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Politique

Putsch : « Tous ces morts pour ça ? » (Me Farama)

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Au Tribunal militaire, l’audience entrant dans le cadre du coup de force de septembre 2015 a débuté, le mercredi 3 avril 2019, avec les observations du Parquet militaire à propos des éléments vidéo diffusés le mardi 2 avril 2019. Ces débats ont occupé toute la journée donnant lieu à un véritable pugilat verbal entre avocats des parties civiles d’une part et de la défense d’autres parts et entre ces derniers le Parquet militaire. Dans la soirée, il a fallu la prise de parole de Me Prosper Farama, au nom de tous les avocats, pour tempérer les choses.
 
A la suite de la diffusion de la vidéo montrant le général Gilbert Diendéré en tenue d’officier dans son salon accompagné de Michel Ouédraogo, Salifou Sawadogo (inculpé), Fatoumata Diendéré (inculpée en fuite), épouse du général, le Parquet, en observation, fait savoir qu’il n’y a pas de doute que la personne qui a planifié le coup d’Etat est « celui que nous avons vu », c’est-à-dire, le général Gilbert Diendéré. « Il était président du CND (…...) Nulle part, il ne ressort que cette prise de pouvoir a été sur demande de la hiérarchie militaire (…....). C’est le général Diendéré qui était à la manoeuvre », tranche le Parquet.
 
Dans la journée du mardi 2 avril 2019, d’autres vidéos ont exposé « des exactions » commises par des ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Au vu de la « cruauté » des actions, le Parquet s’interroge : « On se demande comment on peut frapper quelqu’un jusqu’à ce point ? (…) Comment un civil qui n’a pas de force, qui n’a pas d’arme, on peut oser le traiter ainsi ? (…) Les armes de guerre, c’est contre les ennemis et même en guerre, il y a des conditions d’usage (…). Quand vous regardez ces images, c’est insoutenable ».  
 
« Est-ce que la violence était dans un seul camp ? »
 
Plusieurs accusés appelés pour opiner sur les pièces n’ont trouvé rien à redire. « Je n’ai pas d’observations », lancent entre autres le sergent-chef Ali Sanou ou le sergent-chef Roger Koussoubé. Au tour de Minata Guelwaré, celle-ci fait remarquer que nulle part dans les vidéos, son nom n’est ressorti. « Je ne suis pas la seule femme au Burkina Faso », ajoute-t-elle. Son commentaire fait réagir Me Guy Hervé Kam. « Dame Guelwaré dit qu’elle n’est pas la seule femme du Burkina Faso comme si toutes les femmes sont allées prendre du carburant à Naaba Koom II, comme si toutes les femmes étaient dans cette Mercedes pour Zorgho (…) », réplique l’avocat des Parties civiles.
 
Me Prosper Farama, également des Parties civiles s’est longuement interrogé. « Dans le maintien de l’ordre, comment peut-on arriver à brûler des motos ? », demande-t-il. Et par rapport à la vidéo dans laquelle le fils du général, filmant son paternel, disait ceci, « Mon papa, Président du Faso. Il faut que je filme ça », l’avocat poursuit ses interrogations : « tous ces morts, ces blessés, ces motos calcinées, pour ça ? (…) Qu’adviendra-t-il à un homme s’il n’est pas président un jour ? Qu’adviendra-t-il à un fils si son papa n’est pas président un jour ?  Qu’adviendra-t-il à une femme si son mari n’est pas président un jour ? (…) Il m’est revenu que le général est très croyant. J’ose espérer qu’au jour du jugement dernier, il aura le courage de répondre », coupe Me Farama.
 
Quant aux avocats de la défense, Me Mahamadi Sawadogo, s’exprimant au nom de son client, le soldat Soulama, a d’abord fait remarquer que les scènes de violences font « mal même aux avocats de la défense ». Mais dans les vidéos, il a souhaité que les exactions soient rattachées à un individu. « Qui sont les auteurs des brutalités ? », demande l’avocat. Me Régis Bonkoungou, également de la défense à, quant à lui, indexé les manifestants. Dans les vidéos, on voit des manifestants avec des barres de fer, des messages violents, dit-il avant de s’interroger : « Est-ce que la violence était dans un seul camp ? ».
 
« ….... c’est sous la culotte que le coup a été porté »
 
Pour Me Alexandre Sandwidi, conseil de l’accusé Koussoubé, ces vidéos n’apportent rien de nouveau par rapport aux déclarations contenues dans les Procès-verbaux. Jusqu’à présent, explique-t-il, les vidéos ne disent pas clairement que telle victime est du fait de tel accusé. En réponse à Me Farama qui parlait du jugement dernier, le conseil de l’accusé Koussoubé répond : « Monsieur le Président, jugeons les gens pour les œuvres qu’ils ont accomplies sur terre. Le procès a lieu ici. Qui vous dit que le jugement dernier sera un procès équitable ? ».
 
Le point qui va soulever le plus de débat, le pugilat verbal, est en lien avec la demande de Me Lassané Daboné, avocat de la défense. Celui-ci a déposé une exception en sollicitant le retrait de la vidéo de la visite des éléments de l’ex-RSP à Savane FM au motif qu’elle n’a pas été partagée avec les avocats de la défense. Mais selon Me Awa Sawadogo, avocate des Partie civiles, la pièce a été déposée pendant la phase d’instruction. « Cette question est désuète. On est habitué aux ralentisseurs. Tous les Burkinabè connaissent les ralentisseurs en circulation. Dans ce procès, il y a aussi des ralentisseurs », dit-elle. Elle juge la requête mal fondée, de même que le Parquet.
 
Une suspension est faite par le Président du Tribunal. A la reprise, Me Kam soutient Me Awa Sawadogo. « Personne en robe noire n’ignore qu’on ne communique pas les pièces en phase d’instruction », développe-t-il. Mais Me Daboné tient et réaffirme qu’aucun des avocats de la défense n’a cette pièce dans son dossier. Après cette intervention, le Parquet a indiqué que ce débat avait été épuisé et a indexé l’absentéisme de certains avocats qui « vont et viennent quand ils veulent » et dit comprendre l’attitude de certains de la défense qui agissent pour justifier leurs émoluments. Des récriminations que Me Daboné semble n’avoir pas pu avaler.
 
Me Olivier Yelkouni s’est d’abord « incliné devant la douleur des victimes » avant ses observations. A l’en croire, la vidéo exposant le général Diendéré dans son salon relève de la vie privée de Golf. Et il précise n’avoir pas retrouvé ladite vidéo dans le dossier qu’il a acheté à plus de 200.000 F CFA. « Le Parquet a dit qu’il ne donnerait pas de coup en dessus de la ceinture, mais c’est sous la culotte que le coup a été porté », commente Me Yelkouni en référence à la vidéo dite « vie privée » du général Diendéré. « Nous n’avons pas voulu violer la vie privée ni taper sous la culotte (…) On peut regarder un objet et l’interpréter différemment », rétorque le Parquet tout en louant la présence quasi quotidienne de l’avocat du général Diendéré aux audiences.
 
« Ces propos portaient atteintes à l’image de la profession »
 
Après la pause déjeuner, Me Prosper Farama, mandaté par l’ensemble des avocats présents à l’audience a relevé les propos du Parquet militaire qui pouvaient être l’objet d’un incident. Il s’agit du point sur les émoluments des avocats et de leur absentéisme. « Ces propos portaient atteinte à l’image de la profession », a commenté Me Farama, tout en présentant les excuses des avocats si ceux-ci ont eu des mots durs à l’endroit du Parquet. Le Parquet accepte les excuses et « prend acte » des récriminations des avocats. 
 
Après ces mots, un élément vidéo de plus d’une heure de temps a été diffusé sur les trois écrans installés dans la salle des Banquets de Ouaga 2000. Cet élément montrait les exactions d’éléments de l’ex RSP dans les rues de Ouagadougou et devant l’Hôtel Laïco. Des journalistes aussi y ont fait des témoignages sur les abus des putschistes. Les commentaires sur cette vidéo se feront le vendredi 5 avril 2019.



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