Les vacances approchent avec les petits métiers hautement à risques pour les enfants et adolescents. Ces derniers qui, dans le souci de mettre à profit ce bref moment de répit n’hésitent surtout pas à oser. Parmi ces métiers, se trouve le nettoyage des vitres de véhicules sur les voies et grandes artères. Zoom sur ce job à hauts risques surtout pour les tout-petits.
A l’origine le nettoyage des vitres n’est pas qu’une activité propre aux vacances et autres congés. Mais pendant les petits moments de répit, le nombre de petits débrouillards se tournant vers ce petit boulot s’accroît. Et la frange de la jeunesse attirée reste les plus petits précisément âgés de 8 à 17 ans. Dans la majeure partie des cas, ces jeunes n’ayant pas encore atteint la majorité se frottent pour la première fois au monde des affaires.
A cet âge, on s’en fout du risque !
Et pourtant, accoster les véhicules en plein feu ou à des embouteillages n’est pas chose facile ! Il faut avoir de l’audace et du courage. Les jeunes qui se livrent à cette petite activité courent les voies et grandes artères dans le seul souci de gagner des piécettes par le nettoyage des vitres. Cette activité qui est mené entre deux feux, est pourtant très risquée. Mais ces jeunes, n’ont pas peur du risque et défient au quotidien la mort sur les routes.
Carrefour de la Riviera II à Abidjan. Il est 11 heures ce mardi. Des jeunes « nettoyeurs de pare-brise », âgés de 7 à 15 ans sont à l’affût du stationnement des automobilistes au feu rouge. Assis pour les uns en bordure de route et pour les autres arpentant la route par des allers et retours inquiétants. Ces affairistes hors du commun ont une stratégie d’approche toute particulière : aborder les automobilistes au feu sans leur accord. Assis à quelques pas de là, nous avons pris le temps d’observer ces jeunes débrouillards dans leur « boulot ». Au premier feu rouge, les véhicules s’immobilisent et c’est parti pour l’aventure !
Chaque jeune homme cible un automobiliste et sans l’accord de celui-ci, se met tout de suite à nettoyer les pare-brises. Si pour certains, la mayonnaise prend et s’en sortent avec quelques « jetons », ce n’est pas le cas pour tous ! D’autres sont sonnés de mettre fin à leur « nettoyage » sous des injures pas très classiques. « Bande de voyous, qui vous a demandé de nettoyer ? Allez essuyez moi cela vite fait », entendons-nous crié d’un autre côté. Des automobilistes n’hésitent pas à foncer sur ces derniers. On assiste à une débandade qui nous permet de déceler l’habileté des plus petits-petits. Sortis de là, ils se regardent et affichent des sourires comme pour s’encourager à persévérer.
Mais cette petite frayeur est loin de décourager nos affairistes toujours motivés et à l’affût. Nous nous approchons plus d’eux pour tenter de trouver des explications à cette motivation. L’un d’eux affirme qu’ils n’ont pas le choix pour gagner de petites pièces de monnaies. Serges qui doit avoir dans la dizaine d’année a lancé ironiquement : « Tout est risqué de nos jours dans la vie. Nous acceptons de prendre ce risque parce que mine de rien nous tombons sur des personnes généreuses ». Le meneur du groupe âgé pratiquement de 17 ans a précisé que le plus dur est d’être habile pour éviter d’être heurté par des véhicules pendant ces moments de stationnement. « Nous travaillons souvent aux feux tricolores et lorsque le feu vire au vert, les véhicules foncent souvent sans crier gard. Il arrive que certains se blessent parmi nous mais ce n’est pas si grave », a-t-il martelé. Toutefois, nous ne tardons pas à leur demander si, ils n’ont pas peur que le pire arrive un jour sur ces voies. Une préoccupation qui les plongea pendant un moment dans une réflexion. L’un deux prend la parole et nous dit que le pire pourrait bien arriver un jour. Mais pour l’heure, a-t-il signalé, ils travaillent en ayant foi que tout se passe bien. « La seule chose que nous craignons ici ce sont les policiers qui nous pourchassent vu que ces activités sont interdites en bordure de route, a indiqué notre interlocuteur.
La seule inquiétude : les policiers
Les accidents, les blessures et le risque de perdre la vie leur importe peu. La seule inquiétude demeure les policiers qui font régulièrement des patrouilles pour contraindre ces jeunes à mettre fin à toute activité sur ces voies. Mais les jeunes ne se laissent pas effrayés par ces forces de l’ordre. Il y a près de deux ans, la vente sur les voies a été interdite. Une mesure qui, dans les premières heures a été bien suivi par les forces de l’ordre qui veillaient au grain. Aujourd’hui, le laxisme semble avoir pris le dessus. Les vendeurs ambulants et les jeunes « nettoyeurs de vitres » ont investi à nouveau les différentes voies au vu et au su de tous. Les représailles à leur encontre sont de plus en plus flexibles. Or les dangers que courent ces jeunes sont multiples.
Et pourtant les risques sont nombreux !
La vente aux abords des voies est un boulot à grand risque. Ces jeunes qui se livrent à cette activité courent des risques graves allant jusqu’à la perte de leur vie.
Dans un premier temps, ces derniers s’exposent quotidiennement à des accidents. Profiter de la courte durée des feux pour nettoyer rapidement, quand on sait l’imprudence des automobilistes peut s’avérer dangereux. A tout moment, un automobiliste indélicat peut faucher un de ces jeunes. Pire, à tout moment, les freins d’un véhicule peuvent lâcher et conduire à l’irréparable.
La respiration quotidienne des fumées que dégagent ces véhicules sont également très nocifs pour la santé. Sans parler de l’exposition de façon permanente au soleil peut provoquer des soucis de déshydratation et de fièvre sur la personne exposée.
En outre, l’affinité qui se créera entre ces jeunes peut les conduire à la consommation de la drogue ou même à des activités non-recommandées. Ces jeunes peuvent également représentés des proies faciles pour les personnes de mauvaises intentions. Principalement ceux qui se livrent à des enlèvements pour des sacrifices humains de plusieurs ordres.
L’heure d’agir a sonné !
Il urge pour nos autorités de prendre leurs responsabilités pour éviter le pire à ces jeunes désireux d’entreprendre une petite activité. Mettre fin à ces activités est aussi une solution mais faute de suivi, ils reviendront forcément sur les routes.
Une réponse durable doit être trouvée pour sortir définitivement ces jeunes de l’engrenage de la rue. Ce qui pourrait être pour eux, une porte ouverte à de nombreux vices. Remodeler ces jeunes qui ont déjà l’amour du travail en leur offrant une seconde chance, c’est possible !
Il faut juste leur tendre la main et les mettre en confiance pour qu’ils sortent ce génie qui se cache en eux. Plus besoin de nos jours, d’avoir des diplômes pour travailler. Les pays développés ont trouvé juste en mettant sur pied des formations qualifiantes accélérées pour ceux qui désirent travailler dans un secteur précis. On peut en faire de même ici pour permettre à tous les jeunes désirant s’insérer dans un secteur d’activité de le faire sans aucune difficulté.
Larissa Gbaguidi