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Démocratie africaine. La faillite politique de l’opposition ivoirienne.

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Aux yeux du monde entier, l’opposition ivoirienne présente ce spectacle hallucinant : désertant l’espace de l’opposition socialiste ou social-démocrate au gouvernement libéral ivoirien, le Front Populaire Ivoirien, dit principal parti d’opposition d’obédience socialiste, s’est métamorphosé en parti identitaire xénophobe d’extrême droite. S’étant mis volontairement en marge de la république et de démocratie, il appelle ouvertement à la chasse aux étrangers, à la défense de la nation contre une invasion « de gens venus d’ailleurs », à la défense du sang et du sol. Cette faillite est le symptôme révélateur de la vacance d’une opposition démocratique et républicaine en Côte d’Ivoire, un chaînon manquant qui menace l’édifice démocratique ivoirien. L’expression « opposition ivoirienne » doit pour cela être remise en question. D’un point de vue démocratique et républicain, il n’y a pas d’opposition ivoirienne.
Les populations ivoiriennes et la communauté internationale, attendaient des partis d’opposition ivoiriens, des projets sociétaux intégrateurs alternatifs à opposer au gouvernement, une concurrence électorale saine fondée sur la défense des intérêts sociaux et des valeurs démocratiques et républicaines universalistes. S’offrent au contraire à leurs yeux médusés, ce spectacle étrange : des partis d’opposition erratiques sans idéologies partisanes définies, sans projets sociétaux concurrents à opposer au gouvernement ; des partis d’opposition qui réduisent de ce fait leur tâche d’opposition politique à la dénonciation d’une invasion imaginaire du pays par des étrangers, à la dénonciation de la colonisation du pays par des intérêts et « des gens venus d’ailleurs », à la défense du sang et du sol, à la lutte hypothétique contre des étrangers qui auraient, disent-ils, ravis le pouvoir d’Etat à des « autochtones » ; Des partis d’opposition qui réduisent leur devoir d’opposition aux manœuvres d’obstruction de la déclaration du vote, à l’appel au boycott électoral, à l’appel au refus du suffrage universel ; des partis d’opposition qui s’ingénient  à empêcher le peuple de choisir librement ses dirigeants, de les contrôler, de les soumettre à l’épreuve décisive de reddition des comptes ; des partis d’oppositions qui s’ingénient à contrôler le peuple afin de l’utiliser comme ressource politique, au lieu de contrôler le gouvernement par une critique constructive ; des partis d’opposition qui s’ingénient à prescrire des directives au peuple, à lui balancer régulièrement du haut de leur tour d’ivoire, des mots d’ordre qui sont en réalité des mots d’ordre de grèves politiques ; des partis d’opposition dit socialistes qui identifient le socialisme d’opposition au socialisme de la chasse aux étrangers ; des partis d’opposition qui réduisent  l’interpellation du gouvernement aux déclarations de guerre contre le néocolonialisme, contre l’invasion prétendue de la Côte d’Ivoire par des intérêts étrangers et des multinationales.
Des choix erratiques, des discours identitaires incendiaires honteux et scandaleux qui dissimulent mal des stratégies partisanes nauséabondes d’instrumentalisation des populations à des fins privées. Quelle est en réalité la nature réelle du discours identitaire brutal du FPI et de sa clientèle partisane? L’idéologie pitoyable d’un groupe d’intérêt politique assis sur la défense de ses intérêts privés corporatifs, les éructations potentiellement meurtrières d’une faction partisane qui a choisi de déserter l’espace de la société politique ivoirienne pour aller nidifier très loin, en dessous de la société civile afin d’exploiter pour son propre compte politique les affects et les pulsions primaires du sang et du sol. Quelle est la signification réelle des diatribes anticolonialistes proférées contre les multinationales? Des positions et des déclarations exprimant l’abdication politique et la faillite morale d’une faction partisane qui a choisi délibérément de désigner des boucs émissaires étrangers pour dissimuler sa position de catégorie dominante au service de ses propres intérêts de classe dans la société ivoirienne. Quelle est la nature réelle du nationalisme identitaire et complotiste du FPI et de sa clientèle partisane ? Le discours ventriloque insigne d’un fossile politique égaré dans le 21ème siècle, d’une faction partisane passéiste et rétrograde, qui a abdiqué de ses responsabilités parce qu’elle n’est pas à la hauteur des besoins des demandes et des aspirations des catégories sociales et professionnelles ivoirienne des temps nouveaux.
Cette faillite complète de « l’opposition ivoirienne » qui n’en est pas une en réalité, est un véritable scandale, scandale attesté par l’alliance du Front Populaire Ivoirien (FPI) avec le Front National raciste français dont certains responsables n’hésitèrent pas à grimer en singe, l’élu Noire française du parti socialiste Mme Christiane Taubira. Cette métamorphose identitaire du Front Populaire Ivoirien, est donc un cas d’école dans toute de sous-région d’Afrique occidentale, centrale et orientale où cette situation ne s’observe nulle part.
Plus de 60 ans après les Indépendances africaines, cette autodestruction, ce suicide identitaire du Front Populaire Ivoirien et des mini-partis qui en sont les clientèles, interpelle tous les démocrates et les républicains africains qui observent la Côte d’Ivoire. Ce suicide identitaire qui anéantit la perspective d’une opposition démocratique républicaine dans le pays est une véritable exception stupéfiante dans une Afrique indépendante qui a lutté pour la liberté et l’égalité au prix du sang.
Véritable exception et véritable cas d’école en effet, que cette dérive, ce plongeon volontaire d’un parti prétendument socialiste dans les abysses de l’extrême droite identitaire radicale ! Elle témoigne d’une crise absolue des valeurs et des fondamentaux idéologiques de la République et de la démocratie dans le monde partisan de l’opposition ivoirienne. Cette faillite politique et morale du Front Populaire identitaire Ivoirien, maître d’œuvre des « coalitions dites d’opposition » ivoiriennes, montre qu’il est impérativement vital de restructurer politiquement et de régénérer axiologiquement l’opposition dans ce pays. Ce travail de régénération politique et morale est vital, au risque voir la démocratie ivoirienne mourir au fil des crises dangereuses qu’elle devra affronter du fait de la déficience des projets partisans sociétaux et des valeurs du consensus républicains et démocratique. La crise insoluble de la réconciliation ivoirienne en est un signe.
Dr Alexis Dieth
Professeur de philosophie



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