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Justice populaire; crise de confiance ou pathologie?

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L’assassinat récent d’un capitaine de l’armée Ghanéenne par une foule en furie qui l’aurait pris pour un malfrat remet à l’ordre du jour cette pratique macabre qui a cours dans nos pays, la justice populaire ou la justice instantanée pour les anglophones. Des scènes d’humiliation, de bastonnade publique ou d’exécution sommaire de personnes accusées ou suspectées d’être des voleurs, des homosexuelles ou tout simplement mal habillées sont monnaies courantes dans nos villes en Afrique Sub-Saharienne. Mais qu’est-ce qui explique cette pratique qui relève plus de l’instinct dans des sociétés humaines modernes?
La sécurité dans les sociétés modernes est assurée par des forces de défenses et de sécurité. Plus précisément par la police pour ce qui concerne la sécurité civile, la protection et le maintien de l’ordre. La police est donc la première force légitime habilitée à « extirper » du milieu de la société tout individu ou toute entité se présentant comme menace à la quiétude et à la sécurité des populations. Cette mission est régie par la loi et en théorie, la police est dotée de la formation et des moyens pour assurer la protection des populations.
Cependant, il existe une véritable crise de confiance entre les populations et la police dans nos pays en voie de développement. La police ne rassure pas. Ce n’est un secret pour personne, sous nos tropiques, lorsque la police est sollicitée pour une intervention, la première réponse est que le véhicule n’a pas de carburant. Aussi, à tort ou à raison, les forces de l’ordre sont-elles accusées de libérer les malfrats et les voleurs qui leur sont confiées. La corruption, le racket et le manque de professionnalisme de la police ont amené les populations à abandonner le réflexe de recourir à la force légitime en cas de danger pour se rendre justice elles-mêmes; donnant lieu à toute sorte d’abus tel le cas de cette artiste chanteuse Burkinabé Adja Divine prise pour une voleuse d’enfant et lynchée par des jeunes ou le cas récent du capitaine Mahama au Ghana. Combien de personnes innocentes ont-elles gardées des séquelles à vie ou perdues la vie de façon arbitraire à travers cette pratique de la justice populaire?
Par ailleurs, même pour le policier qui a une conscience professionnelle et la volonté d’agir, la tâche n’est pas aisée. Le sous-équipement, le manque d’infrastructures routières, le manque de système d’adresses dans nos villes rendent sa tâche très ardue. Ce qui explique la lenteur, l’inefficacité et fait perdurer la pratique macabre de la justice populaire.
Comparaisons n’est pas raison certes, mais je tiens à partager cette expérience vécue aux Etats-Unis. Nous étions sur la célèbre « Washington Mall » précisément au pied du Lincoln Memorial lorsqu’une de nos compatriotes, drépanocytaire, a piqué une crise. En moins de cinq minutes après que nous ayons appelé le 911, trois équipes différentes se présentèrent ; la police, les pompiers et une ambulance médicale. Cela explique pourquoi en France, aux Etats-Unis, le premier réflexe d’un citoyen en danger est de faire appel à sa police. Quand le Congolais, le Ghanéen, le Burkinabé ou l’Ivoirien aura-t-il SA police, une police efficace et qui rassure?
La justice populaire prendra fin lorsque nos polices et nos pompiers seront à même de répondre avec célérité à un appel avec conscience professionnelle, lorsque les équipements et les infrastructures routières seront disponibles pour permettre une intervention rapide et efficace, c’est alors que la funeste justice populaire pourra prendre fin.
Le dire ainsi, c’est rejeter toute la faute au système sécuritaire.  L’autre cause du phénomène de la justice populaire, c’est bien le manque d’espoir caractéristique d’une certaine jeunesse urbaine dont l’expression la plus courante est la violence. Le manque d’emploi, l’oisiveté, la toxicomanie et le désespoir conduisent les populations à s’inscrire dans une posture de conquête. Tout comme dans la jungle, le désespéré donne libre court à son instinct de survie, voulant retirer de son milieu toute entité se présentant comme une menace par la seule force de ses muscles. Un jeune cadre, un étudiant consciencieux et remplis d’espoir pour son avenir ne prendra pas part à une telle pratique.
Mettre fin à la pratique de la justice populaire demande une approche holistique. Nos forces de sécurité doivent être dotées de matériels et d’équipement et surtout d’un professionnalisme irréprochable. En plus, la réalisation d’infrastructures routières, l’attribution systématique de nom et de numéro aux rues, le respect du code de la route par tous les usagers pourront permettre à la police de répondre avec célébrité aux sollicitations de la population.
ENFIN et nous le réaffirmons comme toujours, la jeunesse sans espoir en qui la violence verbale et physique s’est enracinée devra passer par un processus transformationnel à travers le service civique, la formation aux métiers, la motivation et la formation au leadership par lesquels cette jeunesse pourra dompter la violence et la transformer en force positive et constructive. 
AKO Essan Emile
 
 
 



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