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Societe

Mépris, sexisme…..... le concours Miss France se fait écharper

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C'est Alicia Aylies, Miss Guyane qui a été élue Miss France 2017 samedi soir. Osez le féminisme dénonce un concours où seule l’apparence compte. Sonia Rolland, ancienne lauréate, fustige le snobisme dont sont victimes les participantes.

  • Lorsque le chef a demandé un papier sur Miss France pour mettre un peu de paillettes dans nos cœurs cyniques, on a tout de suite pensé à Miss Champagne-Ardenne, candidate à la consécration samedi soir. Pas parce qu’elle est plus belle ou plus intelligente que les autres, on n’en sait rien, mais pour son patronyme : Charlotte Patat. Donner comme prénom à sa fille une variété de pomme de terre quand on s’appelle déjà Patat, il fallait oser. Ses parents l’ont fait, et on voulait, rien que pour ce moment simple de bonheur nymique, les remercier vivement. Difficile néanmoins de tenir tout un papier sur cette blague, à imaginer des partenariats avec la chaîne de restaurants la Pataterie pour celle qui aurait pu être la belle de Fontenay si la Geneviève aux chapeaux était encore aux manettes. Sachez, Charlotte Patat, que quoi qu’il arrive vous avez par avance notre voix.
Reste que, comme chaque année, ce concours n’échappe pas aux polémiques. Dans un communiqué cinglant, Osez le féminisme a protesté contre un événement «ringard en cela qu’il considère encore les femmes comme des potiches, qui ne doivent surtout pas déborder du cadre défini. Toutes les jeunes femmes qui s’apprêtent à concourir devant les caméras valent beaucoup mieux que l’écharpe et le diadème. Les femmes n’ont pas à se plier à un concours de beauté pour définir leur valeur. Elles seules la définissent.» Pour sa porte-parole, Claire Serre-Combe, «il est très curieux qu’en 2016, on éprouve encore le besoin de mettre en concurrence des femmes non pas sur des critères intellectuels ou de mérite, mais sur des critères purement physiques»«Les féministes se trompent de combat. Depuis quelques années, les candidates s’engagent dans de belles causes. Elles agissent aussi pour améliorer la condition féminine», a rétorqué Sylvie Tellier, Miss France 2002, désormais directrice générale de la société organisatrice.

Critères moralisateurs

Les reproches ne sont pas nouveaux. Ils étaient les mêmes en 2015, en 2014 et recommenceront en 2017 sans que rien ne change. Chaque année l’émission est un succès d’audience, 8,1 millions de téléspectateurs sur TF1 l’an dernier. Tout le monde commente sur les réseaux sociaux, pour en dire du bien ou du mal pendant les trois heures interminables de la retransmission et les lauréates accèdent à une notoriété nationale aussi rapide qu’inespérée. Dans une société de la notation permanente, d’Uber à Airbnb en passant par Danse avec les stars et les émissions de cuisine, il serait étonnant que le physique échappe à cette évaluation (dommage que Mister France n’accède pas à la même popularité).
 
Parmi les nombreuses polémiques autour des concours de beauté, les jugements qui dépassent le physique et intègrent un ensemble de qualités selon des critères moralisateurs : en quoi le fait d’avoir un jour posé nue empêcherait-il d’être la plus belle ? Pourquoi être étudiante en pharmacie, comme Charlotte Patat, notre Pompadour, ou en master à Sciences-Po Paris comme Meggy Pyaneeandee d’Ile-de-France, donnerait un avantage par rapport à une jeune fille sans le bac dont le visage serait aussi lumineux que le soleil d’Icare ? Comme si on demandait aux concurrents d’une compète d’orthographe d’être des bellâtres. Comme si la beauté, dont les canons évoluent à travers les âges, était honteuse et qu’il fallait, toujours, l’associer à d’autres valeurs. Tous ces débats agacent une de nos amies, ancienne miss de concours. Elle nous envoie un SMS : «On peut aimer regarder tout en trouvant par ailleurs complètement con de catégoriser les jouets selon le sexe des enfants. Un peu de légèreté n’a jamais fait de mal à personne. C’est, je pense, franchement valorisant quand on est à la place des nanas. Et puis merde, si on n’a plus le droit de rien faire au nom du kif, tout simplement, et que tout doit avoir un sens, bah putain que c’est triste !»

«Forcément cruche»

Jointe vendredi au téléphone à Montpellier où elle assiste aux répétitions, Sonia Rolland, gagnante en 1999, en des mots plus châtiés ne nous dit pas autre chose : «Vivez-le comme un spectacle, un grand show, qui a radicalement changé ma vie. Ça m’a offert des perspectives auxquelles je n’aurai pas osé songer, surtout pour moi, fille métisse de Bourgogne vivant dans un HLM.» En ce moment, la comédienne et réalisatrice prépare un film qui racontera, tiens, tiens, l’histoire d’une jeune femme participant à un tel concours. En vingt ans, elle décrit un univers qui a radicalement changé, plus organisé, plus contrôlé, plus sponsorisé, tout comme le regard porté sur les participantes. «J’ai bossé comme une malade pour en arriver là. A l’époque, les mondes du cinéma ou de la mode snobaient les Miss France. Ce n’était pas chic d’en employer une.» Avec ce mépris de classe typiquement parisien où «une jolie fille de 18 ans venant de province est forcément cruche»«J’ai l’impression qu’on a une image très faussée, continue Sonia Rolland, parce qu’on ne voit que le résultat, le défilé. L’aventure humaine est invisible, avec ces filles qui viennent de tous les milieux sociaux, de toutes les origines et qui ont une responsabilité énorme.» Elle se souvient des 5 000 francs (760 euros) qu’elle avait empruntés à tout son quartier pour monter à Paris, de la pression qu’elle s’était imposée et, une fois élue, du poids de la couronne lors de toutes les cérémonies officielles, ce que les téléspectateurs de la série The Crown sur Netflix comprendront très bien. Et ajoute, dans un regret, à cause des critiques, notamment sur les réseaux sociaux : «Les participantes cette année sont formidables mais elles n’ont parfois pas confiance en elles. Elles sont persuadées de ne pas faire rêver la France.» 
Quentin Girard
 



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