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Côte-d’Ivoire: C’est la guerre des nerfs entre Soro et Ouattara mais rien n’est encore définitivement gâté

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Soul to Soul sera-t-il arrêté, comme d’autres membres de l’entourage de Guillaume Soro, à la suite de la découverte des caches d’armes ? Selon nos informations, excepté une situation extraordinaire, la justice ivoirienne n’arrêtera pas Soul To Soul maintenant. Elle aurait pourtant pu le faire, malgré le risque de voir se multiplier des mutineries orchestrées par d’ex-Forces nouvelles. En réalité pour le pouvoir, les relations avec Guillaume Soro et ses soutiens doivent se situer, pour l’instant, uniquement sur le plan politique, et non judiciaire. Ce qui permet à chaque camp, de mener une bataille de l’opinion.
La justice ivoirienne, en l’état actuel du dossier, ne prévoit donc pas d’arrêter Soul to Soul, le directeur de protocole de Guillaume Soro. Le procureur de la République s’est lancé dans une explication pédagogique, indiquant que la mise aux arrêts n’était pas nécessaire à ce stade de l’enquête. Cette explication n’a convaincu ni l’opposition, ni les adeptes de la lutte contre l’impunité. Or, Soul To Soul est présumé innocent jusqu’à ce qu’un procès équitable, et non une simple inculpation, établisse, oui ou non, sa culpabilité et le condamne à une peine de prison.
Ceux qui voudraient que Soro et son entourage soient condamnés accusent l’exécutif et le judiciaire ivoiriens, de conduire une justice à double vitesse : la justice des vainqueurs qui met à l’abri ceux qui ont aidé Ouattara à accéder à la magistrature suprême. C’est ce qui ressort de l’explication faite à l’époque par l’ex Procureur de la République de l’époque Simplice Kouadio, lorsque l’inculpation des chefs de guerre était exigée : Soro et les ex-FN sont les libérateurs du pays, à ce titre ils ne peuvent pas être poursuivis.
La crise de confiance entre Ouattara et Soro ou entre Soro et Ouattara
Soul to Soul n’est donc pas encore aux arrêts ; ce qui ne signifie pas un retour à la normale dans les relations entre Ouattara et Soro. La crise de nerfs et la bataille de l’opinion se déroulent sur fond d’une grave crise de confiance. Est-ce Ouattara qui n’a plus confiance en Soro, parce que Soro serait en train de de se réarmer, comme le laisse supposer l’affaire des caches d’armes ? Est-ce Soro qui n’a plus confiance en Ouattara, car ce dernier ne le maintiendrait plus dans ses plans par rapport à la perspective de 2020, ni même au-delà ?
Certes, les deux hommes continuent de se parler : ils sont obligés de le faire au nom des contraintes républicaines, pour notamment éviter de s’en tenir à de simples échanges de courrier entre l’exécutif et le législatif d’une part, mais aussi d’autre part, pour sauver les apparences, et sans doute parce qu’il reste, malgré tout, encore un peu de cette affection qu’ils partageaient l’un pour l’autre.
Pourtant, quelque chose s’est vraiment brisé depuis la découverte d’une cache d’armes à Bouaké.
Avant cet épisode, Alassane Ouattara prenait la défense de Guillaume Soro chaque fois que des proches tentaient de s’en prendre au Président de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, le Chef de l’État est à court d’arguments face à ceux qui semblent lui dire : « Président, on vous avait pourtant prévenu et mis en garde contre Soro ».
Lorsque les enquêteurs de l’Onu avaient parlé des 300 tonnes d’armes cachées sur le territoire ivoirien, la confiance était encore telle qu’Alassane Ouattara avait accepté les explications données par Guillaume Soro : « Ce sont des affabulations, toutes les armes ont été rendues. L’Onu fait du dilatoire ».
Alassane Ouattara, qui avait lui-même « déchiré » un précédent rapport de l’Onu qui ne l’avait pas épargné, a toujours voulu faire confiance à Guillaume Soro. Pourtant si l’embargo pour l’achat d’armes afin d’équiper les Forces ivoiriennes a mis du temps à être levé, c’est parce que ces 300 tonnes d’armes étaient censées être dans l’arsenal ivoirien.
De la crise de confiance à la rupture ?
Alassane Ouattara a laissé entendre en privé à plusieurs reprises qu’il n’était pas content de la situation actuelle. La décision qu’il doit prendre n’est pas facile. Il reste encore un peu de cette affection pour Guillaume Soro, même si, avec la tournure des événements, cette autre vérité s’impose de plus en plus à lui : « Soro avec moi, c’est comme Sarkozy avec Chirac : il n’acceptera pas tout sans devenir un « frondeur », sans s’opposer ouvertement à moi » .Ouattara sait que Soro n’est pas comme Amadou Gon, Hamed Bakayoko ou Henriette Diabaté, qui, quel que soit leur degré de frustration et de mécontentement, ne se rebelleront jamais contre lui.
Alassane Ouattara, qui a le sens de ses responsabilités de Chef d’État , garant de l’unité nationale, de la paix civile et protecteur des populations, ne souhaite pas réagir à chaud. Il ne s’est donc pas encore prononcé personnellement sur le cas Soul To Soul, ni au sujet des conséquences dans la relation avec Soro. Mais, il le fera avec clarté et fermeté, pour sonner la fin d’une « récréation agitée » qui enflamme le débat public et embrase les réseaux sociaux.
Il le fera pour que Guillaume Soro et les siens, pour que le Rdr et les cadres du parti, pour que le Pdci et l’opposition, et tous les Ivoiriens, sachent à quoi s’en tenir. Il agira dans le sens de l’intérêt national, de la stabilité en Côte d’Ivoire, et non pour faire plaisir à tel ou tel clan, à tel ou tel « noyau dur ».
De son côté, le Président de l’Assemblée nationale n’est pas dupe. Il sait aujourd’hui, dans la perspective de 2020, que ses relations avec le Président de la République se sont dégradées, même si la rupture n’est pas encore totalement actée. Il est conscient que les choses ne pourront plus être comme avant. D’ailleurs, pour Soro, la crise de confiance ne date pas de l’affaire des caches d’armes. Son entourage parle de trahison, d’ingratitude, quand il voit que, peu à peu, Soro a été mis à l’écart et qu’aucun soutien de Soro ne figure dans le gouvernement actuel.
Le Président de l’Assemblée nationale n’hésite pas à monter lui-même au créneau et à faire connaître de façon allusive ou implicite son état d’esprit. Dans des publications souvent sponsorisées ( publicité ) sur Facebook malgré ses près d’un million de fans ( ces publications sont sponsorisées pour pour toucher plus de monde notamment ceux qui sont pas encore abonnés à sa page ), Guillaume Soro parle de trahison ; il parle de son engagement contre l’injustice à travers les douleurs et souffrances ressenties dans son enfance par sa mère, pour dénoncer le traumatisme qu’aurait subi la mère de Soul To Soul ( par la faute de son fils alors qu’elle n’y est pour rien ), lors de la perquisition effectuée au domicile de son bras droit. Il évoque son enfance , et met en scène sa bravoure et sa détermination à ne pas se laisser faire, sa volonté de prendre son destin en main. « Trop c’est toujours trop », écrit-il sous forme d’épisodes d’une autobiographie.
Guillaume Soro et les siens, dans la perspective de 2020 et peut-être même au delà, semblent vouloir montrer qu’ils existent et qu’il faudra compter avec eux. D’un côté, ils battent le rappel des troupes, brandissent leurs forces, dévoilent leur capacité de nuisance et cherchent à faire peur. De l’autre, ils montent des opérations de séduction avec des actions pour la réconciliation et la paix : « Je parle de paix et de réconciliation, mais je montre mes armes pour ne pas avoir à m’en servir ». Ils cherchent aussi des alliances en misant sur une rupture entre le Rdr et le Pdci, d’où les amabilités de façade entre Soro et Bédié. Les alliances sont nécessaires : fins politiciens, Soro et Bédié savent qu’aucun parti ne peut prétendre gouverner seul. Ouattara le sait aussi, ce qui sans doute le conduira à vouloir sauver le Rhdp.
Alassane Ouattara soucieux de prendre une décision juste , raisonnable et légitime , une décision qui marie la raison et le cœur au-delà des références historiques lointaines dont il pourrait disposer , voudra sans doute se souvenir , outre l’exemple de Sarkozy face à Chirac, des aller-retour des irréductibles Banny, Essy et Kkb au Pdci sans jamais avoir définitivement coupé igname avec Bédié ; il voudra peut-être également se souvenir des hauts et bas de sa propre relation passée et même actuelle avec le Président du Pdci ; sans doute pense-t-il aussi à sa relation avec Laurent Ggagbo : de l’amitié et de l’alliance contre Bédié à la rupture ; mais une rupture qui même aujourd’hui n’exclut jamais totalement qu’un jour ils se retrouvent.
Enfin ce n’est pas en faire trop que de rappeler que le contexte général suivant au Président de la République, dans la parole qu’il dira et dans la décision juste , raisonnable et équitable qu’il prendra à l’égard de tous les ivoiriens, et non de son seul camp : le Rdr malgré le Rhdp ( ou à cause du désir d’alternance et même du Tout sauf Rdr qui se dessine pour 2020 ) , n’a pas avec lui : les Gbagbo ou Rien, Affi N’guessan et ce qui reste du Fpi, le Pdci , Anaky et sa part du Mfa, le reste de l’opposition, Mabri et l’Udpci, Gnamien et l’Upci. Les alliés d’hier ou actuels, ne sont plus sûrs d’être des alliés pour 2020.
Qui va céder le premier : Ouattara ou Soro ?
Nul ne sait véritablement quelle tournure prendront les événements dans les semaines qui viennent. Mais, grand-chose pourrait ne pas se passer avant la fin de l’année, chacun étant dans l’obligation de faire preuve de calme et de responsabilité, afin de rassurer la communauté internationale et donner une bonne image du pays, par rapport aux événements importants à venir en Côte d’Ivoire..
Le gouvernement est soucieux de réussir les Jeux de la Francophonie, puis, l’autre grand rendez-vous diplomatique de l’année, le sommet Afrique-Europe où seront présents Emmanuel Macron et de nombreux Chefs d’État africains et européens. Entre les Jeux de la Francophonie et le sommet Afrique-Europe, il y’aura le congrès du Rdr, début septembre 2017. De fin juillet 2017 à novembre 2017, en passant par septembre 2017, chaque camp fera preuve de retenue, une « paix des braves » sera signée.
Les couteaux ne sortiront sans doute donc pas d’ici là, sauf catastrophe
Dans l’intervalle, un léger remaniement ministériel est annoncé : il permettra au chef du gouvernement de donner une seconde impulsion à son action et de mettre de l’huile dans la mécanique gouvernementale, quelque peu grippée en ce moment dans tous les domaines (grogne sociale, mutineries, etc.).
D’ici là, personne ne peut dire que va céder le premier ; qui va « craquer », dans cette longue et presqu’interminable guerre des nerfs.
Quelles sont les leçons à retenir ?
1- Tout peut vraiment se gâter à tout moment, mais rien n’est encore gâté.
2- Alassane Ouattara n’est certes pas content, mais il reste conscient et soucieux de ses responsabilités ; il se donne le temps pour la meilleure décision, et, surtout, pour éviter d’avoir à reculer, lorsqu’il aura arrêté une option parmi toutes celles qui s’offrent à lui.
3- Guillaume Soro est aussi dans une situation d’attente. L’offensive, parfois violente, que mène son entourage, à côté des opérations de « séduction » sur le thème de la réconciliation, peut se retourner contre lui.
4- Ouattara et Soro savent que Bédié est en embuscade.
Une situation qui dégénère servirait à coup sûr les intérêts du Pdci, qui apparaîtrait comme un recours pour préserver la paix et sortir de la crise économique et sociale. Beaucoup d’Ivoiriens n’oublient pas ce qu’il doit au plus vieux parti de Côte d’Ivoire. Mais, le Pdci peut-il faire émerger une figure charismatique capable de renouer avec les idéaux de ce parti historique, fer de lance dé l’émancipation ivoirienne ?
5- Parce qu’il est l’un des hommes les mieux informés du pays, et parce qu’il est celui qui détient le plus de cartes en main, le Chef de l’État dispose d’un temps d’avance qui fait qu’il est à l’abri d’une mauvaise surprise , d’autant plus qu’il a tiré les leçons de la révolte contre les factures d’électricité et des mutineries des ex-FN, en passant par la gestion de la question du stock des arriérés avec les fonctionnaires. Le vrai problème est politique, quand on sait que l’image de Ouattara a pris un coup, à cause de l’usure du de l’exercice du pouvoir et des impatiences des populations . Le « ras le bol » pour ne pas dire les impatiences de ces populations peut même conduire certains à vouloir nouer des alliances en dehors du Rdr. L’alliance Rdr-Forces nouvelles est une alliance Nord-Nord. Existe-t-il une place pour une alliance Nord-Sud, sans le Rdr ?
Le difficile « métier » de Président de la République
Les tensions, les angoisses, les responsabilités et le stress de la fonction en font vite oublier les privilèges. « Quand je vois le Chef dans certaines situations, ça ne m’intéresse pas qu’on cite mon nom dans la bataille de succession. Il faut aimer le pouvoir vraiment pour vivre ces choses ! Si c’est ça être Président, je ne suis pas dedans », a commenté un proche d’Alassane Ouattara pour exprimer les difficultés de la fonction présidentielle.
Qui, dans les prétendants à la succession de Ouattara en 2020, possède cette force et cette dimension d’homme d’État, cette capacité de dépassement et de rassemblement ?
La magistrature suprême n’a rien à voir avec le statut de chef de parti ou d’un clan. On ne gouverne pas un pays avec un clan ou une fraction des citoyens. Entrer dans l’histoire, c’est autant dans les petits actes, que dans les grands.
Le talent et l’inspiration qui ont fait jaillir l’idée de la solution diplomatique dans l’affaire des écoutes au Burkina Faso, mettant en cause déjà Guillaume Soro , ne seront pas de trop pour nourrir la réflexion du numéro 1 ivoirien.
Wakili Alafé



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