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Politique

Crise togolaise :Les médiateurs parviendront-ils à faire bouger les lignes ?

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Les médiateurs parviendront-ils à faire bouger les lignes ?
C’est  hier, 27 juin 2018, que sont arrivés dans la capitale togolaise, les deux facilitateurs désignés de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les présidents du Ghana et de la Guinée, Nana Akufo-Addo et Alpha Condé. Ils y ont rencontré les différentes parties en conflit. Objectif affiché de la mission : relancer le dialogue entre le gouvernement et l’opposition pour sortir de la crise politique qui secoue le Togo depuis le 19 août 2017. Les missi dominici espèrent aussi, sans nul doute, par la même occasion, recueillir le maximum d’informations pour faire le point de la situation à leurs mandataires lors des tout prochains sommets de l’Union africaine (UA) et de la CEDEAO. La question que l’on peut, d’emblée, se poser est de savoir si les médiateurs réussiront à faire bouger les lignes dans le bon sens.
Alpha Condé est en mauvaise posture pour donner des leçons de démocratie à son jeune frère
Sans verser dans le pessimisme, l’on peut se permettre d’en douter. Et pour cause. D’abord, cette mission de bons offices intervient au moment où le président Faure Gnassingbé semble avoir réussi à renverser la vapeur pour devenir le véritable maître du jeu. Car, à force de répressions, il a réussi à réduire la capacité de mobilisation de l’opposition, même si cette dernière ne s’avoue pas pour l’instant vaincue. S’estimant aujourd’hui en position de force, le pouvoir n’est, sans doute, plus prêt à faire des concessions. En face, l’on retrouve une opposition radicalisée, qui joue sa survie et qui n’entend rien lâcher.  Ensuite, l’on peut douter que les médiateurs aient la poigne nécessaire pour dire la vérité à leur homologue togolais. Nana Akufo-Addo, en raison de la proximité géographique de son pays avec le Togo, n’a pas les coudées franches pour agir au risque de remettre en cause les relations de bon voisinage. Les deux Etats partagent une longue frontière commune et ont des intérêts communs qui transcendent la conjoncture politique actuelle. Quant à Alpha Condé, il est en mauvaise posture pour donner des leçons de démocratie à son jeune frère ; lui-même étant soupçonné de vouloir charcuter la Constitution guinéenne pour s’offrir un troisième mandat. En tout cas, la rumeur court sans que lui-même ne sorte de son silence pour en apporter un démenti. Enfin, la CEDEAO, tout comme l’UA, n’inspire pas confiance, et surtout pas aux oppositions africaines. Se comportant comme de véritables syndicats de chefs d’Etat, ces deux organisations ont rarement pris le parti des peuples et ce, malgré les textes reluisants dont elles disposent. En tout cas, la responsable du groupement des partis de l’opposition togolaise, Brigitte Adjamagbo-Johnson, a été, on ne peut plus claire : « Toute recommandation de la CEDEAO qui ne tiendrait pas compte des aspirations profondes du peuple, serait inutile et aggraverait la situation ».
Mais, pour autant, devrait-on qualifier le déplacement des deux chefs d’Etat de villégiature ? Non ! Car, conscients de la délicatesse de la mission, les deux présidents ont, sans doute, pris toutes les précautions pour peser du peu qu’ils le peuvent sur les frères ennemis togolais. Et c’est probablement en raison de cela qu’ils ont décidé de ce voyage en tandem et à la veille d’importantes rencontres  sous-régionale et continentale qui pourraient, devant l’impasse togolaise, envisager des mesures plus fortes.
La plus grande menace reste le risque de glissement du calendrier électoral
Cela dit, les Togolais auraient tort de croire que la solution magique pour tirer le pays de l’apoplexie politique dans laquelle il patauge depuis bientôt un an, viendrait de la communauté internationale. Il faut plutôt trouver les moyens d’activer les mécanismes internes de dialogue pour une sortie dans les plus brefs délais. Autrement, c’est tout le peuple togolais qui va trinquer. Et pour cause.
D’abord, la situation de l’économie nationale qui paie déjà un lourd tribut à la crise, pourrait  aller de Charybde en Scylla. Ce chaos économique entraînerait nécessairement de désastreuses répercutions sur l’économie sous-régionale, le port de Lomé étant l’une des principales portes d’entrée au Sahel. C’est en cela que c’est un impératif pour les pays  voisins du Togo, de quitter leur immobilisme d’observateurs neutres pour s’engager de façon pleine et entière dans la recherche de solutions afin de stabiliser ce pays qui reste un cordon vital. Mais la plus grande menace reste le risque de glissement du calendrier électoral avec pour conséquence, un scénario à la congolaise. Le Togo pourrait donc glisser dans une zone de non-droit favorable au plus fort ; ce qui mettrait sous l’éteignoir les aspirations du peuple à l’alternance et à une véritable démocratie.
Cela dit, les médiateurs, à défaut de pouvoir transformer en réalité l’utopie de réunir dans l’immédiat les protagonistes de la crise autour d’une même table, devraient relever le défi de créer les conditions d’apaisement nécessaire à la reprise du dialogue. Au rang de celles-ci, l’on peut citer la libération des personnes arrêtées et incarcérées lors des manifestations publiques et la levée des mesures d’interdiction de manifestation qui planent sur certaines villes comme Sokodé, Bafilo, Kara et Mango. Si l’on parvenait à ce résultat, ce serait déjà un pas important dans la bonne direction.
« Le Pays »    
 



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