publicité

Societe

Les catholiques américains ont déjà choisi Hillary Clinton

Publié le :

Hillary Clinton et Donald Trump se rencontrent mercredi 19 octobre dans la soirée pour le troisième et dernier débat télévisé avant l’élection présidentielle américaine du 8 novembre.
Le 20 octobre, la candidate démocrate et son rival républicain sont invités tous les deux au traditionnel gala de charité organisé par le diocèse de New York.
Ce sera la dernière occasion pour Donald Trump de séduire l’électorat catholique, plus enclin à choisir Hillary Clinton, alors que les évangéliques lui demeurent fidèles.

C’est un dimanche comme un autre à l’église St. Peter’s. Sous une pluie battante, une centaine de fidèles arrive pour la messe de midi. Dans cette église paisible, posée sur une colline de Staten Island, une île au sud de Manhattan, la politique paraît bien loin.

Hillary Clinton largement en tête dans l’opinion
Pourtant, la veille, le Washington Post révélait une vidéo explosive dans laquelle Donald Trump tenait des propos sexistes et le soir même, le républicain devait retrouver Hillary Clinton pour leur deuxième débat télévisé.
Parmi les fidèles à la sortie de la messe, sur cette île où l’on a voté républicain à onze reprises sur les quatorze dernières présidentielles, on trouve peu de soutiens pour le milliardaire. « Je ne peux pas voter pour Trump. Hillary Clinton est loin d’être parfaite, mais elle est plus morale que lui », estime Joe Batta, un Italo-américain qui penche d’ordinaire à droite.
Sa position est largement partagée chez les catholiques américains. Les chiffres varient, mais les sondages donnent Hillary Clinton largement vainqueur avec plus de 60 % de soutiens au sein de cet électorat, contre environ 35 % pour son rival.
Donald Trump boudé par les catholiques
Encore plus inquiétant pour Donald Trump : l’appui des catholiques qui participent à la messe toutes les semaines, un groupe solidement républicain d’ordinaire, s’érode. En juillet, une étude du Pew Research Center montrait que leur soutien pour la démocrate avait bondi de 22 % par rapport à 2012.
 « Avec cette tendance, conjuguée à la montée en puissance des catholiques hispaniques et le fait que les catholiques » culturels », qui vont moins souvent à la messe, penchent pour Clinton cette année, on aboutit à une situation où elle a une solide avance », analyse Steve Schneck, spécialiste du vote catholique au sein de la Catholic University of America.
Les catholiques moins courtisés que les évangéliques
Malgré leur importance (ils pèsent environ un quart du corps électoral), les catholiques sont de moins en moins courtisés par les politiques, à l’inverse des évangéliques. Mais ils ne sont pas complètement ignorés.
Comme Barack Obama en 2008, Hillary Clinton s’est choisi un colistier catholique : le sénateur Tim Kaine.
Et celui de Donald Trump, Mike Pence, se décrit comme un « catholique évangélique ». Le républicain est allé jusqu’à mettre en place un conseil consultatif chargé de lui faire des propositions sur les sujets qui importent aux catholiques. Parmi ses membres, des parlementaires, des responsables associatifs, des leaders de la droite chrétienne, violemment opposés à la légalisation du mariage homosexuel et aux positions pro-avortement de Barack Obama, et inquiets de la perspective de voir nommés des juges non-conservateurs à la Cour suprême.
L’avortement et le mariage homosexuel au cœur de la campagne
« Les personnes de foi profonde se sentent marginalisées, attaquées », affirme Matt Schlapp, président de l’association conservatrice American Conservative Union et membre catholique du conseil formé par Donald Trump. « C’est le seul candidat à pouvoir offrir un leadership conservateur. »
Gail Buckley, animatrice catholique de l’émission de radio « The Bible Lady », votera aussi pour le milliardaire. Elle dénonce le soutien de Hillary Clinton à Planned Parenthood, l’organisme de planning familial que les républicains veulent fermer, et surtout celui de Tim Kaine, qui se dit opposé à l’avortement mais ne veut pas le rendre illégal. « Je ne pourrai jamais soutenir une administration favorable à l’avortement. Je ne vote pas pour Trump sans inquiétude, mais il n’y a pas d’autre option possible pour moi ».
Mary, une fidèle rencontrée sur Staten Island, est encore plus tranchée : « Les propos de Trump sur les femmes ne changent rien pour moi. Au moins, il dit ce qu’il a dans la tête. Ce qui n’est pas le cas de Hillary Clinton. »
Des propos qui hérissent
Malgré quelques gages, Donald Trump n’a jamais su faire l’unanimité chez les catholiques. En cause : quelques maladresses – il a ainsi affirmé que l’eucharistie donne l’occasion de s’offrir « un petit vin un et un petit biscuit salé » – et ses prises positions hostiles à l’immigration, qui déplaisent aux hispaniques catholiques, de plus en plus nombreux.
En février, le pape François ne les avait pas convaincu du contraire en lançant un cinglant « quelqu’un qui ne pense qu’à construire des murs (…) n’est pas chrétien », en référence à celui que le républicain projette d’ériger à la frontière mexicaine.
 « Nous ne devons pas voter sur un seul thème »
Les positions conservatrices du candidat le mettent aussi en porte-à-faux avec l’électorat catholique d’aujourd’hui, qui est, selon les études, majoritairement favorable à l’avortement et au mariage gay. « Donald Trump s’aide lui-même, mais pas les autres. Il ne donne à aucune œuvre de charité. Quand on se préoccupe des questions de pauvreté, d’éducation, d’immigration, il est impossible pour un catholique de voter Trump », ajoute John Carter, un démocrate du Nebraska qui a lancé le groupe « Catholics for Hillary ».
Démocrate de longue date aussi, Dianne Webler votera Clinton malgré ses positions sur l’avortement. « Le gouvernement ne devrait pas se mêler des droits sexuels et reproductifs des femmes, explique cette catholique new-yorkaise. Les catholiques ont tendance à se focaliser sur l’avortement et l’euthanasie, mais ils oublient tout ce qui se passe entre : l’environnement, les problèmes de pauvreté et de santé, la criminalité… Nous ne devons pas voter sur un seul thème. »
Deux candidats peu convaincants
Donald Trump n’a toutefois pas renoncé à s’attirer les suffrages des catholiques. Depuis plusieurs jours, son camp tente d’attiser une polémique survenue avec la révélation par WikiLeaks d’un échange d’e-mails entre une porte-parole (catholique) de la candidate et le membre d’un club de réflexions. Au cours de cet échange, ce dernier raconte que les figures les plus puissantes du mouvement conservateur sont catholiques car ils sont attirés par les « relations rétrogrades entre les sexes » qu’induirait le catholicisme.
Mais ces polémiques ne suffisent pas. « Je pense qu’elle fera un très bon score parmi les catholiques cette année, autour des 60 % », estime Steve Schleck. Barack Obama avait recueilli 51 % de leurs suffrages en 2012.
Nick, lui, renvoie les deux candidats dos à dos et n’ira pas voter le 8 novembre. « Hillary Clinton n’est pas honnête et Donald Trump n’est pas qualifié moralement pour diriger le pays, dit ce catholique de Staten Island. C’est la première fois que je n’irai pas voter, mais j’ai perdu toute confiance dans le système politique. »
LE VOTE CHRÉTIEN AUX ÉTATS-UNIS
Le vote catholique représente 25 % de l’électorat américain. Il est loin d’être monolithique : majoritairement démocrates jusque dans les années 1970, les catholiques se partagent aujourd’hui entre les deux grands partis à parts égales. Ils se trouvent dans des « swing states », les « états-bascule » (Ohio, Wisconsin, Pennsylvanie, Michigan).
- Les protestants non évangéliques (20 % de la population américaine) se partagent aussi entre les deux partis, les plus pratiquants votant républicain.
- Ayant voté majoritairement démocrate aux précédentes élections : les « nones », sans affiliation religieuse (20 %) ; les Afro-Américains, catholiques et protestants (10 %) ; les hispaniques, catholiques ou évangéliques (17 %, mais taux de participation très bas) ; les juifs (2,5 %) ; les musulmans (1 %).
- Ayant voté majoritairement républicain : les évangéliques blancs (25 % de l’électorat américain) ; les catholiques blancs et les plus pratiquants ; les mormons (2 %).
ALEXIS BUISSON, à New York
 



publicité

FIL INFO

16 avril 2024

Législatives nationales 2023: la Cour constitutionnelle examine ses éventuelles erreurs matérielles

16 avril 2024

12 citoyens ordinaires recherchés pour l'extraordinaire procès de Donald Trump

16 avril 2024

Journée mondiale des Loisirs 2024: L'écosystème ludique mis en lumière comme produit d’appel attractif

16 avril 2024

Mali : Alliance des États du Sahel : La force conjointe neutralise de nombreux terroristes

16 avril 2024

Le Sénégal occupe la quatrième place dans le rapport rendu public par la commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR) citant les pays dont les ressortissants bénéficient de demandes d’asile



Fanico

Lamine KANE. 13 février 2024
Conte des faits renversants
Valer St Clair 9 février 2024
CAN : Non aux courses d'autorités sur la pelouse !
Dr. Yalamoussa Coulibaly 6 février 2024
Diversité de noms chez les Sénoufo
Emmanuel Koffi 17 janvier 2024
Lettre ouverte au Premier Ministre Robert Beugré Mambé

publicité