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Va-t-il pleuvoir sur Bamako ?

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C’est, en principe aujourd’hui, 16 août 2018, que les urnes livreront leur secret sur les bords du Djoliba. Sans surprise, c’est Ibrahim Boubacar Keïta (IBK),  le président sortant, qui partait avec les faveurs des pronostics, qui l’emportera. En effet, mathématiquement, la longueur d’avance qu’il avait sur son challenger, Soumaïla Cissé, était difficile à rattraper  dans une compétition qui n’emballait pas grand monde.  Par ailleurs, l’opposition a peiné à présenter contre lui un front uni. Nombre de partis, même s’ils ne représentaient pas grand-chose en termes de voix, ont refusé de donner des consignes de vote à leurs militants en faveur du candidat de l’opposition. En outre, IBK disposait d’un avantage comparatif des plus importants : celui d’avoir un bilan à défendre face à un Soumaïla Cissé qui n’avait que les mains pleines de promesses. Or, on le sait, en Afrique, la parole d’un homme politique ne vaut que ce qu’elle vaut. Enfin, il ne faut pas négliger le poids du vote ethnique qui a été franchement en défaveur du candidat de l’opposition ; lui qui est issu d’une minorité ethnique. Les chances d’inverser les chiffres du premier tour de l’élection, étaient donc très minces.
Le candidat malheureux appelle ses militants à prendre d’assaut la rue
Si le président IBK et ses partisans peuvent  légitimement se tresser des lauriers, il faut craindre que l’ivresse de leur victoire ne se termine par une gueule de bois. Car, l’annonce de son triomphe électoral intervient dans un contexte très délétère marqué par le rejet à l’avance des résultats de l’élection  par son challenger qui dénonce des fraudes massives. Et comme pour ne rien arranger, son représentant à la Commission nationale de centralisation des résultats, Abdouramane Diarra, a claqué la porte pour, dit-il, « dénoncer les bourrages d’urnes ». Prenant prétexte de cette fraude supposée ou avérée, le candidat malheureux appelle ses militants et sympathisants à prendre d’assaut la rue pour contester les résultats. Et c’est dans ce climat déjà lourd que l’on annonce des arrestations dans les rangs de l’opposition ;  toute chose qui ne peut avoir pour effet que de jeter de l’huile sur le feu. La question que l’on peut donc légitimement se poser, est la suivante : « de quoi sera fait demain ? »
En tout cas, il ne fait l’ombre d’aucun doute  que cette crise électorale qui se profile à l’horizon, sera lourde de conséquences. En effet, le pays  ploie déjà sous le poids d’une guerre sécessionniste au Nord sur fond d’attaques de groupes terroristes, d’actes de délinquance de narcotrafiquants et autres contrebandiers sans oublier les affrontements intercommunautaires. Si grâce à la sollicitude de la communauté internationale, l’Etat malien a pu remonter la pente, l’on peut, sans risque de se tromper, dire que cette nouvelle donne vient décupler les craintes de  l’apocalypse qui, véritablement, ne s’est jamais éloignée des frontières du pays. A qui faut-il jeter la pierre, pourrait-on se demander ?
Sans prendre parti pour l’un ou l’autre, s’il y a un coupable, c’est celui qui a joué au mauvais perdant. En tout cas, l’on peut dénoncer la mauvaise posture qu’a eue  Soumaïla Cissé de rejeter, par avance, les résultats du scrutin et de préparer ses militants et sympathisants pour l’épreuve de la force. Car la loi malienne a prévu des mécanismes de contestation des résultats des élections, pour éviter la pagaille.
Soumaïla Cissé devrait mettre de l’eau dans son thé
En décidant donc de les snober, non seulement Soumaïla Cissé se met en rupture de ban avec la légalité constitutionnelle, mais  il donne aussi l’impression d’être prêt à brûler le Mali et à marcher sur ses cendres fumantes pour accéder au pouvoir. Or, tout indique que cette rhétorique guerrière dans laquelle il s’engage et engage le pays, ne fera que le desservir. En effet,  il vendange ainsi son capital de sympathie auprès de l’opinion nationale et internationale et compromet dangereusement ses chances qui sont, pourtant, bien réelles pour la prochaine   présidentielle qui se fera, au terme des dispositions constitutionnelles, sans IBK. Soumaïla Cissé devrait donc mettre de l’eau dans son thé et  savoir raison garder! Car « tout près n’est pas loin », aiment à dire les Ivoiriens.
Cela dit, il appartient au pouvoir d’éviter de tomber dans le  piège où semble vouloir l’attirer le candidat malheureux. Pour cela, il doit ainsi  lâcher du lest en procédant à la libération de tous les prévenus aux fins d’une perspective de décrispation de l’atmosphère. Mais le plus important rôle dans la prévention des lendemains incertains qui s’annoncent au Mali, revient à la Délégation générale des élections (DGE) qui doit prendre ses responsabilités et ôter tout argument à l’opposition. Le peuple malien lui-même doit savoir tirer leçon de toutes ces années de souffrance et résister aux sirènes de la division, de la haine et de la violence qui ne sont bien souvent que de malheureux paravents derrière lesquels s’abritent des hommes politiques en panne d’arguments. Enfin, la communauté internationale qui a été présente à ces élections en qualité d’observateur et dans la sécurisation du scrutin, ne doit pas rester aphone, au risque de revenir plus tard jouer au sapeur-pompier. C’est maintenant qu’il faut agir en mettant la pression sur les acteurs afin de les dissuader d’engager le Mali sur de nouveaux sentiers incertains.
« Le Pays »
 



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