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Fanico

Bromances et Boribana !

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1. Lorsque les temps consacraient la lune de miel entre les Présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, j’ai alors constaté et définit, à mon sens, leur bromance dans un éditorial. Que de souvenirs rendus à la caducité ! De la bromance entre les deux grands chefs de l’Houphouëtisme d’opposition et de pouvoir, il n’y a désormais de vrai que ce que ce dicton chinois  consacre : la femme fidèle rumine ses regrets et la femme infidèle ressasse ses remords. Pourquoi ? Parce que la bromance est une émotion, un énamourement gai et une connexion emphatique à l’autre comme source énergétique et attachement affectif. Mais surtout, précisément puisque la bromance, en raison même de son sens initial, est  brother et romance in English, elle se source dans la fraternité romantique. La Bromance est alors Une amitié, valeur la plus élevée selon les Anciens, entre deux hommes, comparable à une relation d’affection réciproque sans l’extase sexuelle. Le Premier ministre Julien Trudeau du Canada, recevant le Président Barack Obama au Parlement lors de sa visite d’adieu a utilisé ce mot pour qualifier le lien formidable, emphatique qui liait ces deux hommes d’Etat. Lorsque le Président Bédié et le Président Ouattara inauguraient et baptisaient ensemble le Pont HKB d’Abidjan, la même effusion emphatique et subséquemment politique (Bédié disait que cet acte valait un 2e mandat pour son jeune frère de président de la république). Ce pont est témoin des eaux écoulées. O ! Temps suspend ton vol, pourrait s’écrier le poète et homme politique français, Alphonse de Lamartine, celui-là même qui proclama la Deuxième République en 1848. Comme la romance sied à la politique et le politique qui affectionne le divorce !  
Aujourd’hui, ces deux grandes figures de l’Houphouëtisme bifide ne se parlent qu’au moyen de leurs porteurs de conjectures, des animateurs de sorties désobligeantes, alambiquées et mortifères. Le dialogue, ce sacerdoce politico-social, de leur père, le Président Houphouët-Boigny, est embourbé dans les procès en illégitimité filiale, ingratitude, insolite et en sorcellerie ex nihilo. La concorde familiale attendra puisque la famille doit se recomposer. Se rassembler et dialoguer ou plutôt, mettre à genou son frère, l’humilier et s’enorgueillir ! L’orgueil est le pire pathos social.
2. Une autre bromance vient de rendre l’âme. Celle entre le Président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Affi N’Guessan. La préséance du titre politique, sa reconnaissance et son attestation publique, les récriminations diverses, la temporalité captatrice du fétiche familial, le FPI, ses sceaux, sa signature, bref, la fraternité politico-romantique ancienne rompue sous les coups de boudoir de  la nouvelle lutte pour le graal perdu, les remords, les regrets et cette improbable anticipation d’avenir en commun. Le point de non-retour est consacré entre les deux hommes politiques au moyen de communiqués assez retors avec une rhétorique de convenance asymétrique. Deux solitudes se croisent. Elles ne se rencontrent pas ! Pourtant, la politique de concorde nationale et de responsabilité dans l’advenue de la souffrance nationale et subsidiairement, de celle personnelle et des égos non repentis, étaient les lieux propres pour la décence républicaine, la gratitude sincère au nom du Peuple qu’on souhaite de nouveau gouverner. Là encore, la revanche, le raisonneur violent de chaque côté tient, hélas, le thermomètre de la rupture des pathos et névroses perpétuelles.
3. Le 8 mars 2019, le Président Guillaume Soro Kigbafori rendait le tabouret, conquis démocratiquement avec un score de 94, 5% en lors des législatives de 2016. Un score au-delà des cercles politiciens RDR, PDCI, RHDP initial pour embrasser les indépendants. Un consensus transversal qui traduisait la bromance entre les ex Forces nouvelles de Guillaume Soro et le RDR du Président Alassane Ouattara, président de la République. La question du pouvoir d’Etat n’est pas celle de la philanthropie personnelle, c’est connu. Aussi cette bromance, pour ainsi dire, objective et utile qui a survécu aux moments de braises (la rébellion revendicatoire des droits de la nationalité), pour se saisir du pouvoir d’Etat démocratiquement et militairement, rebroussa chemin pour ravaler, sa propre parole, sa solution séduisante parce que républicaine au profit de la phagocytose de l’autonomie de jugement des frères en romance et des sympathisants. La bromance Ouattara-Soro est-elle vampirisée en paix trompeuse ?
Ma conviction est que la paix trompeuse est une nuisance pour la concorde fraternelle parce qu’elle consacre l’évanouissement des chances de rebond de la figure charismatique, figure de rassemblement dans le fief du nord ivoirien. La division consacre et accroit les désavantages corrosifs pour les persécutés et autres apatrides d’hier. Citons entre autres, les intrigues, les intimidations, les limogeages de cadres soroïstes et apparentés, le fractionnement des forces et, programmatique oblige, les échecs encourus sur le tissage solidaire des liens de fraternité dans le nord ivoirien. Le dernier mot appartient au peuple.  
La philosophie rappelle aux agents de cette rupture de bromance, la théorie des peines et fautes. La rébellion revendicatoire des droits a osé la liberté, socle du développement de soi, de ses droits, de ses capabilités comme note le Prix Nobel Amartya  Sen. Accomplir ces devoirs pour aller à l’émancipation contraposée au régime discriminatoire subi sous les administrations pratiquant l’Ivoirité, ouverte ou sournoise. Seule cette liberté cultive la sécurité pour chacun dans ses choix personnels et partant, bénéfique pour l’ensemble de la société. Voilà la promesse que cette troisième bromance ivoirienne, celle de luttes, de revendication, de sueur, de larmes et de sang, sédimentée, devrait tenir, vaille que vaille, pour la renaissance de la République, de l’Etat de droit. Peine perdue ? Faute commise ? Ici, il faut accueillir l’ironie de l’histoire émancipatoire avec humour pour pouvoir avancer, sans rengaine, ni rancune. Cette bromance spéciale est morte pour laisser prospérer ce que Voltaire appelle le droit des tigres, celui de se déchirer et de se manger, assurément. Cette bromance entre les gens du nord ivoirien aurait confondu le régime de vérité et celui de fabulation pour ne porter préjudice qu’à elle-même. La réconciliation et la concorde civile attendront que les hommes bons, que Cicéron compare aux vins, avec le temps, s’améliorent tandis que les mauvais, s’aigrissent. Le temps est donc cette maturation. Patience !
4. Quelle conclusion faut-il tirer de ces fractionnements démentiels, des mises en  scène grotesques des courtisans feuillus, des soupirants des algarades par procuration ? Il est certain qu’il est mal avisé pour l’Humain de vouloir essuyer ses fesses sur le petit hérisson. Et à défaut de partage fraternel, il faut souscrire à la conversation vive entre citoyens libres pour espérer obtenir leur consentement. A cette joute interlocutoire, il n’y a pas d’alternative pour une société post-crise en reconstruction solidaire et fraternelle. La société politique ivoirienne et africaine est condamnée à la pratique de la tolérance ancestrale et à l’observance des règles de convivialité sociale. A défaut, elle doit se résoudre à cultiver l’art de débattre démocratiquement pour argumenter et arbitrer les options politiques et divergences (praxis et tolérance). Les ruptures des bromances ivoiriennes ont pour noms : présidents Bédié, Gbagbo et Ouattara. Il faut se garder de se faire agents recycleurs de leurs relations conflictuelles, rivalités sourdes ou ouvertes, rancunes non abouties et donc assez tenaces pour constituer un obstacle à la fraternité et à la réconciliation des citoyens. Renouveler le cycle de vie, c’est tourner leur page politique!    
Ouvrir une nouvelle page ivoirienne avec la nouvelle génération. Le Comité Politique et son président, Guillaume Soro partagent ce fonds commun de principes tangibles. Aussi le retour à la base, à la sagesse procédurale venue d’en bas pour le repentir, le pardon et la réconciliation, l’état de la nation, les politiques publiques idoines au profit de l’Etat de droit, toutes ces réflexions sont rendues nécessaires. Puisque l’entassement de ces ruptures entre frères et sœurs ne présagent rien de bon pour la Côte d’Ivoire électorale de 2020. Bien sûr que nous disons avec le Saint-Père Jean Paul II, haranguant le peuple de Pologne sous la dictature marxiste : « N’ayez pas peur ! ». N’ayons pas peur de 2020, armé du courage de Mandela (le courage n’est pas l’absence de la peur, c’est sa domestication). Le même Pape Jean Paul II donne la condition capitale pour n’avoir pas peur. Il faut accueillir ‘’la vérité, c’est la force de la paix’’. La vérité est que le peuple gronde parce qu’il souffre. Il est libre désormais d’aller et venir (acquis des revendications des droits et liberté) mais il n’a pas les ressources et revenus du travail qui vont avec cette condition. Et que les élites veulent faire son bonheur avec une embellie narrative, des promesses accrocheuses sur le bonheur sans l’écouter donc sans la vertu et l’exemplarité venue d’en haut. Parce que le fractionnement de forces vives d’un pays est l’amorce d’un cycle maléfique. Parce que surtout la vraie prospérité passe par la paix et la concorde et que la solidarité avec les plus vulnérables est la prescription de la vérité comme évidence politique pérenne. Le prestige et le rayonnement du Président Houphouët-Boigny proviennent de ces recettes politiques. Il est acquis que seul Guillaume Soro Kigbafori est en phase avec cette touche humaine immergée dans les terroirs, les solidarités, les alliances et dynamiques fraternelles ivoiriennes avec son leadership responsable et accessible ! La réalité de la force et l’apparence de la faiblesse dont parlait Victor Hugo à propos des femmes! BoriBana 2020!              



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