Sans surprise, la Cour constitutionnelle gabonaise a validé dans la nuit du 23 au 24 septembre la réélection du président Ali Bongo Ondimba, invalidant le recours de son rival Jean Ping.
Au terme de deux semaines d’un faux suspense, la Cour constitutionnelle gabonaise a validé au milieu de la nuit du vendredi 23 au samedi 24 septembre la réélection d’Ali Bongo. Dans une salle quasiment déserte, la présidente de la Cour Marie-Madeleine Mborantsuo a indiqué que son écart en nombre de voix vis-à-vis de son rival Jean Ping était même plus important qu’avant ce nouveau comptage des voix : 50,66 % des suffrages pour Ali Bongo contre 47,24 % à Jean Ping.
Ali Bongo appelle l’opposition au dialogue
Après l’annonce de ces nouveaux résultats, le président réélu a aussitôt appelé dans une allocution télévisée « tous les responsables politiques, y compris les candidats malheureux à l’élection du 27 août, à un dialogue politique ».
Le candidat vaincu, Jean Ping, n’avait toutefois toujours pas réagi à ces nouveaux résultats, sur lesquels il ne se faisait guère d’illusions. L’exécutif l’avait personnellement mis en garde, dès le 21 septembre, indiquant qu’il serait arrêté s’il franchissait « la ligne rouge » dans l’hypothèse où il n’obtiendrait pas gain de cause en justice.
Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP) après l’annonce de la Cour constitutionnelle, son porte-parole Jean Gaspard Ntoutoume Ayi ne laissait toutefois guère de doute sur son état d’esprit : « Nul ne peut contester le fait que Jean Ping a largement gagné cette élection », réagissait-il, tout en laissant entendre que Jean Ping s’exprimerait le samedi 24 septembre dans la matinée.
C’est lui, pour rappel, qui avait déclenché deux semaines plus tôt ce recours auprès de la Cour constitutionnelle gabonaise, à la suite des premières annonces de résultats qu’il contestait, notamment ceux de la province du Haut-Ogooué, fief du clan Bongo, où le président sortant affichait un résultat frôlant l’unanimité : 99 % de participation, et 95 % des suffrages exprimés.
La proclamation de ces résultats, le 31 août dernier, et celle de la réélection d’Ali Bongo avaient provoqué des émeutes réprimées dans le sang, ainsi que des scènes de pillage à Libreville et dans plusieurs villes de province.
Des barrages policiers ou militaires dans tout Libreville
Depuis le 23 septembre, et afin d’empêcher à nouveau de nouvelles scènes analogues après l’annonce des conclusions de la Cour constitutionnelle, la capitale du pays Libreville se trouve placée en état d’alerte. Un très important dispositif policier et militaire a été déployé dans le centre de la capitale, qui s’est vidé et où, de fait, le calme semblait régner dans les heures qui ont suivi cette annonce.
Mais la tension est on ne peut plus vive et la population redoute les heures et jours à venir. « On est dans la psychose, on a peur », expliquait dès vendredi 23 un enseignant interrogé par l’AFP devant les grilles d’une banque. « On veut prendre notre argent pour pouvoir faire nos provisions. Nous avons des familles à nourrir si jamais le pays se retrouvait dans une situation de chaos ».
L’ancien patron du renseignement arrêté
Par ailleurs, l’ancien patron du renseignement Léon-Paul Ngoulakia, cousin d’Ali Bongo Ondimba récemment passé à l’opposition, a été interpellé à Libreville, selon plusieurs sources concordantes.
L’ambassade de France, sur son site, a demandé aux quelque 10 000 ressortissants français au Gabon « dès la proclamation des résultats (…) d’éviter tout déplacement jusqu’à nouvel ordre ».
Aucun acte de violence n’avait été signalé samedi 24 en fin de matinée à Libreville, où les rues demeuraient quasi désertes, les véhicules circulant étant systématiquement fouillés, et où tous les accès au centre-ville faisaient l’objet de barrages de police, de gendarmerie ou de l’armée, de même que les accès au palais présidentiel, sur le front de mer, bloqués par la Garde républicaine.