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Gabon:« un échoué admis et un admis échoué » L’Eglise sera-t-elle entendue ?

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Tous les Gabonais attendent la proclamation définitive des résultats de la présidentielle. Et le moins que l’on puisse dire est que cette attente se fait dans l’angoisse et la peur. Car, chacun des deux partis du contentieux électoral, est plus que convaincu de sa victoire. De ce point de vue, l’on ne sait pas quel genre d’arrêt, l’institution pilotée par Marie-Madeleine Mborantsuo, peut prendre à la satisfaction de tous les protagonistes. De ce fait, tout le pays retient son souffle et n’a d’yeux et d’oreilles que pour le 23 septembre 2016, date butoir que s’est donnée la Cour constitutionnelle pour se prononcer définitivement sur les résultats de la présidentielle gabonaise. C’est dans ce contexte que les Eglises catholique et évangélique du pays ont délivré, le samedi 17 septembre dernier, un message à la Nation. Dans celui-ci, les hommes de Dieu, s’inquiétant de la crise que traverse le Gabon, invitent non seulement « toutes les forces vives à se ressaisir », mais aussi la Cour constitutionnelle à trancher le  contentieux électoral sur la base de la vérité des urnes.
En cas de grabuge, nul ne pourrait faire le reproche à l’Eglise de n’avoir pas joué sa partition
Cette dernière exigence est capitale selon l’Eglise, pour conjurer le pire que bien des observateurs prévoient pour le Gabon. Là-dessus, le président de la conférence épiscopale du Gabon, Mgr Mathieu Madèga, a été on ne peut plus clair et net, quand il affirme ceci : « Pour qu’il y ait tranquillité, il suffit que cette vérité objective, facilement vérifiable, soit proclamée. Par contre, déclarer un échoué admis et un admis échoué, on ensemence un venin difficilement déracinable dans le temps et l’espace ». On peut se permettre de dire que l’Eglise a bien parlé, rejoignant en cela la position de l’UE (Union européenne) et des Etats-Unis d’Amérique. En tout cas, en cas de grabuge, nul ne pourrait faire le reproche à l’Eglise de n’avoir pas joué sa partition. La grande question que l’on peut se poser maintenant est de savoir si l’Eglise sera entendue. La réponse est désormais dans le camp de la Cour constitutionnelle. Marie Madeleine Mborantsuo est désormais face à sa conscience et à l’histoire. Tranchera-t-elle en faveur de la vérité objective telle que le souhaite l’Eglise ? Ou va-t-elle, comme le redoute la même Eglise, déclarer « un échoué admis et un admis échoué » ? L’on croise les doigts pour que la structure de Dame Marie Madeleine soit inspirée par la sagesse de Salomon. Mais, sans forcément vouloir lui faire un procès d’intention, l’on peut se risquer à dire que la probabilité est grande que la Cour constitutionnelle, après délibération, opte pour la validation des résultats à elle soumis par la CENAP. Elle va peut-être, dans le meilleur des cas, opérer des retouches en ce qui concerne certains résultats engrangés par chaque candidats dans quelques bureaux de vote, mais in fine, cela ne sera pas de  nature à inverser le classement fait par la CENAP. L’on peut d’autant plus envisager ce scénario, qu’en Afrique, dans bien des pays, il n’est plus permis de douter du fait que les Cours constitutionnelles sont aux ordres des princes régnants. Ce n’est surtout pas le Gabon des Bongo qui va échapper à cette règle. Et les présidents inamovibles d’Afrique, le rendent très bien à leur Cour constitutionnelle en termes de privilèges. Car, sans leur complicité, ils savent qu’ils ne peuvent pas fausser, en toute impunité, le jeu de la démocratie par la triche et autres manipulations des résultats. Un autre élément qui pourrait conforter notre analyse est l’invite faite à l’UA par le pouvoir gabonais, à prendre part aux travaux de la Cour constitutionnelle en tant que témoin. Il faut rappeler que ce privilège avait été catégoriquement refusé à l’UE. Le pouvoir a beau justifier ce choix en invoquant le principe de la souveraineté du pays, l’on peut parier que la vraie raison se trouve ailleurs.
l’UA a l’occasion au Gabon, de déconstruire la mauvaise image qui lui colle à la peau
En effet, l’UE  pourrait ne pas passer par des circonlocutions diplomatiques pour asséner certaines vérités à propos de la manière dont les choses se sont passées à la présidentielle gabonaise. Ali Bongo, par conséquent, ne pouvait pas prendre le risque d’associer des gens qui peuvent avoir le culot de lui dire, droit dans les yeux, à cette étape cruciale du processus électoral, ce qu’ils ont réellement vu. Et cette récusation de l’UE pourrait être partagée par bien des présidents africains peu soucieux de la démocratie dans leur pays. Tous ces chefs d’Etat n’hésiteront pas à applaudir à tout rompre leur homologue gabonais pour avoir, à leurs yeux, empêché les toubabs de fouiner dans les affaires intérieures d’un pays africain. Cette musique-là est particulièrement appréciée de tous les dictateurs africains. Et le paradoxe est que ces derniers n’ont aucune gène à se tourner vers ces mêmes toubabs lorsqu’il s’agit de financer leurs élections. L’UE ainsi récusée, le pouvoir gabonais se dit prêt à accepter l’UA dans le dernier round de l’élection présidentielle. Cette attitude est plus que suspecte. En effet, tous ceux qui connaissent bien cette structure, savent qu’elle a rarement plaidé pour la cause de la vraie démocratie. L’UA, peut-on dire, a pratiquement fait de cette posture une religion. De ce point de vue, Ali Bongo sait qu’il n’a rien à craindre de la présence de l’UA aux côtés de la Cour constitutionnelle, même dans l’hypothèse où il aurait effectivement trafiqué les résultats dans le Haut-Ogooué, comme le clame le camp de Jean Ping. Toutefois, l’UA a l’occasion au Gabon, de déconstruire cette mauvaise image qui lui colle à la peau depuis toujours. Si elle la rate, elle rendra une fois de plus un mauvais service à l’Afrique en général. Elle aura en particulier sur la conscience, en cas de parjure de la Cour constitutionnelle gabonaise, le prix fort que bien des Gabonais ne manqueront pas de payer.



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