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Comment en finir avec l’idolâtrie du pouvoir en Côte d’Ivoire ?

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Marquée par la réactivation des pathologies qui conduisirent à la guerre civile, l’actualité politique ivoirienne prouve que la racine de la crise politique récurrente qui menace constamment de déstabiliser le pays se trouve dans les conceptions du pouvoir et de l’Etat qui animent la classe politique ivoirienne. En côte d’Ivoire  le  pouvoir d’Etat  a été transformé en fin en soi par les acteurs politiques ivoiriens au lieu de continuer à être  un  moyen au service de l’intérêt général. Les partis ont été absolutisés et mis au service des intérêts particuliers de leurs chefs au lieu de demeurer des instruments destinés à représenter les  intérêts sociaux de la population et à servir une certaine conception du Bien public.
 Réalités temporelles, le pouvoir, le parti, l’Etat sont toujours, par destination dans la République et la Démocratie, des moyens au service de fins idéels plus hautes telles la Liberté, l’Egalité, la dignité humaine, l’intérêt général, le Bien public. Lorsque cette relation entre le moyen et la fin se retourne, toujours à la suite d’un choix volontaire des acteurs politiques, le pouvoir, le parti et l’Etat deviennent des fins en soi. Il en résulte alors fatalement une idolâtrie envers ces réalités temporelles contingentes qui sont alors transformées en entités intemporelles et fétichisées.
 Conséquemment à ce renversement, la vie politique ivoirienne s’apparente à un gigantesque culte satanique. Agglutinés aux pieds de leurs idoles respectifs et prêts à arroser l’autel de ces derniers avec les flots de sang de victimes sacrificiels, des idolâtres célèbrent la gloire de leurs dieux à coup de discours hagiographiques, d’invectives, d’imprécations, de malédictions  et d’insultes. Ce culte satanique a introduit, dans la vie politique ivoirienne, le crime comme moyen efficace pour asseoir et perpétuer le règne des chefs divinisés et des dieux que sont devenus les moyens transformés en fins en soi.
Au sens général du terme, la Criminalité qui consiste en ce que les intérêts particuliers des plus forts s’imposent par la violence et l’accaparement, au détriment des plus fragiles et du bien être du plus grand nombre, s’est donc installée dans la vie politique ivoirienne par ce retournement volontaire de la relation entre fin et moyen. La maxime générale de l’action politique ivoirienne est donc  corrompue.
 La problématique ivoirienne aujourd’hui est d’extirper cette idolâtrie et de déraciner cette volonté politique pervertie. La classe politique ivoirienne doit,  pour cela, être moralement et judiciairement régénérée. Il ne s’agissait donc pas de réconcilier la société ivoirienne par une action instrumentale démiurgique des acteurs politiques ivoiriens. On a fait fausse route en orientant la problématique de la réconciliation dans cette direction. Il s’agit, au contraire, de réconcilier les partis et  les acteurs politiques ivoiriens avec les principes moraux et juridiques de la République et de la démocratie dont ils se sont volontairement séparés en idolâtrant le pouvoir.
Cette réconciliation ne saurait résulter de l’action d’un tiers. Elle procède nécessairement d’un certain usage politique et moral de la liberté des acteurs politiques et des citoyens  ivoiriens. La restauration de la relation équilibrée entre fin et moyen, la transformation du Pouvoir d’Etat en moyen du service de l’intérêt général, des partis en instruments du service des diverses conceptions du bien public relève de la capacité des acteurs politiques ivoiriens à vaincre chacun individuellement en eux-mêmes, in foro interno,  leur servitude intérieure par un acte de volonté. Cette victoire sur soi est de l’ordre du choix volontaire, d’une décision transcendantale positive qui mettra fin à l’idolâtrie dévastatrice dont souffre la vie politique ivoirienne.
 La régénération morale du personnel politique africain procède d’une conversion interne de la personne qui décide d’abroger en soi la criminalité qui résulte de l’idolâtrie. Le règne de cette loi des membres ne peut jamais être renversé par des forces extérieures, telles une intervention militaire étrangère ou un tribunal international. Le procès en illégitimité, intenté par des acteurs politiques africains contre la CPI et les instances judiciaires nationales ou internationales pour mettre la criminalité politique hors d’atteinte de la Loi pénale des Tribunaux en témoigne. En raison de leur affiliation habituelle à une célèbre obédience fraternelle, les élites dirigeantes ivoiriennes et africaines dont la plupart savent que l’ennemi le plus implacable de chaque être humain se trouve en lui-même et non pas hors de lui dans une entité externe, devraient choisir le chemin de la conversion interne de la personne comme voie privilégiée de l’émancipation collective au lieu de chercher des boucs émissaires à travers des logiques d’extraversion. (A suivre)
Dr Alexis Dieth
Professeur de philosophie



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