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L’Enquête du jeudi : A quand la distribution des nouvelles cartes d’identités déjà prêtes ?

Depuis le 17 février 2020, l’opération de confection des nouvelles Cartes nationales d’identité (CNI) a été lancée officiellement sur toute l’étendue du territoire nationale. Après une phase pilote qui s’est déroulée du 23 décembre 2019 au 14 février. Mais 5 mois après le démarrage de l’opération, aucun demandeur n’a encore reçu sa carte après les 45 jours fixés comme délai pour le retrait.
 
Pourquoi ce retard dans la délivrance des cartes? Pour tenter d’avoir une réponse, nous nous sommes rendus à l’Office nationale de l’Etat civil et de l’identification (Oneci), au Plateau.
Selon Koné Ahmed, agent enrôleur à l’Oneci, «  toutes les cartes sont prêtes mais elles ne seront délivrées qu’après la cérémonie de lancement de la phase de distribution ». 
 
 « Le Chef de l’Etat recevra en premier sa carte et juste après, les autres demandeurs pourront retirer leurs cartes. C’est à partir de ce moment que le délai de 45 jours sera respecté pour  toute les personnes qui se feront enrôler  », a-t-il souligné.  Alors question : quel jour exactement, le Chef de l’Etat rentrera-t-il en possession de sa carte à lui ? Nul ne peut répondre à cette question. 
 
Pour autant, dame Kadiatou  Bangaly, responsable de l’Oneci du commissariat de police du 21eme arrondissement situé au quartier Derrière rails, dans la commune d’Abobo, affirme pour sa part, que « les nouvelles cartes seront distribuées au cours de ce mois de mai 2020 ». C’est du moins les assurances, qui  lui ont été données par sa hiérarchie.  Elle précise que «  les nouvelles cartes de ceux qui se sont faits déjà enrôlées, sont disponibles à ce jour » 
 
Information que  confirme Bakary Traoré, le chef de l’Oneci de la mairie principale d’Abobo, sans toutefois pouvoir préciser la date du démarrage de l’opération de distribution à grande échelle. Il ajoute tout simplement que la distribution desdites cartes   fera l’objet d’une cérémonie officielle. Au cours de laquelle, le Chef de l’Etat recevra en premier lieu sa pièce. Avant que les autres pétitionnaires ne reçoivent les leurs.
   
                                                       Refus poli de l’Oneci !
 
 Tout en reconnaissant que la délivrance de ces nouvelles Cni accuse du retard, Traoré estime que cela est imputable à la pandémie à coronavirus, qui est venue reléguer au second rang, toutes les priorités nationales initialement définies.  Mais à présent, avec la décrispation progressive de la vie politique économique et sociale que l’on enregistre quotidiennement à Abidjan, depuis quelques semaines, le temps n’est- il pas venu de lancer cette fameuse opérations de distribution ? Cela pourra sans nul doute exhorter plusieurs autres pétitionnaires à se manifester.
 
 Approché pour obtenir des informations sur cet aspect de l’enquête, le service de communication de la direction de l’Oneci, nous a proposé d’adresser à cet  effet, un courrier au premier responsable de la structure. Une  démarche, à laquelle nous ne pouvions adhérer du fait de l’urgence de notre publication. Et qui, de notre point de vue avait plutôt, tout l’air d’un refus poli.
A ce jour, ce sont plus de 238766 personnes qui ont été enrôlées sur une cible de plus 6 millions de personnes. Un chiffre qui est très loin d’atteindre son objectif. Une situation due en partie à la pandémie du coronavirus, mais aussi et surtout, au coût de la carte jugé élevé par beaucoup de personnes.
 
L’opération se poursuit. Et nombre d’Ivoiriens  verrons leurs anciennes cartes arrivées   à expiration en fin juin 2020. Dernière date de prorogation fixée par les pouvoirs publics, alors que l’opération de distribution des nouvelles cartes, traine toujours à  se réaliser.
 
                                 Favoritisme  et corruption au menu
  
A la Mairie de Yopougon, l’opération se déroule bien dans l’ensemble selon  Blé Guirao, un agent enrôleur rencontré sur place. «  Il  y a quelques semaines, avec la pandémie de la Covid-19, l’affluence avait baissé. Mais depuis quelques jours, l’engouement revient peu à peu. Nous recevons en moyenne 50 à 100 personnes par jour.  Et le nombre ne fait que grimper », explique –t-il. Et les agents en charge de l’enrôlement apprécient de cet état de fait. Cependant, ce n’est pas  dans tous les centres que les opérations se déroulent dans de  meilleures conditions.
 
Autrement dit, le comportement de certains agents de l’Office national de l’Etat civil et de l’identification (Oneci) laisse à désirer dans des centres d’enrôlement.  De quoi à irriter fortement certains demandeurs.  
 
 Dans la commune d’Abobo, Moussa Karamoko,  mécanicien de son état au quartier PK18,   raconte qu’il est arrivé le jeudi 14 mai à 6 heures, au centre de l’Oneci, sis  au 14eme arrondissement du Commissariat  de police, pour son enrôlement. Mais jusqu’à 12 heures moins 7 minutes, il n’avait pas encore été reçu. Alors que précise-t-il sur un ton de colère  « il y a des personnes qui sont arrivées bien après moi, mais qui ont enrôlées et sont reparties, sans avoir attendu ». 
 
Moussa n’est d’ailleurs pas le seul pétitionnaire, à  s’être plaint  parmi les personnes présentes sous les bâches, installées pour abriter les demandeurs de la nouvelle carte. Au nombre de ces personnes Gbele Touré, sans emploi, résidant au quartier Biabou. 
 
Après un crochet au centre de l’Oneci du 32eme arrondissement situé au quartier Abobo Baoulé, il arrive en hâte au centre du 14eme arrondissement. Car un pétitionnaire qu’il a rencontré au 32eme arrondissement lui a laissé entendre que l’enrôlement y est très lent. L’infortuné raconte qu’il est arrivé au centre du 32eme arrondissement à 4 heures du matin, mais jusqu’à 10 heures, il n’a pas été reçu.  
Une  situation anormale qui va motiver Touré à quitter les lieux pour le centre du 14eme arrondissement. 
Manque de pot pour lui, il fait l’amer constat de la même réalité en ce lieu. De nouveaux arrivants rentrent directement dans le bureau des agents de l’Oneci sans attendre leur tour. Ils se font ainsi enrôler aisément au plus vite. Pendant que ceux qui sont là, avant eux depuis des heures déjà, crèchent sous les bâches dans l’attente de leur tour qui n’arrive pas.
 
Finalement, ne pouvant plus supporter cette injustice, il décide une fois de plus de quitter les lieux vers 12 heures pour revenir plus tôt le lendemain. Espérant qu’il aura plus de chance d’être reçu. 
Au commissariat du 9è arrondissement de la commune de Marcory, c’est pratiquement la même situation qui prévaut. Il est 16 h et le travail prend fin dans une demie- heure. 5 pétitionnaires attendent de se faire enrôler. Et ça grogne sous le chapiteau. Ceux-ci dénoncent le comportement de certains agents des forces de l’ordre, en complicité avec les agents de l’ONECI de favoriser des proches parents venus en retard. « Je suis ici depuis 11 h. Mais vous voyez les policiers qui n’ont rien à avoir avec l’opération font passer leurs parents qui viennent d’arriver. C’est déplorable »  dénonce Alfred N’Goua, nouveau majeur.
 
  Mr Bouady, chauffeur de profession nous a confié que dès le début de l’opération d’enrôlement, il  a conduit sa patronne dans le centre qui se trouve à  la Mairie d’Adjamé, afin qu’elle s’y fasse enrôler. Une fois sur les lieux, elle a constaté un cafouillage dans lequel les agents enrôleurs et les requérants ne respectaient pas les mesures barrières contre la propagation de la maladie à Coronavirus.  Elle a préféré se retourner pour éviter le risque d’une contamination.
 C’est au  service technique de la Mairie de Cocody que son chauffeur la conduira le lendemain. Là, M. Bouady dit avoir été déçu par le fait que sa patronne qui  est arrivée en retard, n’a pas hésité à offrir  un pot de vin aux agents, pour qu’elle se fasse enrôler au plus vite. Et ce fut pareil pour son fils, qui s’y est rendu le lendemain. A la Mairie de Cocody bien que les mesures barrières soient respectées, la corruption et le favoritisme sont les deux facteurs par excellence, qui découragent les personnes  venant  se faire enrôler.
 
 Deux doyens d’âge Koffi Paul et Jean Ano, du quartier de la Riviera Ciad Primo, après avoir passé plusieurs heures dans la file d’attente ont dû rentrer chez eux. Car les infiltrations des nouveaux venus dans le rang et des listes parallèles d’individus que les agents préfèrent enrôler au détriment de ceux qui sont dans le rang, ont fini par les exacerber.              
 
                               Pas d’affluence dans des centres
 
Au service technique de la mairie de Koumassi. Ce mardi 19 mai. Il est 14 heures et c’est l’heure de pause. Sous le chapiteau dressé une dizaine de personnes attendent de se faire enrôler. Pas de nouveaux majeurs, ils sont tous là pour le renouvellement de leurs CNI, après s’être acquittés de la somme de 5000 F CFA.
Pour Martial Zahui, certes les 5000 F CFA sont élevés mais il se dit dans l’obligation de débourser cette somme en vue de l’obtention de sa carte nationale d’identité. Agent commercial dans une entreprise privée ivoirienne, il estime qu’avoir la CNI est une obligation pour tout citoyen ivoirien. « Il est évident que les 5000 F CFA sont un peu élevés. Surtout pour les ménages vulnérables et très pauvres. Mais c’est la CNI qui fait notre identité. Imaginez la frustration d’être sans papier dans son propre pays. Quel que soit le délai de livraison, les autorités ont l’obligation de confectionner nos cartes. La Côte d’Ivoire est un pays qui compte en Afrique. Cela ne fait pas honneur aux autorités de voir ses citoyens sans carte d’identité » a fait remarquer Zahui.
Après la pause, c’est la reprise à 14h30. Trois pétitionnaires dont le commercial Martial Zahui sont reçus par les agents. La séance d’enrôlement dure 15 minutes. Les pétitionnaires sortent heureux avec leurs reçus, en attendant la livraison du nouveau précieux sésame.
Mais selon le chef du centre du service des services techniques de la mairie de Koumassi, l’affluence n’est toujours pas au rendez-vous depuis bientôt 3 mois après leur installation. Et cela, bien avant même les mesures prises par le gouvernement, dans le cadre de la lutte contre la covid-19.
Tout en gardant l’anonymat, le chef du centre a indiqué que depuis 3 mois, ce sont moins de mille personnes qu’ils ont reçues. Pour la journée du lundi 18 mai, 56 personnes dont 15 nouveaux majeurs ont été enrôlés
                                       
                        Quid des enrôlés de 2017 à 2019 ?
 
Concernant les enrôlés de 2017 à 2019, qui n’ont pas reçu leur Cni, un call center de numéro 20 23 96 60 a été ouvert, selon les informations reçues de Bakary Traoré, dame Kadiatou Bangaly, ainsi que de Coulibaly épouse Koné, responsable de l’Oneci du commissariat de police du 13eme arrondissement d’Abobo.  Nous avons appelé toute la matinée du mercredi 20 mai 2020 le call center pour faire part du cas d’une personne concernée par le problème.  
Mais, nous n’avons eu aucun conseiller en ligne. On entendait chaque fois à l’autre bout du fil, en substances : « Bienvenue à l’Oneci, merci pour votre appel, patientez, nous allons vous mettre en relation avec un conseiller, vous pouvez nous appeler du lundi au vendredi de 8 heures à 18 heures, et le samedi de 9 heures à 16 heures ». Un enregistrement qui passe en boucle en 44 secondes chronos.    
Le call center serait-il un subterfuge pour se débarrasser des personnes qui n’ont pas eu de Cni suite aux enrôlements de 2017 à 2019 ? La question mérite d’être posée. 
 
Boubakar Barry
Jérémy Junior 
Ibrahim Sékou Koné
Attéméné Jacob Okobé
 
 
 
 
 



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