Jadis fleurons du succès de la commune du Plateau, aujourd’hui, les immeubles de la « Sorbone » et la « Pyramide » sont l’ombre d’eux-mêmes. Délabrés, ils ont été vidés, depuis près de trois ans, pour une réhabilitation. Mais depuis lors, les travaux trainent. Qu’est ce qui bloque au juste ces travaux d’envergure annoncés, en grandes pompes ?
La Pyramide se distinguait des autres par l’insolence de son architecture digne d’Egypte. Et la mythique place de la « Sorbone » qui drainait un monde fou amoureux de la politique et autres sombre dans un silence total. Jadis, ces immeubles donnaient fière allure au Plateau. De plus, de par leur architecture ou renommée, ils constituaient des points de repères pour tous les habitués et même ceux qui s’y rendaient pour la première fois. Chaque immeuble qui croulait déjà sous le poids du délabrement avait son petit charme. La « Sorbone », cet espace de parlement était prisé pour l’art oratoire des différents participants. Quand la « Pyramide » elle, attirait davantage pour les échanges monétaires (échanges en devises étrangères, vente de billets neufs en petite coupure…) qui s’y faisaient.
« Sorbone », le silence ahurissant des « maîtres de la parole »
L’immeuble de la « Sorbone » au Plateau, était une mythique place de rencontre pour les « agoras » (Ndlr : assemblée d’échange sur des sujets brûlants de l’actualité politique). Les personnes friandes de ce type d’assemblée venaient s’abreuver de ces « beaux discours » lancés par ces « experts ». Ces « experts » de la politique qui « manipulaient l’information » à leur guise pour convaincre l’auditoire.
Outre cet espace où les personnes font valoir leurs capacités à convaincre l’auditorat, la « Sorbone » regorgeait de restaurants à la portée de petites bourses. Bananes braisées, arachides, pains sucrés, attiéké et autres… On y trouvait un peu de tout et à coût très abordable à défaut de s’acheter un plat moyen de déjeuner dont le prix oscille entre 700 et 1000 F CFA. Chacun y trouvait pour son compte.
Mais depuis sa fermeture, cet espace brille désormais par le silence qui y règne. C’est désormais un parking qui sert aux travailleurs et personnes de passage dans la cité des affaires. Un autre espace a été aménagé pour des évènements tels des expositions ventes, des meetings et autres… Cependant cela, ne redonne pas toujours vie à cet espace reconnue pour la vie qui s’y dégageait.
Pyramide, la banque à ciel ouvert
Il n’est point de secret pour quiconque voudrait faire des échanges de devises ou obtenir des billets de petites coupures que, la Pyramide est le « centre d’affaire par excellence ». Cette « banque à ciel ouvert » où des privés ont fait de ces différentes opérations leurs spécialités. Et même le déguerpissement des bureaux de cet immeuble suite à un incident, il y a près de deux ans, n’a pu décourager ces affairistes. Et pourtant, les autorités ont mis en garde dans le temps les usagers quant au risque qu’ils prenaient de fréquenter cet immeuble. Mais en attendant la « réhabilitation prochaine » de l’immeuble, ils opèrent en toute tranquillité. Tout passant qui jonche l’immeuble est automatiquement apostrophé par les « vendeurs de billets ». On assiste à une course de ces affairistes pour s’arracher le premier client.
D’importants travaux étaient prévus
Le porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Koné a annoncé, le 1er octobre 2015, à l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire tenu à Yamoussoukro, d’importants projets de réhabilitation d’immeubles dans la commune du Plateau.
Il s’agit de la construction et de l’aménagement d’un immeuble sur le site de l’ex Sorbonne et de la rénovation de l’immeuble de la pyramide du Plateau. A côté de ces deux sites, figurent également d’autres espaces de cette même commune pour un investissement total de 287 milliards de F CFA.
Selon lui, cette décision a été prise à la suite d’une communication présentée par le ministre de la Construction, du logement et de l’urbanisme d’alors, Mamadou Sanogo, dans le cadre d’un projet du partenariat public-privé, relatif au "développement cohérent du centre- ville d’Abidjan" précisément du
Kaba Nialé, ministre en charge de l’économie, et les représentants des groupes Vinci et Five prosperties fund limited ont signé un accord – cadre pour la construction d’un centre commercial à la Sorbonne (Plateau), d’un montant de 86 milliards de FCFA.
Ce projet qui était censé se réaliser sur une durée de 24 mois, est un centre commercial de 26 000 m², comprenant un hôtel cinq étoiles de 15 étages et deux tours de bureaux sur 18 000 m². Outre la construction du centre commercial, ces grands groupes mondiaux spécialisés dans le BTP et l’immobilier, auront à charge la rénovation de l’immeuble la Pyramide. Il était prévu qu’après exploitation par le concessionnaire, ces réalisations reviendront à l’État de Côte d'Ivoire.
Trois ans après, les travaux toujours au stade départ
Cela dure aujourd’hui trois ans que les accords ont été signés par la partie ivoirienne et les concessionnaires. Mais aucun changement n’est perceptible au niveau des immeubles. Pas d’engins sur les lieux encore moins d’ingénieurs des travaux qui signalent le démarrage de quelconque travaux.
Approchée par nos soins, la Société de gestion du patrimoine immobilier de l’Etat (Sogepie) n’a pu apporter des précisions sur la lenteur de ces travaux. Mais des bruits de couloir laissent entendre que des divergences seraient à la base de cette lenteur. Ce qui expliquerait le non-démarrage de ces travaux annoncés depuis trois ans par les autorités.
Mais que cachent ces points de divergences qui plombent jusque-là le démarrage de ces travaux ? Aucune idée, mais le silence de la Sogepie laisse croire qu’il y a nécessairement anguille sous roche.
Larissa Gbaguidi