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Politique

« Marche du million » au Soudan : Jusqu’où ira le bras de fer entre la rue et l’armée ?

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Au Soudan, après la chute du président Omar el Béchir, la rue maintient la pression sur la junte qui s’est emparée du pouvoir. C’est ainsi que des milliers de Soudanais continuent d’investir la rue, en réclamant la démission du Conseil militaire qui traîne les pieds pour remettre le pouvoir aux civils. Une foule de manifestants qui a connu un regain d’affluence et dont l’objectif était d’atteindre le « million » pour la marche d’hier, 25 avril. Venus de toutes les régions du pays, les manifestants ont répondu à l’appel de l’opposition pour adresser un message clair aux militaires : la transmission, sans délai, du pouvoir aux civils. C’est dire si l’on est bien parti pour un bras de fer entre la rue et l’armée qui rechigne à larguer les amarres, usant visiblement de subterfuges pour garder le contrôle du pouvoir.
L’histoire a montré que quand le pouvoir kaki se propose de balayer la maison, c’est rarement pour la rendre propre et se retirer ensuite
Autrement, comment comprendre tous ces atermoiements qui ne riment à rien d’autre qu’à une volonté à peine voilée de jouer la montre, si la Grande muette n’a pas une idée derrière la…baïonnette ? En tout cas, à force de retarder l’échéance de la transmission du pouvoir aux civils, l’armée soudanaise tend à prouver qu’elle a, quelque part, un agenda caché. C’est pourquoi il faut saluer la vigilance du peuple soudanais qui maintient la pression. D’autant qu’il ne peut pas trop compter sur l’Union africaine (UA) qui a visiblement mis de l’eau … dans son thé depuis le sommet du Caire, en  desserrant l’étau de son ultimatum de 15 jours à 3 mois, encore moins sur la plupart des pays du Golfe qui semblent porter leur soutien à la junte. De quoi frustrer le peuple meurtri du Soudan dans sa volonté de tourner la page du système Béchir et qui ne veut surtout pas voir sa révolution confisquée par la soldatesque qui est, à ses yeux, une survivance du régime déchu. Alors jusqu’où ira le bras de fer entre la rue et l’armée ? Bien malin qui saurait le dire. Plus malin encore qui saurait dire si le peuple aura gain de cause. Mais tout comme en Algérie, c’est un tournant de l’histoire du Soudan qui se joue au sortir d’une dictature de plusieurs décennies, à la différence qu’au pays de Bouteflika, l’armée essaie de mettre la forme en s’accrochant à la légalité constitutionnelle, alors que les tombeurs de Béchir semblent ignorer royalement l’existence de la loi fondamentale. C’est à se demander si le despote déchu n’a pas finalement plus de mérite que ces bidasses qui montrent autant de signes visibles de leur attachement viscéral au pouvoir, au lieu de rester dans leur rôle de gardiens des institutions de la République. D’où la nécessité de mettre en place des institutions fortes dans nos démocraties en pleine construction, pour ôter tout argument d’intrusion de l’armée dans l’arène politique. Car, bien souvent, c’est dans la faiblesse des institutions républicaines que l’armée trouve souvent le motif de s’inviter dans le débat politique, en tant qu’entité la mieux organisée, en cas de coup d’arrêt du processus démocratique. Malheureusement, l’histoire a montré plus d’une fois que quand le pouvoir kaki se propose de balayer la maison, c’est rarement pour la rendre propre et se retirer ensuite, mais plutôt pour s’y installer durablement.
La Grande muette doit apprendre à rester dans son rôle
C’est pourquoi l’on peut comprendre l’impatience des Soudanais à voir le pouvoir remis sans délai aux civils, pour ne pas laisser de marge de manœuvre à la Grande muette, qui pourrait compromettre le changement tant attendu. D’autant que les membres du Conseil militaire au pouvoir depuis la chute du dictateur, appartiennent à la classe dirigeante du régime Béchir.  En tout état de cause, la mobilisation de ce jeudi est un signal fort pour la junte militaire qui a compris qu’elle marche sur des œufs. Fini le temps où un coup d’Etat militaire était la voie ouverte au pouvoir pour les putschistes. Aujourd’hui, que des civils aux mains nues, puissent contester un régime militaire et réclamer à cor et à cri le pouvoir, est la preuve que les temps ont changé. C’est un pas en avant, dans la construction de la démocratie, qui ne saurait être remise en cause. Et il est impératif que tous les acteurs le comprennent et s’y soumettent, y compris la Grande muette qui doit apprendre à rester dans son rôle. Il y va de l’intérêt de tous, et surtout de la stabilité de nos Etats. Car, si nos « hommes forts » ont souvent assis leur pouvoir sur la faiblesse de nos institutions pour opprimer leur peuple, il semble venu le temps que ce même peuple affirme sa suprématie en tant que seul détenteur légitime du pouvoir. C’est visiblement la voie choisie par les Soudanais. Tout le mal que l’on puisse leur souhaiter, c’est de réussir le parachèvement de leur révolution.
« Le Pays »



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