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Lettre ouverte à Denis Sassou N’guesso:Le peuple congolais doit-il payer pour vos fautes ?

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Dans la lettre ouverte ci-dessous adressée au président congolais, Denis Sassou N’guesso, l’auteur lui demande d’arrêter de harceler ses opposants dont certains dans le meilleur des cas, croupissent en prison. D’autres, au pire des cas, sont tout simplement envoyés ad patres. C’est pourquoi l’auteur lui demande d’assumer avec courage son passé. Car, comme on aime à le dire, Sassou peut échapper à la justice des hommes mais pas à la justice immanente. Lisez !
Excellence Monsieur le président, votre pays est sous les feux de la rampe, ces derniers temps, et cette situation n’est pas étrangère à votre gouvernance. On le sait,  vous totalisez plus de trois décennies de pouvoir  à la tête du Congo Brazza.  Arrivé au sommet de l’Etat en 1979 par la force des armes plutôt que par celle des arguments, vous vous êtes ensuite mordu le doigt d’avoir permis une ouverture démocratique qui aura entraîné votre défaite  dans les urnes et provoqué l’arrivée du brillant généticien de son état, Pascal Lissouba.
Vous semblez vous être juré de ne plus jamais vous laisser avoir par le maudit jeu de la démocratie
Du fait de votre goût très prononcé du pouvoir,  vous avez vécu cela comme une humiliation. Par tous les moyens, il vous fallait reprendre votre « dû » et c’est ainsi que vous parviendrez à reconquérir le pouvoir par les canons en 1997, avec la complicité de la France  de  Jacques  Chirac. Depuis lors, vous ne  manifestez aucune intention de  faire valoir vos droits à la retraite, bien au contraire,  vous semblez vous être juré de ne plus jamais vous laisser avoir par le maudit jeu de la démocratie.  A présent, c’est  visiblement  la logique absolue du « J’y suis et j’y reste forever ». Vous régnez donc en maître absolu sur la nation congolaise qui se gargarise injustement d’être une République. Mais cela crève les yeux, sous votre magistère,  le Congo Brazza est aujourd’hui tout, sauf une République du fait de vos lubies et autres excès de potentat.   Trois décennies de pouvoir !  C’en est trop ! Dans votre for intérieur,  vous ne vous faites certainement pas d’illusions : vous êtes craint  plutôt qu’aimé des Congolais.   Et comble de malheur, ils semblent s’être résignés à la réalité qu’il n’y a plus rien à faire. Ils ont donc fini par abdiquer.   Sachant à quel type de satrape  ils ont affaire, ils ont fini par se faire une religion : Brazzaville n’est pas Ouagadougou et Sassou Nguesso n’est pas Blaise Compaoré. Car, si Blaise Compaoré a renoncé à tenter la solution du pire quand le pouvoir avait pratiquement  achevé de lui filer entre les doigts et que les carottes étaient quasiment cramées pour son pouvoir, les Congolais savent que vous, au contraire, êtes prêt à tout, y compris à enjamber leurs cadavres pour  rester le chef incontesté.   
Le colonel Marcel Ntsourou mort  récemment et de façon mystérieuse en détention
 A ceux   donc qui disent que vous ne supportez ni ne souffrez la contestation, il est difficile de ne pas leur donner raison. Du reste,  quel sort réservez-vous  à ceux qui osent s’affranchir de votre  tutelle et se dresser sur votre chemin ? Beaucoup l’ont payé de leur vie. A l’instar de votre ex-bras droit,  le colonel Marcel Ntsourou, mort  récemment et de façon mystérieuse en détention, certainement parce qu’il fallait à tout prix le faire taire à jamais ; lui qui en savait un peu trop sur vous.  Quid de l’un de ses avocats, aujourd’hui en prison, qui  devrait  avoir de sérieuses raisons de craindre pour sa vie ?  Comme lui, les plus chanceux croupissent en ce moment derrière les barreaux, à l’image du  général Jean-Marie Michel Mokoko dont les malheurs d’aujourd’hui ne sont pas étrangers à son rêve d’avoir voulu être calife à la place du calife.  
Vous vous souciez comme de vos vieilles godasses, de votre image à l’extérieur.
Et que dire de  Paulin Makaya, le leader de l’Union pour le Congo (UPC) qui, lui aussi,  a maille à partir avec la Justice du Congo ?  Tout se passe comme si, malgré les nombreuses critiques internationales, vous vous souciez comme de vos vieilles godasses, de votre image à l’extérieur. Bien entendu, vous et votre entourage ne manquerez jamais d’arguments pour accabler tous vos anciens collaborateurs, ceux qu’il faut tuer en les  accusant de rage.   Mais nul n’est dupe.   Tous ces anciens proches aujourd’hui en dissidence, doivent aujourd’hui leur calvaire à leur audace ou plutôt à ce que vous percevez aujourd’hui comme de l’ingratitude à votre égard !
Excellence Monsieur le président, quelle image renvoyez-vous au reste du monde ? Vous en souciez-vous seulement ? 
L’Afrique de l’Ouest continue à faire des progrès énormes en matière de démocratie et d’alternance, à l’exception toutefois du Togo
On dit des dirigeants d’Afrique centrale  qui passent pour être les « Toto » de la démocratie sur le continent noir, qu’ils ne se rassasient jamais de pouvoir, et par conséquent, ils abhorrent l’alternance démocratique.  Et il faut craindre qu’il en soit ainsi, pour longtemps encore, alors que, pendant ce temps,  l’Afrique de l’Ouest continue à faire des progrès énormes en matière de démocratie et d’alternance à l’exception toutefois du Togo dont la Constitution  a servi sur un plateau d’or, le caviar de la non-limitation des mandats au bénéfice de  Faure Gnassingbé qui a toute la latitude de renouveler ad vitam aeternam son bail au palais de Lomé II.   
Excellence  Monsieur le président, quand consentirez-vous enfin à passer la main pour ne pas donner l’impression que ce qui est  bon, ne doit l’être que pour vous et votre clan ?  J’ai suivi un documentaire datant des années 80, dans lequel vous vous affichiez fièrement aux côtés du président Thomas Sankara en visite officielle chez vous à Pointe-Noire. Le jeune président  burkinabè brillait de mille feux au point qu’il paraissait avantageux, pour vous, de montrer  à votre peuple que vous étiez en totale phase avec lui. Les dividendes politiques étaient énormes. De ces années à ce jour, convenez qu’il y a toute une éternité ! Toute une génération n’aura connu que vous, comme président.  Bien sûr, vos partisans et autres Raspoutine ne manqueront pas de rétorquer que vous n’êtes pas le seul à avoir passé tant d’années au pouvoir. Car, après tout, vous ne détenez pas la palme  en matière de longévité au pouvoir en Afrique, à côté des présidents Paul Biya, Dos Santos, Mugabe,  Obiang Nguéma et autres.  
Vous êtes toujours prêt à resservir  l’argument spécieux, comme vous l’aviez dans le temps souligné, que même en Allemagne, il n’y a pas de limitation de mandats. Sauf que  ce pitoyable mémoire en défense cache bien mal une réalité sordide : le peuple congolais est sous votre férule, contrairement au peuple allemand totalement libre de choisir ses dirigeants. Et la chape  de plomb qui n’en finit pas d’étouffer le peuple congolais,  a quelque chose de  moralement abject. Votre comportement peut être expliqué par le fait que vous n’êtes pas un homme tranquille.    Car,  on peut imaginer qu’un éventuel après-pouvoir, pour vous, sonnerait le début de tous vos malheurs. En un mot comme en mille, à l’idée de penser à une vie en dehors du pouvoir,  vous en êtes malade ; une épouvante s’il en est ! Surtout que vos placards pourraient  crouler sous le poids de vos nombreux cadavres, compte tenu des nombreuses affaires d’Etat auxquelles vous pourriez être associé, dont « les disparus du  Beach », l’explosion du dépôt d’armes de Mpila et j’en passe. On peut donc imaginer que vous ne voulez pas prendre le risque de vous exposer ; de vous lever de la dalle sur laquelle vous êtes assis et sous laquelle vous cachez bien des dossiers  ténébreux de la République !
 Excellence Monsieur le président,  le peuple congolais doit-il, pour autant, payer pour vos fautes ?  N’y a-t-il pas lieu, pour vous, d’assumer avec courage votre passé ? Sans doute en désespoir de cause, ce peuple attend-il à présent que Dame nature fasse son oeuvre pour résoudre « le problème Sassou ».  Et l’on présume que c’est même votre souhait ;  la mort deviendrait  alors une bienheureuse transition entre votre pouvoir et le voyage sans retour, loin des tracas de la vie terrestre ; un scénario qui ne serait pas sans avantage pour vous : ne pas avoir à rendre des comptes et mieux, bénéficier de funérailles nationales et grandioses dignes de votre rang.  Mais à propos du Ciel, si vous y pensez encore – car certains de vos pairs en sont arrivés à penser qu’ils sont immortels - je me pose la question de savoir si vous êtes vraiment croyant. Et si oui, craignez-vous  Dieu ?  Je me permets d’en  douter. Car, au Congo, rien ne peut vous être refusé ; et dans cette posture de toute puissance,  bien des dirigeants en viennent à croire qu’ils sont Dieu incarné sur terre. Peut-être est-ce aussi votre cas.  En tout état de cause, à ceux qui vous font penser cela, opposez-leur l’évidente réalité que vous êtes bel et bien mortel. Et comme tel, aujourd’hui suffisamment avancé en âge, tout ce qui devrait paraître primordial à cet âge, devrait être de  rechercher le Ciel, après avoir tout eu sur  terre.  Cette lettre n’a nullement pour intention de monter votre peuple contre vous. Car,  après tout, c’est à lui de prendre ses responsabilités et nulle autre personne ne le fera à sa place.  Elle n’a pas non plus pour objectif de susciter des troubles à l’ordre public comme on l’entend couramment chez vous.  Elle vise seulement à souligner qu’il n’est peut-être pas tard pour vous ! Dieu a-t-il encore une place dans votre coeur  ?  Si oui, il serait plus judicieux de faire comme l’enfant prodigue dans les Saintes Ecritures.
Par Cheick Beld’hor SIGUE

 
 



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