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Economie

FMI - Congo : une totale transparence est-elle possible ?

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Si Brazzaville peut se réjouir de la perspective d'un accord avec le FMI pour appuyer son programme de réformes économiques et financières, l'essentiel du message est à lire entre les lignes.
Si le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités congolaises semblent être quasiment parvenus à un accord, qui doit être validé par le conseil d'administration du FMI, le Congo devra encore fournir des efforts en matière de gouvernance et de transparence. De gros efforts, même. Tel est, si l'on lit entre les lignes, le sens de la déclaration du FMI à l'issue de la mission qui s'est rendue à Brazzaville du 3 au 18 avril dernier pour discuter d'un programme économique et financier et d'un possible soutien financier de l'institution de Bretton Woods au pays.

Brazzaville veut aller vite

Il s'agissait de la troisième visite du FMI dans la capitale du Congo depuis la décision du gouvernement congolais de faire appel à l'institution. Une décision confirmée en août dernier par le chef de l'État, Denis Sassou-N'Guesso, dans son message à la nation à l'occasion du 57e anniversaire de l'indépendance du pays : « Comme les autres États de la Cemac, nous avons résolu de négocier avec le Fonds monétaire international un programme visant à créer de nouvelles bases d'une croissance soutenue, durable et inclusive. Ce programme pourrait entrer en vigueur au cours du dernier trimestre de l'année en cours. »
 
Dans ce message, le chef de l'État congolais semblait toutefois faire preuve d'un peu trop d'optimisme quant à la date de conclusion d'un programme. Après un premier séjour du FMI à Brazzaville, du 25 septembre au 4 octobre 2017, les discussions se sont poursuivies du 5 au 20 décembre dernier, sans pour autant déboucher sur la signature d'un accord. Pourtant, Denis Sassou-N'Guesso a de nouveau affiché un optimisme sans faille dans son discours sur l'état de la nation, fin décembre 2017 : « L'horizon invite à l'optimisme. Les négociations avec le Fonds monétaire international augurent d'une issue encourageante. Il s'agira de remettre en ordre les bases d'une croissance soutenue, durable et inclusive grâce, notamment, à des ressources additionnelles. »

Un accord soumis à des exigences de gouvernance

Dans son communiqué du 19 avril 2018, le FMI rappelle les raisons de l'endettement extérieur du pays, dont le montant, estimé à quelque 8 milliards d'euros, représente environ 110 % du produit intérieur brut (PIB) « L'économie congolaise souffre des effets des bas prix du pétrole, une dette insoutenable, et des défis importants liés à la gouvernance », souligne le texte. Bien que le FMI salue les efforts d'ajustement budgétaire réalisés depuis 2015 et de transparence dans le secteur pétrolier, il n'en reste pas moins que ces efforts de transparence n'ont pas encore totalement répondu à ses attentes. En outre, il ne faudrait pas que les autorités du Congo en restent au stade des « intentions ». Passage à l'acte, donc.
Ainsi, pour « traduire en action la rupture avec les politiques et pratiques du passé », le Congo doit engager « des réformes audacieuses et immédiates dans le domaine de la gouvernance », insiste le communiqué. Lesquelles ? Outre la publication d'une étude sur la gouvernance et la création d'un organe indépendant de lutte contre la corruption, il s'agira de « rendre pleinement compte au Parlement et à la population de la gestion des ressources naturelles et des grands travaux au cours des dernières années », de « mettre en conformité systématiquement toutes ses transactions relatives aux ressources naturelles » et de « donner à toutes les entreprises exploitant les ressources naturelles un délai pour déclarer tous droits dont elles pourraient se prévaloir sur la part du gouvernement dans ces ressources », précise le communiqué.
Le message est clair. « Il s'agit pour le gouvernement de rendre compte au peuple congolais de l'utilisation qui a été faite des ressources financières de l'État, notamment des prêts qu'il a contractés pour la construction des routes, des aéroports et de tout autre équipement. C'est un exercice difficile. Et lourd à assumer pour le régime », explique un observateur averti de la situation économique et financière congolaise. Autre domaine visé, le secteur pétrolier. « L'État devra justifier que la part qui lui revient dans les contrats de partage de production lui a bien été reversée par les entreprises qui exploitent les ressources naturelles. Cela doit apparaître dans le budget de l'État, mais aussi au niveau bancaire », ajoute ce dernier.

Reste que...

Une totale transparence est-elle possible ? En tout cas, c'est à ce prix que le Congo, au bord de la faillite, pourra bénéficier de l'appui financier du FMI et d'autres bailleurs de fonds. Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, l'a rappelé à l'issue de la rencontre des ministres des Finances de la zone franc, à Brazzaville, le 13 avril dernier. « La France est prête à apporter une aide de 135 millions d'euros à la République du Congo, sous réserve que le Congo conclue son programme avec le FMI. C'est comme ça qu'on apportera de la visibilité au programme de désendettement », a-t-il déclaré.
Pour se remettre sur pied, le Congo a bien besoin de ces aides extérieures. En effet, il ne peut guère compter sur la hausse des ressources tirées du pétrole. Bien que les perspectives économiques pour 2018 soient plutôt bonnes, avec une prévision de croissance de l'ordre de 4 %, liée à l'augmentation de la production pétrolière et à une remontée des cours mondiaux de l'or noir, les recettes budgétaires escomptées par ce rebond pétrolier seront vite englouties dans le remboursement de la dette et des arriérés de paiement. Toutefois, pour que l'appui financier des bailleurs s'inscrive dans la durée, la seule signature de l'accord annoncé, qui pourrait intervenir en mai prochain, ne sera pas suffisante. « Le FMI peut faire un premier décaissement, mais, si les promesses ne sont pas tenues, quid du deuxième ? » insiste l'observateur.



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