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Carnet de route / Axe Bouandougou-Korhogo : Bienvenue sur la route de la mort !

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L’on a coutume de dire ou de croire que la route précède le développement. Mais qu’à cela ne tienne, qu’est-ce qui pourrait précéder la route? Serait-les moyens ou la volonté politique des décideurs ou gouvernants ? Une chose est certaine, c’est que des moyens peuvent procéder toute action de développement. Mais encore faut-il que la volontépolitique y soit pour la réalisation de tout projet en faveur du développement, donc de la construction d’infrastructures routières. Malheureusement, l’une des plaies qui gangrènent le développement reste l’inexistence sinon la dégradation accrue du réseau routier à l’intérieur du pays. Une mission dans le pays profond nous a permis de toucher du doigt les réalités liées à la quasi-inexistence d’infrastructures routières.
Vendredi 06 juillet 2018, il est pratiquement 13H22 lorsque nous quittâmes Bouaké pour la sous-préfecture de Kanoroba, située à environ 80 Km de Korhogo, chef-lieu de région du Poro. Parti de la capitale de région de Gbêkê, notre périple nous a fait traverser les localités de Botro, Marabadiassa, Tiéningoué jusqu’à Bouadougou. Il nous a été donné d’apprécier un paysage super magnifique, avec des prairies et de vastes étendues de verdures dans cette partie du pays. Ce tronçon bitumé connais des endroits parfois entaillés avec des nids de poules. Notre calvaire a débuté lorsque nous avons entaméle tronçon Bouandougou-Kpêsso-Marandala-Sononzo-Dianra vilage-Dianra ville-Kanoroba. 
La dégradation des voies
C’est un tronçon totalement en terre battue. En cette saison des pluies avec une pluviométrie assez dense sur l’ensemble du Nord et du Nord-Ouest, les voies sont quasiment impraticables. Des flaques d’eau çà et là sur la route distantes les unes des autres de moins 10 m obstruent la circulation, rétrécissant par endroit la voie. Sur ce tronçon, il est quasi impossible pour deux véhicules poids lourds de se dépasser même dans la circulation en sens opposé du fait de l’étroitesse de la voie. Certains camionneurs sont obligés de marquer un arrêt pour laisser les autres passer avant de poursuivre la route. De petits ponts érigés sur des cours d’eau, baignant certains villages ont même été emportés par la crue du fait de la densité des pluies qui s’y abattent. Pour certaines localités distantes les unes des autres d’au moins 30 Km, l’on peut facilement effectuer une à deux heures de temps. Une fois la nuit tombée, le conducteur se voit dans l’obligation de réduire de plus de moitié son allure pour éviter l’imparable sur les routes. Car il n’est pas rare d’observer des accidents, pas entre engins pratiquant la route, mais du fait des crevasses qui sont légions sur le tronçon, traduisant ainsi la dangerosité de ladite route. Malgré la splendeur du paysage avec sa flore et sa faune bercée par la présence d’animaux sauvages notamment des singes, des écureuils et des oiseaux, l’on ne peut que rester en prière pour arriver sain et sauf à destination. 
Des usagers en témoignent
Le témoignage d’un camionneur est plus qu’une interpellation. ‘‘On conduit sur cette route malgré nous. On a la vie de nombreuses populations car elles constituent nos passagers. Elles ne peuvent cesser de voyager car elles vaquent à leurs occupations quotidiennes. Nous également, on ne peut cesser de conduire sur ce tronçon car c’est notre gagne-pain. Et sans nous, comment ces populations vont-elles se déplacer ? Il faut quelqu’un pour assurer leur transport. Malheureusement, la voie est foncièrement dégradée, surtout que nous sommes en saison des pluies et que cette année, les pluies sont fréquentes et fortes. Les points d’eau sont remplis et les ponts qui avaient été faits, tous ne résistent pas à la force de l’eau et au poids des gros camions, surtout ceux qui transportent les balles et graines de coton’’, a déploré Solo, chauffeur de minicar communément appelé ‘‘Massa’’.
Dans ce bassin cotonnier, la ville de Dianra abrite une usine de coton et la majeure partie de la production de coton est déportée vers cette usine. Ainsi, il existe un déferlement de camions de coton destiné à son égrainage. Autant de véhicules de poids auxquels s’ajoutent ceux des transports de personnes qui sillonnent ces différentes localités, affaissant de plus en plus les routes. Le calvaire pour ces camionneurs suit son cours avec son lot de dégâts.
Avec la dégradation de la route, notre périple s’est interrompu dans la nuit dans vendredi aux environs de 22H à Dianra ville. Mais très tôt le matin de samedi, nous avons repris du poil de la bête sous de fines pluies en direction de la sous-préfecture de Kanoroba située à environ 25 Km de Dianra ville où nous devions prendre part à une cérémonie de remise d’ambulance au centre de santé urbain de ladite sous-préfecture. Pour rallier la ville de Dianra à la localité de Kanoroba, il nous a fallu mettre 2H de temps. Une fois sur les lieux, il a fallu de peu pour la cérémonie soit ajournée. La raison est toute simple, le pont reliant Sirasso à Kanoroba situé à l’entrée de la sous-préfecture de Kanoroba a croulé sous le poids de l’eau des suites d’une forte pluie qui s’est abattue la veille sur l’ensemble des sous-préfectures du département de Korhogo.  Les autorités venues de Korhogo ont dû abandonner leurs véhicules au bord de la rive, c’est un pick-up de la gendarmerie nationale de la ville qui a permis de les convoyer après une traversée périlleuse. L’ambulance de type 4X4 a également effectuée la traversée. Finalement la cérémonie a pu se tenir aux environs de 11H15. 
Lappel des populations
Dans son adresse, le président de la mutuelle de développement économique et social de Kanoroba Dagnogo Dotinninmin est revenu la nécessité de jeter un regard plus que pressant sur l’état des routes qui ne cessent de causer d’énormes dégâts matériels et humains. A la limite, la sous-préfecture de Kanoroba se trouve aujourd’hui en situation d’enclavement progressif. Et rien n’est fait, d’ici à peu, il ne sera plus possible d’y accéder. Espérant qu’avec la venue annoncée de la génitrice du premier ministre Amadou Gon Coulibaly le samedi prochain, quelque chose sera fait pour pallier le problème. 
Une fois terminée, les autorités venues de Korhogo ont dû reparti pour éviter d’être prises aux pièges de la pluie vu que le ciel s’assombrissait. Nous aussi, nous quittâmes la sous-préfecture pour nous rendre à Korhogo afin de rallier la capitale de la paix Bouaké. Faute de véhicules, nous effectuâmes la remontée à motocyclette. La traversée de la rive a été possible avec l’aide des jeunes du village. Pendant qu’ils soulevaient notre motocyclette pour passer à l’autre rive, nous traversions l’eau sur des pierres déposées dans l’eau, des camions et cars s’étant immobilisés dans la rivière obstruant ainsi le passage. Plus loin, à l’entrée du village de Taléré, un camion transportant des graines de coton s’est écroulé dans la rivière y déversant tout son contenu. Là encore, nous traversâmes à pieds dans l’eau pour atteindre l’autre rive. Deux heures de routes après, nous arrivâmes à Sirasso. Après s’être ravitaillé en carburant, l’on a dû abandonner la voie directe Sirasso-Korhogo distante de 65 Km eu égard à la dégradation de cette route. Passant par les villages de Odia, Camarakaha pour enfin rejoindre la voie bitumée ralliant Korhogo à Boundiali. De là, nous avons parcouru plus de 50 Km pour rallier la capitale de la région du Poro. Ainsi, au lieu de 65 Km à parcourir, c’est finalement 110 Km de route que nous avons faits pour rejoindre la ville de Korhogo.
Ce périple dans la zone Nord-Ouest et Nord du pays nous a permis de constater les souffrances des populations. A majorité agricultrices et commerçantes, ces populations peinent à écouler leurs différentes productions agricoles sur le marché local et les autres marchés à travers le pays. Les routes étant foncièrement abimées par les intempéries. M. Makadi, commerçant de produits phytosanitaires que nous avons rencontrés, nous a laissé entendre qu’il n’arrive plus àsillonner les localités environnantes les jours de marché. Vu que les voies sont quasiment impraticables. Pour des localités de moins de 50 Km, s’il faille faire 2H30 de route, avec le risque de déverser sa marchandise dans l’eau et même au péril de sa propre vie, il est préférable de ne pas s’y aventurer. Or le contraste est  que c’est la saison des cultures avec la saison des pluies, ce qui rend plus d’un perplexe. Il a lancé un appel aux autorités afin qu’une solution définitive sinon durable soit trouvée pour mettre fin au calvaire des populations. 
Ouana Lagnon 
 



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