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Libre opinion : La fin de l’école

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Fabrice est un élève brillant. Il est la première personne de sa famille paternelle à avoir obtenu le Brevet d’Etude du Premier Cycle (BEPC). Tandis que la génération de ses grands-parents était déjà trop avancée en âge lorsque la première école ouvrait dans sa région, celle de ses oncles et tantes n’a pu franchir le cap de l’enseignement primaire car pour son grand-père paternel, l’école était la continuité de la domination de l’homme blanc. Bien plus tard, ses parents ont compris que l’école apportait une certaine plus-value que les terres de plus en plus arides de leur région ne pouvaient offrir. Le père de Fabrice s’est alors résolument engagé à soutenir la scolarisation de ses deux garçons et de ses trois filles. Toutefois, la seule exploitation agricole familiale héritée de son père ne peut lui permettre d’offrir des conditions d’études décentes à ses enfants. Chaque année, Fabrice et ses deux petites sœurs quittent le village à la rentrée des classes pour le collège public situé à 30 kilomètres de leur village avec des provisions à peine suffisantes pour deux semaines en ville. Malgré les conditions d’études difficiles, Fabrice a de grands rêves. Fabrice veut sortir ses parents de la pauvreté.
L’histoire décrite ci-dessus est un fait imaginaire. Toutefois, de nombreux lecteurs se rappelleront certainement des histoires pas très éloignées de celle-ci, si ce n’est la leur. Angus Deaton, le Prix Nobel d’économie de 2015 a suffisamment souligné le rôle important de l’éducation formelle et de la recherche scientifique dans la lutte contre les fléaux qui minent les sociétés humaines. L’histoire personnelle de sa famille est racontée dans son œuvre culte,  La grande évasion: Santé, richesse et origine des inégalités. Et cette histoire n’est pas très loin de celle de Fabrice. 
L’école est cette institution qui permet de lutter efficacement contre la pauvreté. De nombreuses études le démontrent ; plus le niveau d’étude d’une personne est élevé, plus ses chances d’échapper à la pauvreté sont grandes. La relation n’est certes pas systématique, et l’on pourrait citer des personnes prospères qui n’ont guère commercé avec l’école. Cependant, à l’échelle d’une nation il existe une nette corrélation entre le niveau d’éducation et la pauvreté. Mieux, l’école constitue l’un des plus puissants leviers d’actions contre ce que la banque mondiale nomme dans son rapport de Janvier 2019 sur la Côte d’Ivoire, « le piège de la pauvreté », par lequel, les ménages les plus pauvres éprouvent des difficultés à investir dans l’éducation de leurs enfants et ont ainsi du mal à sortir de la pauvreté. Il n’est point besoin d’un érudit en sciences des fusées pour le comprendre, la nation qui veut sortir du piège de la pauvreté a tout intérêt à inscrire l’école au nombre de ses priorités.
D’ailleurs les exemples sont nombreux. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, des générations entières d’européens en général et d’américains dans une certaine proportion avaient perdu tout espoir. Les dirigeants des nations alliées voyant le désastre social et humain qui se profilait à l’horizon, ont entrepris de vastes programmes d’éducations de masse y compris dans les parties de l’Allemagne sous leur domination. Ainsi, aux Etats-Unis, plus de 7,8 millions de combattants démobilisés ont reçu des opportunités d’éducation et de formation après la guerre à travers le programme G.I Bill. En Allemagne, les Etats-Unis ont dépensé plus de 48 millions de dollars entre 1945 et 1952 pour offrir des opportunités d’études dans les zones sous leur contrôle.
Dans le pays de Fabrice, l’école est finie. Finie ! Et pourtant l’histoire de ce même pays enseigne le destin funeste d’un certain Fama, prince des savanes, qui surprit par un changement auquel il était très peu préparé, s’est vue converti en mendiant. Un prince mendiant ! L’illustre héritier des Doumbouya dont la généalogie est connue de tous les griots du pays, mendiant, car au moment où ses pairs en Europe et aux Etats-Unis suivaient assidument des cours, lui était pourchassé comme « du grand n’importe quoi ». L’école, au pays de Fabrice est finie, et avec elle son rêve, comme Fama autrefois. Abanan !
AKO E. Emile
Jeune Leader
 
 



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