Le secteur de la location de véhicules d’occasion a pris de l’ampleur à Abidjan. Ce boom est possiblement le signe de la prospérité d’une activité, où excellent malheureusement des arnaqueurs.
Des voitures de tous types à louer, on en voit partout désormais dans la ville d’Abidjan. Sur des parkings de fortune, le terre-plein, des sites expressément aménagés pour le besoin… sont exhibés ces engins de qualités diverses. Il suffit de faire un tour dans chaque quartier d’Abidjan pour s’en convaincre. Sur presque toutes les rues, l’on découvre une agence de location. L’activité semble connaître un essor vu qu’elle est aujourd’hui le secteur d’investissement de bon nombre de personnes. Cette activité malgré quelques difficultés, semble-t-il, est rentable.
Même s’il note parfois, des cas d’accidents, de vols de véhicules, Dramane Diarrassouba, gérant de Kemessacy Services aux Deux-Plateaux, reste persuadé que cet investissement est à encourager. Les tarifs varient selon les prestations et le type de véhicule. Ainsi, les petites voitures de 5 places se louent entre 30.000F et 25 000 F de façon journalière à Abidjan. Selon lui, quand il s’agit d’une location hors du district d’Abidjan (Korhogo, Man, Bouaké, par exemple), le prix est fixé à 50 000 F. Les 4x4 sont disponibles à 50 000F et 70.000F pour toute destination. A en croire, M. Diarrassouba, les réductions dépendent de la durée du contrat. «Nos plus gros clients sont les sociétés, les grandes entreprises. Le contrat peut souvent s’entendre sur deux mois », informe-t-il. Il précise que quand il s’agit d’un contrat de longue durée, son agence mène des enquêtes sur la crédibilité du client. «A la suite de tout cela, il y a le contrat de location à travers lequel l’acquéreur s’engage à se conformer à nos principes», rappelle-t-il.
Ce contrat tourne autour de 10 articles ; à savoir, la destination indiquée, les cas de dommage, d’accidents, de panne… Même s’il déplore des situations de non paiement de prestation, il confie toutefois que des opérateurs économiques qui les ont précédés dans ce secteur ont prospéré. «Nous payons les impôts, les taxes municipales et on peut réaliser un chiffre d’affaires d’au moins 500 000F par mois, selon la période », révèle-t-il. Les commandes abondent à l’approche des fêtes, pour des mariages, ou des séminaires, réunions et autres sommets internationaux. Outre les cas de refus de paiement de factures, il fustige une concurrence déloyale. «Le secteur est saturé. Les gens s’installent de façon anarchique et baissent les prix. Ils n’ont pas de locaux. Ils occupent les trottoirs, d’autres le domaine public, sans payer les impôts et autres taxes », dénonce-t-il. Pour le du à l’Etat, notamment l’impôt synthétique pour certains, s’élève à 23.000 Fcfa et le droit de stationnement à 15.000 Fcfa; ce dernier montant est payé à la mairie.
Que de déboires…...
Amara Diomandé, lui, est le responsable de l’agence Phoenix Location. Il est installé à Yopougon Sideci. Il dit avoir nourri le rêve depuis sa tendre enfance. «J’exerce cette activité depuis trois ans. Le secteur rapporte mais nous sommes exposés à trop de dangers, notamment les vols de véhicules », déplore-t-il. Il confie que leurs chauffeurs parce qu’ils ont des chauffeurs maison sont parfois victimes de la mauvaise foi des clients. « La location du véhicule avec un conducteur nous évite certains désagréments. Cependant des clients réussissent à trouver des moyens pour s’enfuir avec les véhicules. Ce sont les aléas de l’activité… », souligne-t-il. Il révèle que ces indélicats endorment leur guide à l’insu de ces derniers lors d’un repas en mettant du somnifère dans la nourriture ou dans la boisson. Il confie par ailleurs qu’un chauffeur de véhicule de location est actuellement incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Parti pour une tournée de dix jours à Man à la demande d’un client il a fini par faire confiance à celui-ci. Après six jours d’une compagnie, le client lui a proposé de connaître son domicile, en lui laissant entendre qu’il comptait acheter des véhicules pour faire de la location avec lui. «Sur les lieux, le chauffeur, un musulman, demande à prendre ses ablutions. Le client lui indique un endroit où il le fait dans la maison. Pendant qu’il faisait sa prière, l’hôte l’enferme et s’enfuit avec la voiture. Après plusieurs heures, l’infortuné parvient à défoncer la porte. Il apprendra par la suite que le client en question avait loué l’appartement pour six mois», relate-t-il. Cette mésaventure s’est soldée par une peine une peine de prison.
En effet, son employeur estime qu’il a été naïf. «Les véhicules volés sont le plus souvent commercialisés avec de faux papiers », renchérit pour sa part, Aboubacar Coulibaly. Il est le gérant de ABC Location. Une autre société sise à Cocody-Angré 7ème Tranche. Il déclare avoir été victime. « Mon client a disparu avec l’une de mes voitures. Après des recherches, elle a été retrouvée chez le receleur. Ce dernier l’a achetée. Le vendeur, a-t-il dit, lui a présenté des papiers mais des faux. Lui ignorait qu’elle avait été volée», explique-t-il. Tous ceux qui sont intéressés par ce secteur, sont donc avertis : ce milieu est jalonné de déboires. Pis, d’après l’aveu d’un opérateur économique, il n’est pas vraiment organisé vu que ses acteurs ne travaillent pas en synergie dans un syndicat encore moins une association.
Fatou Sylla
