Démarré en juin 2015, la mise en œuvre de la Couverture maladie universelle (CMU) qui est née de la volonté du gouvernement ivoirien dedonner la chance à tous les Ivoiriens de se soigner décemment à très faible coût, suit son cours. Six mois après l’opérationnalisation de laphase pilote du processus entamée avec les étudiants des universités publiques et privées de Côte d’Ivoire, quel bilan de l’opération ? Notre enquête.
Le gouvernement ivoirien est résolument engagé sur de multiples chantiers en faveur du bien-être des citoyens, notamment en termes d’actions de protection sociale dont l’une est la Couverture Maladie Universelle. Pour la mise en œuvre de cet important projet social qui vise à offrir une couverture santé aux populations de Côte d’Ivoire, nationaux et non-nationaux, il a été créé par décret N° 2014-395 du 25 juin 2014 la caisse Nationale d’Assurance Maladie Universelle (CNAM) en charge de piloter le projet. Depuis la mise en œuvre de ce service, plusieurs avancées notables ont été enregistrées. Comme annoncé par les services d’information du CNAM, ce sont, à ce jour, neuf centres de santé universitaires qui ont été réhabilités dans les villes d’Abidjan, Yamoussoukro, Daloa, Bouaké et Korhogo. Ces structures hospitalières restent ouvertes à tout étudiant détenteur de la carte CMU pour des soins gratuits. Aussi, la CNAM avance-t-elle l’enrôlement de 80 000 étudiants depuis le lancement du processus par le Président de la République en juin 2014, soit 44% des 180 000 étudiants ivoiriens recensés. La ministre de la Santé et de l’Hygiène publique indique, par ailleurs, que la quasi-totalité des Centres Hospitaliers Universitaires, notamment les CHU de Yopougon, Treichville, Cocody et Bouaké, ainsi que 16 Centres Hospitaliers Régionaux (CHR) sur les 17 Centres et 27 Hôpitaux Généraux (HG) sur 84 restent éligibles pour l’opération. Ces centres hospitaliers sont dotés de cabinets dentaires, de laboratoires, de chambres de mise en observation, avec des capacités de prise en charge à la hauteur des attentes. Pour faciliter le déroulement de l’opération et offrir une gratuité de soins à la masse estudiantine de Côte d’Ivoire, l’État n’a pas lésiné sur les moyens. A en croire le ministre de la protection sociale, Jean-Claude Kouassi, lors du lancement des activités du centre sanitaire de l’INPHB de Yamoussoukro, ’’les cotisations mensuelles s’élevant à 1.000 F par personne. Les cotisations des 15.000 étudiants ont été entièrement payées. Et ce, pendant les six mois de la période expérimentale dans les neuf Universités et grandes écoles concernées du pays’’. Un engagement dont le montant est chiffré à 900 millions Fcfa. Pour la réussite de cette phase d’opérationnalisation. Aussi le gouvernement a-t-il consenti d’autres sacrifices, en finançant à hauteur de 2,2 milliards Fcfa le mécanisme d’enrôlement, la production des cartes d’assurés ainsi que la mise à niveau des neuf centres de santé universitaires choisis pour la mise en œuvre de la CMU.16 milliards ont également été dégagés pour assurer la mise en état de huit établissements hospitaliers de second niveau dans le cadre de l’exécution De la CMU.
.
De l’effectivité des soins dans les centres de santé annoncés
Depuis le mois de mai 2017, l’administration de soins pour un étudiant détenteur de la carte d’assuré CMU est chose effective dans presque tous les différents centres hospitaliers universitaires des villes concernées par l’opération, pour ce qui est du corps estudiantin. Avec le règlement des cotisations mensuelles pour les étudiants sur six mois par le gouvernement. Dans les CHU de Yopougon, Treichville et Cocody, c’est le même son de cloche qu’ont laissé entendre les assistants CMU. A savoir que l’opération est effective et les soins disponibles pour tout étudiant détenteur de la carte. Pourtant, ces derniers, soit par manque d’informations, soit par insouciance, semblent ne pas s’intéresser, pour l’heure, à cette aubaine. En témoigne la faible fréquentation de ces derniers desdits centres pour d’éventuels soins. « Depuis que j’ai retiré ma carte d’assurance maladie, franchement, je ne me suis pas encore rendu dans un centre hospitalier pour d’éventuels soins. Toutefois, j’ai appris par certains amis que les soins semblent effectifs dans les centres hospitaliers recommandés. », a confié Brice Légré, étudiant à l’Université Félix Houphouët Boigny. Plusieurs étudiants entendus tant à l’Université Félix Houphouët Boigny qu’à Nangui Abrogoua, sont du même avis. « J’ai la carte mais vu la distance de ma maison au centre de soin, et le fait que la maladie dont je souffrais entretemps ne nécessitait pas, à mon sens, que je me rende au CHU de Yopougon où je réside, je n’ai pas encore expérimenter la CMU », s’enquiert Eric B., en année de Licence 2 à l’Université Nangui Abrogoua. Passé les six mois pris en compte par le gouvernement, tout étudiant devra s’acquitter de ses cotisations mensuelles estimées à 1.000 F le mois. En attendant que le gros lot des étudiants s’approprie le projet, l’État aura tout de même joué sa partition. La phase de généralisation de la CMU, qui concernera toutes les autres couches de la population, est annoncée pour début de l'année 2018.
Emélis Gooré