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Politique

Jammeh échappera-t-il à son destin ?

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Le compte à rebours semble avoir commencé pour Yahya Jammeh. C’est le moins que l’on puisse dire. Car le pays  vit les heures les plus longues de son histoire. A 24 heures de l’intronisation du nouveau président, Adama Barrow, pour l’instant en exil au Sénégal,  Yahya Jammeh continue de bander les muscles, allant jusqu’à décréter l’état d’urgence en Gambie. C’est la preuve qu’il est décidé à se battre jusqu’au bout. Les Gambiens semblent revivre les heures chaudes de la crise des fusées de Cuba en 1969, lorsque navires soviétiques transportant les fusées nucléaires à destination de l’Île de Fidèle Castro  et navires de la US Navy chargés de la mission  de les intercepter, semblaient  sur le chemin du non-retour avant le clash, faisant planer sur le monde entier l’imminence d’une troisième guerre mondiale. Mais à observer la situation de près, le rapport de forces semble défavorable à Yahya Jammeh. Et pour causes. D’abord, parce que le vide se  crée de plus en plus autour de lui ; en témoigne la démission en cascade de certains de ses ministres. En effet, les ministres des Affaires étrangères et de l’Environnement ont  emboîté le pas à celui de la Communication, prenant aussitôt leurs jambes à leur cou pour échapper à la furie meurtrière du dictateur. Ce mouvement devrait aller en s’amplifiant à mesure que s’approche la date fatidique du 19 janvier.
La sérénité du camp présidentiel n’est que de façade
Pour l’instant, seuls les téméraires  ont décidé de prendre fait et cause pour le satrape. Du reste, l’attitude ferme de la Communauté économique  des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vis-à-vis du dictateur, devrait constituer un puissant viatique pour ce mouvement de résistance. La sérénité qu’affiche le camp présidentiel n’est donc que de façade. Ensuite, l’équilibre des forces est aussi en défaveur de Jammeh, en raison du fait qu’il manque désormais d’arguments juridiques pour se maintenir à la tête de l’Etat. Le paravent juridique derrière lequel il s’abritait vient de voler en éclats. En effet, le président de la Cour suprême dont le verdict était attendu suite au recours introduit par le parti présidentiel vient, comme on le dit dans le jargon juridique, de se récuser. La Cour se dit incompétente à connaître du contentieux et estime même qu’elle ne dispose ni de moyens ni du délai  nécessaires pour le faire. Le juge nigérian  fauche ainsi  l’herbe sous les pieds de Jammeh qui se retrouve pris à son propre piège. Si jusque-là il pouvait se prévaloir de faire dans la légalité en usant des voies de recours prévues par la Constitution gambienne, cette sortie du président de la plus haute juridiction du pays met un terme au débat sur ce point. Ce verdict de la Cour suprême apparaît comme pain bénit pour l’organisation sous-régionale qui, on le sait, est à la recherche d’un mandat pour user de la force si besoin en était en Gambie. Car, une fois intronisé, le président Adama Barrow disposera de la légitimité et de la légalité nécessaires pour introduire auprès de la CEDEAO,  une demande d’intervention pour débusquer l’usurpateur Jammeh. Mais en attendant qu’elle intervienne militairement, on peut déjà se féliciter de la fermeté et de l’engagement de la CEDEAO à mettre fin à l’infamie. En Afrique de l’Est, la Communauté économique des Etats de l’Afrique  de l’Est (CEEAC) s’est montrée incapable d’une telle attitude vis-à-vis de Pierre Nkurunziza qui, lui aussi, au mépris des dispositions constitutionnelles et de toute éthique, s’est maintenu de force à la tête de son pays.
Jammeh risque de se retrouver dans la posture du général sans troupes
Enfin, on peut dire que la situation du satrape semble de plus en plus intenable, en raison de la remontée en surface des failles dans la Grande muette qui, jusque-là, semblait soudée derrière lui. Les récentes arrestations au sein de l’armée prouvent, en effet, qu’il existe dans le semblant de béton qui faisait les assises du pouvoir Jammeh, des lézardes. Même si ces arrestations peuvent être perçues comme  des signaux d’avertissement pour les militaires qui peuvent se laisser séduire par la sédition, elles n’en demeurent pas moins des signes que les rangs commencent à se clairsemer. Les désertions devraient se multiplier au fur et à mesure que les menaces d’intervention militaire de la CEDEAO vont se préciser. Jammeh risque fort bien de se retrouver dans la posture du général sans troupes. C’est dans ce contexte d’incertitudes pour le pouvoir en place,  qu’intervient l’offre de bons offices  du Maroc,  après l'échec de l'initiative de la CEDEAO  pour convaincre Jammeh de céder le pouvoir pacifiquement. Le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita, est, en effet,  en Gambie depuis plusieurs jours pour offrir son pays comme terre d’accueil au président gambien s’il venait à accepter les résultats des urnes. Rabat compte pour cela sur les excellentes relations diplomatiques qu'elle entretient historiquement avec la Gambie, ce qui donne à cette médiation une petite chance d'aboutir.  Mais sauf cataclysme, cette médiation marocaine devrait connaître le même sort que les médiations antérieures. On se rappelle que l’offre du Nigeria avait été refusée par le dictateur, au motif que le pays est signataire du Traité de Rome. Le Maroc étant aussi partie prenante du Traité de Rome, il  ne saurait donc être un asile  sûr aux yeux du satrape qui cherche à échapper à son passé.
Il faut donc redouter le pire. Deux  scénarii restent possibles et il reste possible que les évènements s’accélèrent au fur et à mesure que la tension monte pour opérationnaliser l’un ou l’autre. Soit l’armée gambienne prend ses responsabilités pour déposer le tyran, évitant à la Gambie les affres de la guerre,  soit la guerre se précise avec ses graves conséquences tant redoutées pour toute la sous-région. En tout cas, la CEDEAO semble être allée trop loin pour reculer.  Dans l’un ou l’autre cas, Yahya Jammeh n’échappera pas à son destin. Il a vécu comme Néron  et périra comme Néron.
 



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