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Politique

Dix ans de pouvoir d’Alassane Ouattara : Les appréciations de leaders de la société civile africaine( 1ere Partie)

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Dans un peu plus d’une année, la Côte d’Ivoire sera à l’heure de l’élection présidentielle. A cette échéance, il faudra trouver un successeur à l’actuel chef de l’État, Alassane Ouattara qui aura alors passé dix ans à la tête de la Côte d’Ivoire, après son élection en 2010,  suivie de sa réélection en 2015. C’est déjà l’heure du bilan pour certains. Nous avons rencontré, à ce propos, des leaders de la société civile de pays de la sous-région ouest-africaine. Il s’agit notamment du Burkina, du Mali, du Togo, de la Guinée Conakry et du Sénégal. Et voici ce que les uns et les autres nous ont confié.
 
Mandiaye Gaye (Société civile, Sénégal)
Retour de la paix et reconstruction
Le président Ouattara a accédé au pouvoir dans des circonstances tumultueuses, à l’issue d’une guerre civile meurtrière avec un bilan macabre, fait de nombreuses victimes civiles et militaires.  Une guerre civile  avec  de l’ingérence étrangère et l’implication de la communauté internationale à travers les Nations unies. Cette crise grave et regrettable a laissé des stigmates profonds au sein de la nation ivoirienne. Et jusque-là, cette crise divise la classe politique ivoirienne en deux camps antagoniques difficilement réconciliables. Une partie de la classe politique ivoirienne reste toujours amère, notamment le camp des vaincus  qui n’a pas digéré la façon dont la crise a été réglée par la communauté internationale.
Il faut bien souligner que cette crise ivoirienne a impacté globalement et négativement sur la situation générale du pays dans tous les domaines. Elle a mis le pays dans un état de délabrement très grave tant au plan économique que social.  De ce fait, la Côte d’Ivoire qui, dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest, était considérée par tout le monde, comme le leader incontesté économiquement parlant, à cause de son économie jusque-là florissante, est traversée par une crise profonde. Il faut faire ce rappel historique pour juger objectivement les dix ans de pouvoir du président Alassane Ouattara.
Cela dit, des dix ans de pouvoir du président Ouattara, il faut en déduire au moins deux, consacrés à la reconstruction d’un pays complètement dévasté par la guerre. C’est un pays en  lambeaux avec  les désastres de la guerre et ses conséquences incalculables que le président Ouattara doit faire renaître et reconstruire.
L’étape de pacification du pays et réconciliation des belligérants a été menée laborieusement par  le président Ouattara avec la contribution décisive des Forces nouvelles de  Guillaume Soro. Et, au fur et à mesure, la paix revenait à petits pas et offrait donc, les conditions favorables aux travaux, de reconstruction, d’être menés avec satisfaction. C’est ce processus qui a conduit au résultat que connaît actuellement la Côte d’Ivoire sous le président Ouattara.
Le président Ouattara a lancé la reconstruction de la Côte d’Ivoire et, amorcé la relance de l’économie, dans son sens le plus large. Tout ce travail de reprise et de remise en ordre se faisait parallèlement avec la réconciliation nationale et le retour des populations déplacées qui avaient abandonné leurs localités à cause de la guerre. L’accent a été mis sur le retour à la paix définitive afin de mettre en confiance les populations pour qu’elles puissent recommencer à travailler en vue de la relance des activités économiques.
Le président Ouattara après avoir terminé son premier quinquennat et réalisé quelques-uns des objectifs qu’il s’était assignés, s’est engagé maintenant pour la consolidation des acquis du premier dans son second. Et l’on constate de manière palpable le résultat de ses efforts déployés depuis le début de son magistère. C’est ainsi que l’on note une reprise de la croissance économique qui était de 7,4% en 2018 et une projection de 7,7% pour 2019. ce résultat est bien traduit par cette étude qui rapporte « avec un taux de croissance à 7,4% en 2018, la Côte d'Ivoire a réalisé une performance parmi les plus élevées de l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA). Depuis quelques années, le pays poursuit sa dynamique de croissance ; plus rien ne l'arrête, au point qu'il est «envié par de nombreux pays»[1] [1].
Enfin, à propos du président Alassane Dramane Ouattara, que certes, je ne connais pas, je dois reconnaître la constance de sa position d’être homme de la droite dans l’opposition et de le rester aussi au pouvoir contre vents et marées, mais avec un patriotisme économique incontestable. Ensuite, sauf erreur de ma part, il ne s’est pas accaparé tout le pouvoir et toutes les richesses de son pays avec les siens et n’a pas non plus mis en prison ses opposants politiques. C’est la preuve qu’il ne triche pas avec son peuple et s’est présenté à lui tel qu’il est.
Je me désole de constater que c’est tout le contraire avec certains dirigeants africains, particulièrement, ceux-là qui se proclament fervents militants de gauche et des révolutionnaires purs et durs tant qu’ils sont opposants. Mais une fois qu’ils accèdent au pouvoir, ils sont pareils ou même pires que la droite réactionnaire apatride, dans leur comportement. Dans cet ordre d’idée, quelquefois, ces fameux autoproclamés de gauche révolutionnaire, au pouvoir, se renient totalement et deviennent les pires dictateurs qui modifient les Constitutions en place à leur faveur. Je vous livre pour illustration quelques noms, comme des exemples vivants tout près de nous, à savoir les présidents : Laurent Gbagbo, Alpha Condé, Abdoulaye Wade, Macky Sall, Kabila, Eyadema, Denis Sassou Nguesso et j’en passe. D’ailleurs, certains refusent l’application de la limitation des mandats à deux,  au prix d’une guerre civile, même si la constitution l’a bien stipulée de manière nette et claire.
Le développement d’un pays ne peut être réalisé que dans le cadre ou les conditions d’une paix, durable. Le cas de la Côte d’Ivoire sous Ouattara en est une parfaite confirmation. C’est  certainement en adéquation avec cette assertion que le président Ouattara a mis tous ses efforts sur la recherche, à tout prix, de la paix dans son pays. C’est ainsi qu’il a pu ramener d’abord la paix dans son pays, le reconstruire dans tous les domaines : économique, social, militaire et sécuritaire et, en même temps, réussir la réconciliation nationale.
Un tel enseignement doit servir de leçon à tous les dirigeants du continent africain afin que la paix dans leurs pays soit parmi les premières priorités. Il est fort regrettable que les guerres et, en général, la violence gratuite soient, incontestablement, une remarque qui colle, malheureusement au continent africain plus que tout autre. Et le plus grave qui plus est les guerres et les violences sont internes et se passent entre Africains dans le même pays ou entre pays voisins. Autrement dit, les Africains s’entretuent et s’auto-éliminent bêtement sans s’en rendre compte ou plutôt rien que pour le pouvoir. Comme si, les dirigeants africains notamment politiques ne sont pas capables de comprendre et de réaliser que le développement est absolument antinomique à la guerre et à la violence en général. Une autre remarque fondamentale, mais, qui est liée à la première et la confirme parfaitement, l’Afrique est le continent le plus riche en toutes ressources et le plus pauvre, pourquoi ? Mais à cause des guerres esclavagistes, de conquêtes coloniales hier et internes, aujourd’hui.
Voilà de manière succincte et ramassée, ce que je peux dire sur les dix ans de pouvoir du président Alassane Dramane Ouattara.
 
 
Smockey
artiste rappeur, membre fondateur du mouvement Le Balai Citoyen (Burkina Faso) 
« Le bilan de ADO est extrêmement mitigé »
Je pense que le bilan d’ADO est extrêmement mitigé. C’est vrai qu’on reconnaît qu’il y a des infrastructures au niveau de la Côte d’Ivoire, mais je ne crois pas que ce soit l’essentiel. On ne développe pas seulement par les infrastructures. Il y a la question des droits humains, de la bonne gouvernance, de la redevabilité et d’union nationale, parce que je crois qu’il a profondément contribué à dissoudre le tissu social ivoirien du fait d’élections contestables. Avec le recul aujourd’hui, beaucoup de dessous de cartes sont réapparus et il y a aussi une question de légitimité qui se pose. Tout cela me fait dire que son bilan est extrêmement mitigé. Il est censé assumer, se considérer être à son dernier mandat et accepter d’éventuelles investigations sur sa gouvernance. Ce qui serait une preuve de bonne foi.
Il y a eu énormément de frustrations et il y a des frustrations latentes, des relents de stigmatisation et ces frustrations pourraient s’exprimer en cas de revirement de situation politique. On peut regretter cela, Tout ça peut ne pas être bon pour le pays. Lorsqu’on est censé unir le peuple de Côte d’Ivoire, il faut faire en sorte qu’il n’y ait aucune différenciation entre les citoyens ivoiriens, pour ne pas conforter la thèse qui voudrait que ce soit les Burkinabè qui sont au contrôle, du fait de la présence de Blaise Compaoré à qui le président ADO a donné l’asile. Il y a donc une question de responsabilité au niveau de la gouvernance.
Sur le plan économique, si l’on suit ce qui se dit, malgré les talents d’économiste-banquier du président, il semble qu’il y a beaucoup d’Ivoiriens qui ne sont pas satisfaits non plus.
Sur le plan diplomatique, ADO ne donne pas du tout l’image d’un président panafricaniste qui défend les intérêts du continent. On a vu sa position sur le franc CFA et sa trop grande promiscuité avec les politiques français. Il renforce ce sentiment d’être au service d’une sorte d’impérialistes. La question diplomatique détonne beaucoup, a contrario avec d’autres présidents africains tels le Gambien Adama Barrow, qui donnent l’image d’une Afrique nouvelle, indépendante, qui a envie de se battre par elle-même et non dépendre de l’extérieur pour se développer. Il y a beaucoup d’autres choses. Finalement, la montagne aura accouché d’une souris même si cette souris était prévisible.
 
 
Rodolph Tomegah,( Togo)
directeur de « Société Civile Média » (plateforme médiatique spécialisée dans la promotion des activités des Organisations de la société civile africaines)
Des risques de nouvelle crise politique
 Alassane Ouattara a hérité d’un pays en plein chaos ou presque lorsqu’il prenait le pouvoir en 2011, après la chute du régime de Laurent Gbagbo, suite à la crise post-électorale qui a plongé le pays dans une guerre engendrant plus de 3 000 morts. Redresser une Côte d’Ivoire dans un tel état, une Côte d’Ivoire économiquement secouée par la crise et qui connaît des divisions aussi bien au sein de son armée qu’au sein de sa population (entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara) n’est pas chose évidente. Quel bilan peut-on alors dresser des deux mandats d’Alassane Ouattara ? Ce bilan, nous essayerons de le dresser sur trois plans : sécuritaire ; économique et social ; politique enfin.
Sur le plan sécuritaire, on peut se réjouir des avancées qu’a connues la Côte d’Ivoire, surtout quand on sait les conditions dans lesquelles Alassane Ouattara a débuté ses deux quinquennats. La sécurité a, d’ailleurs, été l’un des chantiers importants auquel s’est consacré le chef de l’Etat ivoirien. Ce qui a permis à ce pays de retrouver plus ou moins aujourd’hui la quiétude qui le caractérisait avant les crises qu’il a connues, notamment la crise post-électorale de 2010-2011. Récemment, Ahmed Bakayoko, le ministre ivoirien en charge de la Défense, s’est félicité de l’indice de sécurité qui « est passé à 1.1 en février dernier, demeurant le meilleur depuis la fin de la crise ». Cela est à mettre à l’actif de l’actuel Président.
Mais l’on se souvient encore, comme si c’était hier, des mutineries d’anciens rebelles intégrés à l’armée qui ont revendiqué et obtenu d’importantes primes pour baisser les armes ! C’était en 2017. La même année, le pays a connu une série de braquages contre des postes de police et de gendarmerie au cours desquels armes et argent ont été emportés par des hommes armés non identifiés mais agissant de manière professionnelle. Sans oublier l’attaque contre l’Ecole de police en plein centre d’Abidjan par des assaillants, deux jours avant le début des Jeux de la Francophonie en fin juillet 2017. Preuve qu’il y a encore du travail sur le plan sécuritaire.
De grands défis sécuritaires
Par ailleurs, la circulation des armes et la poursuite de pratiques d’exploitation et de contrebande des ressources naturelles par d’anciens commandants de zone de l’ex-rébellion ont toujours cours et sont autant de signaux négatifs. Le Groupe d’experts des Nations Unies sur la Côte d’Ivoire révélait, par exemple en 2016, l’existence d’un réseau militaro-économique lié aux anciens rebelles des Forces nouvelles. Aujourd’hui, rien n’est sûr en ce qui concerne la fin de ces pratiques. Et Alassane Ouattara doit veiller à résoudre ces équations avant la fin effective de son second mandat en 2020, vu que le processus de désarmement, il faut le souligner, n’a en définitive pas été correctement réalisé. Le contrôle des armes en circulation, et donc des hommes armés, est encore trop laxiste dans cet Etat ouest-africain. Et ce n’est pas chose étonnante dans un pays où les forces, quelles qu’elles soient, conçoivent l’arme comme une assurance-vie et un moyen de pression sur les pouvoirs publics. Et que dire de ce phénomène socio-sécuritaire des « microbes », ces gangs ultra-violents de mineurs qui se diffuse désormais à d’autres villes du pays ! Bref, les défis sécuritaires sont encore grands pour Alassane Ouattara et son équipe avant la fin de son quinquennat en 2020.
Sur le plan économique, Alassane Ouattara brandit « un bilan inattaquable » depuis 2011, indiquant que la Côte d’Ivoire a enregistré de réels progrès socio-économiques au cours de ces dernières années. Une croissance de l’ordre de 8 % pour 2018 ; un taux d’inflation de 1 à 2 % ; un déficit budgétaire autour de 3 à  4% ; une dette publique de moins de 40 % du PIB. Voici certains des progrès économiques que le chef de l’Etat ivoirien peut valablement mettre à son actif. M. Ouattara estime que ces progrès sont visibles dans tous les secteurs de l’économie et de la vie quotidienne des Ivoiriens, de même qu’ils sont salués tant par les Ivoiriens que par la communauté internationale, notamment le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, le Millenium Challenge Corporation (MCC), l’Indice Mo Ibrahim et le Mécanisme africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP). Sur le plan économique donc, la Côte d’Ivoire se porte mieux ; enfin, mieux qu’en 2011. Ne pas le reconnaître, c’est ne pas faire preuve d’objectivité. Les changements qu’ont connus certaines grandes villes comme Abidjan, avec la multiplication d’infrastructures routières, en sont une preuve palpable.
Idem sur le plan social où certaines réalisations ont vu le jour sous Alassane Ouattara, comme la mise en œuvre de la couverture maladie universelle pour les plus démunis ; la hausse du salaire minimum ; le dégel des salaires des fonctionnaires ; l’augmentation du revenu des cacaoculteurs, etc.
Toutefois, des problèmes demeurent. D’abord, plus de la moitié de la population vit encore sous le seuil de pauvreté et trouve difficilement à manger trois fois par jour. Ensuite, les promesses faites sur ce plan par le pouvoir de Ouattara ne se traduisent pas toujours dans les actes, dans des territoires urbains comme ruraux. Notamment en ce qui concerne les infrastructures scolaires, les logements sociaux. Les grèves répétées des enseignants du supérieur et le malaise patent dans les secteurs des économies formelle comme informelle constituent des bombes à retardement.
Divisions politiques
Sur le plan politique, le bilan d’Alassane Ouattara n’est pas très reluisant, surtout en prenant en compte les dernières évolutions de l’actualité politique de ce pays. Si le climat politique s’est quelque peu assaini après 2011 permettant à la Côte d’Ivoire de retrouver une sérénité dans le jeu politique, la décision de Ouattara d’obliger « tout le monde » à adhérer à son Rassemblement des Houphouëtistes risque d’exacerber les tensions. Ainsi, à un peu plus d’un an des élections présidentielles, les incompréhensions ont refait surface, comme il y a environ dix ans. Allié de Ouattara en 2010, le PDCI-RDA de Henri Konan Bédié se tourne maintenant vers le camp Gbagbo en vue des élections de 2020 et d’un front commun contre le Rassemblement des Houphouëtistes cher au chef de l’Etat ivoirien et auquel a refusé d’adhérer l’ancien président Bédié. Ajouté à cela, le cas Guillaume Soro, devenu aujourd’hui opposant déclaré de Ouattara, après avoir été débarqué de la tête de l’Assemblée nationale, suite à son refus, lui aussi, d’adhérer au Rassemblement des Houphouëtistes. Aujourd’hui, Soro aussi se fait une place dans le Nord. Il y a de l’électricité dans l’air, ne le cachons pas, parce que les positions se radicalisent de plus en plus avec le risque de faire reculer la Côte d’Ivoire en 2020, si rien n’est fait.
Alors que des voix s’élèvent aujourd’hui pour déplorer les mauvaises conditions dans lesquelles se préparent les élections de 2020, il appartient à Alassane Ouattara, pour apaiser tout le monde, de garantir un processus démocratique fiable et transparent pouvant anticiper sur une éventuelle crise à l’issue des prochains scrutins. La réforme de la Commission électorale indépendante, la délivrance des nouvelles cartes d’identité, la révision des listes électorales, le nouveau découpage territorial, sont autant de challenges qui n’ont pas encore été pris en compte durablement par le régime d’Abidjan. Sans réponses durables à ces questions précitées, ne soyons pas étonné de voir la Côte d’Ivoire replonger dans une nouvelle crise que nous ne lui souhaitons pas en 2020.
Daouda Ouattara,
Président du mouvement citoyen « Y en a marre Burkina Faso » basé à Bobo Dioulasso (Burkina Faso)
« En bon économiste, ADO a beaucoup apporté à la Côte d’ivoire »
J’ai suivi, comme tout Africaniste, la géopolitique ivoirienne, notamment les prestations du président ivoirien ADO à travers la presse (écrite et radio), les témoignages. Je retiens que l’homme a bossé. En bon économiste, il aurait beaucoup apporté dans le domaine des infrastructures. Et cela est incontesté. Cependant, la population s’attendait à voir la croissance dont parlent les intellectuels et les économistes dans le panier de la ménagère. Ce que les économistes veulent, c’est du concret, c’est donner du sens à notre existence : les infrastructures, les routes, etc. C’est laisser quelque chose à nos successeurs, la génération à venir. La gouvernance de ADO s’inscrit dans cette dynamique.
Sur le plan politique, au regard de la cacophonie qui existe au sein du RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix), ADO a voulu réorganiser les choses de sorte à ce que tout l’ordre ancien se retire pour laisser la place à une nouvelle classe politique. Cela a été mal vu dans certains milieux politiques puisque mettant tout le monde à la touche. Ce qui n’est pas le goût de tous. C’est dans cette situation qu’est née la dissension entre lui et Guillaume Soro. Puisque le scénario a échoué, la nature ayant horreur du vide, ADO sera tenté d’être candidat en 2020.Et il m’est difficile d’imaginer la suite pour la Côte d’Ivoire.
 
Sékou Koundouno,
administrateur général de la Cellule Balai citoyen (Conakry , Guinée)
Un bilan globalement acceptable
« Nous pouvons retenir que Alassane Ouattara, a pu redresser l’économie d’une nation qui sortait d’une guerre civile. Alassane Ouattara a pu travailler sur tous les indicateurs afin de mettre sur les rails  l’économie ivoirienne. Sur le plan politique, cinq ans la guerre civile, les Ivoiriens ont pu organiser à date les différentes élections (les présidentielles, les législatives, les communales). Mais il faut dire que la crise politique perdure,  dans la mesure où il y a une fracture totale entre une frange importante de l’opposition et le pouvoir en place. Il y a aussi des bisbilles liées à la succession du président actuel, ce qui a même occasionné la démission du président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Soro.  Donc, s’il y a des avancées notables à signaler, il faut tout de même prévenir qu’il y a des risques qui pointent à l’horizon surtout avec la présidentielle de 2020.
Sur le plan  social, nous pouvons dire, par rapport aux ambitions que le président Ouattara s’est assignées pour réduire la pauvreté, que des avancées ont été notées, mais la jeunesse ivoirienne est toujours à la quête d’un lendemain meilleur, d’emplois décents, de conditions de vie décentes. Il suffit de séjourner en Côte d’Ivoire pour faire le constat. Il faut aussi signaler qu’il y a une fracture sociale que M. Alassane Ouattara n’a pas pu résorber complètement. Dans les recrutements aussi, on sent un peu le syndrome guinéen, c'est-à-dire qu’ils sont faits à base ethnique et communautariste.
Mais globalement, nous disons qu’il a un bilan acceptable. Dans la mesure où si on regarde la Côte d’Ivoire de 2010 et celle de 2019, elles sont diamétralement opposées. Dans des secteurs comme l’énergie, l’éducation, les infrastructures, l’agriculture, des efforts considérables ont été faits. Si le successeur de Monsieur Ouattara lui emboîte le pas, la Côte d’Ivoire sera un modèle de la sous-région. Mais les défis restent toujours immenses. Quand on voit surtout la réconciliation, le chantier est immense ; nous constatons que la déchirure est toujours présente ».
La redaction
 
 
 



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