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Bédié -Du Sphinx au Bouddha de Daoukro: (Dialectique du passage de l’énigme de l’animal, à la patience du sage)

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Au lendemain des Indépendances, la Côte d’Ivoire a connu ses années fastes dites les ‘’20 glorieuses’’. Quoique jeune cadre, Henri Konan Bédié a été l’un des artisans de la grandeur de la Côte d’Ivoire moderne et modèle. Ses compétences et son expertise lui ont valu le valorisant sobriquet de « père du miracle ivoirien ». La vie au long cours s’est déroulée dans ce pays-mien où toutes les populations, d’où quelles venaient, se reconnaissaient en amies, fraternisaient et partageaient des joyeusetés à leur bon vouloir sans défiance ni méfiance. Dans cette vie de fée et comme si la nature humaine était frappée d’éternité, personne ne crut à une potentielle disparition du père fondateur Félix Houphouët-Boigny. Sa mort nous surprit donc et nous plongea dans une infamante détresse. Dès lors, Henri Konan Bédié se voit projeté sur le devant de la scène avec des vertes et des pas mûres. Pour une meilleure saisie de mon opinion, j’invite les lecteurs à me suivre dans les trois pistes que je vais explorer : l’Appel de Daoukro ; l’impertinence du choix du témoin ; la candidature de Bédié à la présidentielle de 2020.
 
A-l’Appel de Daoukro, que s’est-il passé pour que l’espoir de toute la communauté PDCI soit noyé dans un appel à conséquences, à priori, nuisibles et pour le parti et pour son cheptel ? Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, je n’oserais pas l’injure à l’intelligence de Bédié pour son appel solitaire et unilatéral du 17 septembre 2014 qui offrit un deuxième mandat à Ouattara. Là-dessus, je donne fort à parier qu’il y a eu bel et bien un accord d’intérêts entre Bédié et Ouattara devant témoin. Lequel des accords ? C’est là où se trouve l’énigme que je tenterai démêler dans les lignes qui suivent.
B-l’impertinence du choix du témoin, l’Akan en général et le Baoulé en particulier est profond. De ce fait, il tient les déclamations en aversion, et il a un sens élevé pour le respect de la parole donnée. Mieux encore, il observe de la révérence envers le pacte qu’il a pris avec quelqu’un. Cela dit, Bédié est pétri de sa culture, il ne s’ouvrira jamais à personne sur la nature du pacte qu’il a pris avec Ouattara. Chez le baoulé, le secret est le contenu d’une tombe, il est divinement sacré. Pour le reste, il appartient à Ouattara d’exécuter sa part de contrat liée à ce pacte. En tout état de cause, à ce stade du conflit, entre Ouattara et lui, relativement à l’exécution du pacte qui aurait été scellé entre eux, le recours au témoin est à la fois gênant et impertinent. Même s’il pullule, en Côte d’Ivoire, de nombreuses personnes qui voguent en contre-sens des valeurs morales aujourd’hui, il en existe de nombreuses autres dont la probité et la respectabilité envers ces valeurs morales font autorité.
A peu d’efforts près, on rencontre nombre de ses personnes en pays sénoufo, en pays akan, en pays lobi, en pays koulango, en pays dan, en pays krou et wê, en somme sur la surface du territoire national et dans toutes les cultures et groupes ethniques de notre pays. A moins d’une ruse pour infantiliser le peuple ivoirien, il aurait été bienséant de signer un tel accord devant des personnes dont le regard simple imposerait l’ordre à Bédié ou à Ouattara d’appliquer intégralement les clauses de ce pacte ! Malheureusement, le témoin dont on fait le portrait robot n’a ni l’autorité morale conséquente ni la légitimité du vétéran pour cet exercice de sénior. Il doit tout à Ouattara et à Bédié. En quoi pourrait-il donc les obliger ?
C- La Candidature de Bédié à la présidentielle de 2020. Il serait déshonnête de ne pas reconnaitre l’importance prépondérante de la partition jouée par Bédié dans la prospérité économique et sociale de la Côte d’Ivoire. D’Ambassadeur à 26 ans en passant par les fonctions de ministre de l’économie et des finances, Bédié a contribué à bâtir les fondamentaux et à l’envoie des élèves et étudiants vers l’Europe et les Amériques pour acquérir des niveaux académiques de qualité, dans tous les domaines, en vue de booster le développement harmonieux de la jeune Côte d’Ivoire, dès leur retour. Du président du parlement ivoirien à celui du pouvoir suprême, Bédié a montré à qui voulait le savoir son génie d’artisan de paix et de prospérité. Les leitmotive sensés tels : «la démocratie participative et apaisée », « le progrès pour tous et le bonheur pour chacun » et le projet de société : « l’Eléphant d’Afrique avec ses douze chantiers» ont été très loin d’être des mirages aux effets destructeurs et asphyxiants pour la Côte d’Ivoire. Les bénéfices directs sur le pays et les ménages étaient visibles.
Il y a eu AZITO, l’extension et la modernisation de l’Aéroport, la Côtière, l’échangeur des 220 logements, le début de la construction du 3ème pont dont le financement était bouclé, l’extension du port d’Abidjan, les routes pour le désenclavement d’Agboville, la création de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro et sa Technopole, les constructions des Universités de Bouaké, Daloa et Korhogo, l’ouverture des CHU de Bouaké et Yamoussoukro, l’exportation de l’électricité dans la Sous région, l’extension du réseau électrique au Nord et à l’Ouest du pays, les constructions et réhabilitations des hôpitaux, centres de santé, des districts sanitaires. La création  des districts autonomes d’Abidjan et de Yamoussoukro, le boom du commerce des véhicules d’occasion, des pneumatiques à tous les prix, des vêtements de seconde main permettant aux Ivoiriens de toutes conditions de se vêtir, la politique des plantations clé en main, les fonds femmes et les fonds jeunes, le boom du secteur touristique et culturel, les Afro musiques, la gestion rigoureuses des régies financières et des ports autonomes par des compétences éprouvées, le régime fiscal raisonné qui favorisait les investissements, l’embellie du secteur de l’artisanat,… ne sont pas des actes manipulatoires d’esprit ou de la poudre aux yeux et les Ivoiriens s’en trouvaient bien aise. Ce sont des choses factuelles et des actions concrètes pour la promotion humaine, en témoigne la pratique de la géopolitique dans la nomination des personnalités de toutes origines dans les hautes fonctions de l’Etat, en vue d’un véritable essor de la Côte d’Ivoire.
Etaient aussi au menu de « l’éléphant d’Afrique », les projets du 4ème pont, celui du pont de Jacqueville, de l’autoroute Abidjan-Bassam, de l’abattoir d’Anyama, du prolongement de l’autoroute du Nord jusqu’à Bouaké, du parc des expositions de Port-Bouët et du deuxième centre météorologique d’Abidjan. En effet, Bédié avait « projeté le pays aux nouvelles frontières du développement » ; une vision futuriste et réaliste. A contrario, dire que la Côte d’Ivoire sera un pays émergeant à l’horizon 2020 est une extravagance publicitaire et une pâle copie de la vision Bédiéienne. C’est de la pure illusion parce que l’horizon, au figuré comme au propre, s’éloigne quand l’on s’en approche. Rattacher donc l’horizon à un projet de société est surréaliste et imaginaire. Au fond, rien n’est nouveau en Eburnie, et tout ce qui se fait actuellement ne relève d’aucun génie aux lumières subliminales.
Au regard de ce qui précède, il suit que Bédié a une grande vision pour la Côte d’Ivoire. Tout ce capital a été dilapidé, hélas, dans un coup d’Etat militaire en 1999, quand Bédié et Ouattara ont cru devoir étaler leurs secrets sur la place publique. Malgré tout, à l’exemple de la Reine Abla Pokou, Bédié s’est sacrifié et a sacrifié les Akans, en particulier les Baoulé pour permettre à Ouattara d’assouvir son désir de servir le pays « au plus haut niveau » pendant ces dix dernières années.
Pour un tel sacrifice, la noblesse de cœur seule ne suffit pas. Il s’est passé un accord secret entre ces deux hommes d’Etat, même s’il n’est pas écrit. En Afrique, la tradition repose sur l’oralité d’où l’importance des griots et des paroliers. A ce titre, les accords oraux ont valeur de loi, Ouattara doit s’y plier sans d’autres formes de procès. A mon sens, cet accord secret qui parait être un mystère à   l’heure de son application exigée par Bédié a dû être fondé sur deux thèses : soit sur le chantage des armes du tenant du pouvoir, soit sur une alternance en faveur de Bédié quand Ouattara aura fini ses 10 ans. Pour rendre la première thèse plausible, il a été dit en 2015 que si le PDCI présentait un candidat contre Ouattara, la guerre reprendrait ses droits. Ainsi, le PDCI s’est investi à fond dans les actions de non agression au prince et au RDR. On note la composition solidaire de la CEI par le PDCI et le RDR, la confection du fichier électoral et le découpage administratif du pays en faveur du RDR, l’adoption par le PDCI du rattrapage ethnique « un système de gouvernement sectarisant » qui est source d’une amertume enrobée de miel pour  Bédié et pour ses troupes du PDCI, l’offre par le PDCI du pouvoir comme du pain béni à Ouattara afin que celui-ci lui huile les babines jours et nuits à travers des postes et du fric. Pourquoi ce même PDCI et ses nouveaux irréductibles en viennent-ils aujourd’hui à vouloir discuter ce pouvoir à leur bienfaiteur Ouattara, le père aimant devant l’éternel ?
Dans la seconde thèse, que Bédié danse l’akpogbo ou le N’Dôlô au clair de l’une par ses dires et contredites ou par ses jeux sémantiques, il est plus que fondé à se présenter à la présidentielle de 2020 en RHDP pour terminer sa vie politique dans l’honneur, en nous laissant une Côte d’Ivoire au « Rendez-vous de l’Eléphant d’Afrique ». Et, Ouattara qui nous a montré que le pouvoir est sacré et qu’on ne fantasme pas en le gérant, saura soutenir et faire la passe à son cher Aîné si éprouvé par les quolibets qui fusent de tous les partis pour l’accabler. J’invite donc  Bictogo, Kandia et Bacongo aux échanges d’amabilité et de réciprocité dans la gestion du pouvoir car, nous sommes tous en Houphouët-Boigny, des alliés intelligents.
Bertin KOFFI
Cadre et militant du PDCI-RDA à Cocody Centre
 
 
 



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