables, Abdourahmane Cissé, a coupé tout court en disant qu’« il n’y a pas de problème de migration à l’heure actuelle, de façon relative ».
Avec tout le respect que je dois à la Fondation Mo Ibrahim pour les services innombrables qu’elle nous rend, nous africains, je voudrais demander la permission d’offrir une autre réflexion et perspective: un voyage dans l’histoire pour découvrir les raisons profondes des migrations africaines et des constitutions de diasporas africaines à travers le monde. Je ne serai pas longue ici, étant donné que j’aurai l’occasion de me pencher sur cette question avec vos lecteurs pendant la durée de mon mandat de Sénatrice auprès de la diaspora ivoirienne que le Président Alassane Dramane Ouattara m’a fait le grand honneur de me confier.
Simplement définie, une diaspora est une population vivant hors de son domicile ancestral. Pour le moment donc, je voulais faire noter qu’il ya trois types de diaspora africaines: la diaspora involontaire, la diaspora coloniale, et la diaspora volontaire.
 
1. La diaspora involontaire est l’ensemble des populations africaines arrachées de forces à leurs terres ancestrales par l’esclavage et dont les descendants vivent aujourd’hui de manière involontaire dans les pays étrangers européens, américains, et au moyen orient. En d’autre termes, personne n’a jamais consulté ces africains et leurs descendants sur les conditions de leur deplacement pendant l’esclavage entre le 15e et le 19e siècle et de leur maintien dans ces pays étrangers jusqu’à nos jours.
 
2. La diaspora coloniale
La diaspora coloniale était une diaspora formée autour de l’école. En ce qui concerne les africains de l’afrique de l’ouest sous colonie française, les enfants des six colonies de l’AOF (Sénégal, Niger, Mauritanie, Guinée, Côte d’Ivoire, et le Benin actuel) partaient apprendre à être enseignants ou médecins à l’école William Ponty à Gorée au Sénégal. Cette situation a prévalu de 1903 jusqu’aux indépendences des années 60. C’est bien là que le père fondateur de notre chère Côte d’Ivoire indépendante, le Président Félix Houphouët-Boigny, fut ses premiers pas académiques et diasporiques. C’est là l’origine de la première diaspora ivoirienne.
 
3. Contours de la diaspora volontaire ivoirienne
La diaspora volontaire est la continuité de la diaspora coloniale. C’est l’ensemble des éduqués dans les écoles à travers toute l’afrique qui vivent dans les anciennes métropoles ou qui rêvent d’y vivre pour des raisons économiques comme l’a revelé la Fondation Mo Ibrahim, mais aussi pour des raisons historiques de prestige.  En d’autre termes, les africains quittent l’afrique parce qu’ils veulent du confort économique qu’offre l’Europe (cela a toujours été la première raison pour laquelle les africains envoyaient leurs enfants à l’école même si cela relevait plus d’un fantasme que d’un réalisme); mais, ce que beaucoup d’analystes oublient plus de 50 ans après nos indépendances, est que cette première raison est devenue une tradition et une affaire de prestige dans la tête des africains qui ignorent cette histoire. En effet, la volonté de migration vers l’occident est plus motivée par le prestige d’y être que par les bénéfices financiers réels que ces migrants en tireront. Cela dénote que l’une des raisons principales de cette migration vers l’occident est plus pour des raisons de prestiges que pour des raisons financières. Nous comptons organiser des colloques sur cette question de l’influence de l’héritage colonial sur les mentalités pour diagnostiquer les problèmes et proposer des solutions durables. Nous estimons donc que la migration africaine est un problème très grave pour le développement de nos pays. La plupart des ivoriens en occident vivent plus d’ un fantasme hérité de la colonisation que d’une saine appréciation de leurs meilleurs intérêts.
 
En définitive, c’est notre prise de conscience de l’héritage colonial qui va nous permettre de freiner les migrations suicidaires vers les anciennes métropoles. C’est à ce prix que nous sauverons la diaspora volontaire dont je suis temoin et dont je fais partie.
En plus des emplois qui seront créés, nous devons urgemment nous poser la question de savoir comment renverser la tendance où les Africains sont orientés vers l’extérieur et leur permettre de rester chez eux.
La politique, disait le penseur americain Harold Lasswell, est « qui gagne quoi, quand, et comment ». J’ajouterais donc qu’en politique, il ya deux strategies pour atteindre ce qu’on veut gagner: l’une est de recourir à des elections pendant lesquelles les administrés choisissent leurs représentants qui vont défendre leurs intérêts connus. L’autre est pour les élus de nommer des collaborateurs chargés de refléchir sur des questions jamais posées ou de trouver des solutions jamais envisagées. Ma nomination, par le Président de la République, S.E.M. Alassane Dramane Ouattara fait partie de cette deuxième catégorie. C’est bien la première fois dans l’histoire moderne de notre pays que la diaspora ivoirienne sera représentée au parlement. L’action du President Ouattara est d’autant plus unique que l’on demandera à une diaspora (volontaire ou involontaire) les raisons de son arrachement à la terre ancestrale mais surtout les raisons et les conditions de son maintien à l’étranger. Les implications de ces questions pour le dévelopment de notre pays sont incalculables parce que pour la première fois il sera possible de mettre à contribution la diaspora ivoirienne en mobilisant son expérience à l’étranger pour relever plus éfficacement les défis locaux et permettre aux ivoiriens de bien vivre, mais chez eux.  
 
MAKANI DIABY 
Sénatrice



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