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Politique

Jean Louis Billon « En 2020, nous remporterons la présidentielle et je ferai partie de l’équipe dirigeante »

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Secrétaire exécutif chargé de l’information, de la communication et de la propagande du Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), Jean Louis Billon n’est pas un inconnu sur la scène socio-économique et politique ivoirienne. Issu de la famille Billon très connue dans le monde économique et des affaires de la Côte d’Ivoire voire au-delà, il s’est forgé une forte personnalité aujourd’hui incontournable dans la vie économique et politique ivoirienne où il a occupé plusieurs fonctions. Président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire pendant une dizaine d’années et membre de Chambres consulaires de l’UEMOA, africaine et francophone, il a aussi été ministre. Ainsi, Jean Louis Billon fut ministre du Commerce, de l’Artisanat et de la promotion des PME de 2012 à 2015 avant d’être ministre du Commerce de 2015 à 2017. Il a toujours été critique vis-à-vis des monopoles de façon générale et particulièrement des entreprises européennes et a dénoncé, en tant que ministre du président Alassane Ouattara, la victoire du groupe Bolloré sur le port autonome d’Abidjan. C’est cette personnalité calme, pondérée, qui sait dire haut ce que les autres pensent bas, que nous avons rencontré lors de notre passage sur les bords de la Lagune Ebrié à Abidjan dans la deuxième quinzaine de ce mois de mai. Sans détour, Jean Louis Billon a accepté de répondre aux questions des Editions « Le Pays ».
Le Pays : Comment se porte aujourd’hui le PDCI-RDA, après sa rupture avec le RHDP ?
Jean-Louis Billon : Le PDCI-RDA se porte très bien, contrairement à ce que peuvent penser certaines personnes. Il est en train d’opérer une cure de jouvence avec du sang neuf qui le rejoint. Nous sommes confiants parce que nous sommes en pleine restructuration de notre parti dans la perspective de la présidentielle de 2020.
D’aucuns estiment que vous êtes amer vis-à-vis du Président Alassane Ouattara parce qu’il n’est pas allé dans votre sens lorsqu’en tant que ministre, vous aviez dénoncé le monopole sur la concession du port autonome d’Abidjan.
Non, pas du tout, cela n’a rien à voir. J’ai effectivement dénoncé la consécration d’un monopole parce que les monopoles sont mauvais pour un pays : et je le pense toujours. J’ai regretté que l’on permette à des entreprises étrangères de faire chez nous, ce que jamais, on ne leur permettrait de faire dans leur propre pays. Ma position reste invariable là-dessus. Nous sommes un pays qui base son économie sur le libéralisme économique. Et qui dit libéralisme, dit interdiction des monopoles et des positions dominantes. C’est cela la réalité. C’est une position que j’avais déjà exprimée haut et fort en 2004 et il n’est pas question pour moi d’avoir une autre position sur le même sujet. Je reste constant.
Votre prise de position sur la question du monopole était-elle à la base de votre non-reconduction au sein du gouvernement ?
Pas du tout. Je fais partie des personnes qui souhaitaient, à un moment donné, sortir du gouvernement. Occuper un poste pendant longtemps finit par vous « ennuyer » et par provoquer une « usure »; il est normal qu’un gouvernement se renouvelle. Dans tous les cas de figure, je serais parti du gouvernement puisque le PDCI-RDA sortait du RHDP.
Qui du PDCI-RDA ou du RDR, selon vous, a violé l’appel de Daoukro ?
Rires ! Le PDCI-RDA a toujours été clair sur sa position. Pour lui, il ne présentait pas de candidat en 2015 étant entendu qu’en 2020, l’alternance se jouait en sa faveur et c’était clair à ce niveau. Ensuite, le PDCI-RDA était pour un groupement politique et non pas pour un parti unifié qui amenait à la disparition de notre parti. Le parti unifié devait se faire longtemps après que tout le monde fut d’accord là-dessus. Etant donné que nous, militants du PDCI-RDA, n’étions pas d’accord, ce n’était plus un sujet. Ainsi, on conservait le groupement politique et on avançait ensemble. Le RDR a refusé et a créé tout seul le RHDP et nous sommes repartis dans notre maison historique. Il n’y a pas plus que cela comme querelle puisque ce n’est que de la politique ; et nous restons attachés aux valeurs de notre parti !
L’adhésion du PDCI-RDA au RHDP, allait-elle vraiment empêcher une candidature d’un militant de votre parti en 2020 ?
Pour nous, PDCI-RDA, non. Nous sommes déterminés et nous l’avons dit depuis longtemps, et nous continuons de le dire qu’en 2020, nous aurons un candidat, cadre et militant actif du PDCI-RDA.
Qui voyez-vous pour être le porte-étendard de votre parti en 2020 ?
C’est trop tôt pour le dire. Nous avons prévu d’organiser une convention qui va désigner le candidat qui sera le porte-étendard. Ne me demandez pas quand et qui parce que, je n’ai pas de réponse aujourd’hui. Nous sommes dans l’organisation, non seulement de cette convention, mais surtout du parti et de ses structures avec le renouvellement des délégués, des secrétaires de sections et de l’ensemble de la nomenclature. Nous occupons le terrain pour la circonstance. Ne soyons pas pressés et travaillons surtout sur l’essentiel à savoir le projet de société que nous allons présenter aux Ivoiriens et qui va conduire la gestion du pays dans les années à venir.
Mais, au niveau des premiers responsables du PDCI-RDA, on parle beaucoup plus de la candidature du Président du parti, Henri Konan Bédié et lui-même en parle
Ma réponse reste la même puisque nous n’avons pas encore désigné notre candidat et c’est la convention qui va le faire. De toute façon, Henri Konan Bédié est le Président du parti et traditionnellement, le parti présente son président comme candidat. Nous ne sommes même pas en quête d’un candidat puisque notre parti est structuré. Si le Président Henri Konan Bédié en décide autrement, on avisera. Pour l’instant, il tient le gouvernail et nous avançons sans aucun souci. Le PDCI-RDA a déjà une culture de gouvernance et de gestion du pays. Donc, nous ne manquons ni d’expérience ni de cadres pour amener le pays à bon port. Il ne faut pas s’inquiéter sur ce plan.
Serez-vous dans les starting-blocks quand on sait que Jean-Louis Billon est très actif sur le terrain ?
Je suis un cadre actif et ce que je peux dire, c’est qu’en 2020, nous allons remporter la présidentielle et je ferai partie de l’équipe dirigeante. A quel niveau ? L’avenir nous le dira !
Quels rapports entretenez-vous aujourd’hui avec l’ancien Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, qui est en rupture de ban avec le RDR et le RHDP ?
Nous avons des rapports cordiaux. Guillaume Soro occupe le terrain aujourd’hui et il est remonté contre le RDR et le RHDP pour des attitudes que les anciens alliés ont envers lui. Il a une relation étroite avec le président Henri Konan Bédié et nous avons des alliés dans toute la Côte d’Ivoire ; il en fait partie.
Le PDCI-RDA est-il prêt à pactiser avec le FPI pour combattre le RHDP ?
Nous nouons des alliances et le FPI est un parti de l’opposition tout comme le PDCI-RDA qui a décidé d’y être. Donc, tous les partis d’opposition sont contre le parti au pouvoir à savoir le RHDP. Nous avons entre nous une bienveillante attention ; le terme pactiser est fort. Nous sommes, le PDCI-RDA et le FPI, naturellement, traditionnellement, historiquement des adversaires politiques ; nous ne sommes pas des ennemis. Nous avons à cœur le bien-être des Ivoiriens et de ceux qui vivent en Côte d’Ivoire et la grandeur de notre pays. A la présidentielle de 2020, nos deux partis auront chacun un candidat et si jamais, c’est le PDCI-RDA qui arrive au second tour et comme ce sera certainement le cas, le FPI, s’il n’y est pas, nous donnera ses voix et inversement, le PDCI-RDA lui donnera ses suffrages. Dans le cas où, et c’est fort possible, le PDCI-RDA et le FPI se retrouvent au second tour après avoir éliminé le RHDP et son imposture dès le premier tour, il s’agira, pour les Ivoiriens, de décider de leur choix en fonction du meilleur candidat et du meilleur programme.
Quelle interprétation faites-vous du message du Président Alassane Ouattara, selon qui, il est temps pour Henri Konan Bédié et lui de passer la main à une nouvelle génération ?
Je pense, personnellement, que c’est une nouvelle génération qui va arriver au pouvoir en 2020. Le pouvoir étant également une question de générations. Le mieux aurait été de dire que je ne serai pas candidat et je passe la main à une nouvelle génération ; celle-ci se serait mise dans les starting-blocks. Il le dit tout en entretenant le doute puisqu’il n’a pas encore pris sa décision à savoir s’il sera candidat ou non.
Quels sont présentement vos rapports avec vos camarades du PDCI-RDA qui ont rejoint le RHDP ?
Je pars du principe que dans une démocratie, il faut consacrer la liberté d’expression et d’opinion. Ils sont libres de le faire et il n’y aucun problème. Pour eux, tout comme ceux qui ont créé le RHDP et autres mouvements qui se désolidarisent du PDCI-RDA, la seule chose que nous leur demandons, c’est de ne pas être ingrats à l’égard de notre parti. Autrement, il n’y a aucune animosité, ni aucun mauvais ressenti. Ceux avec lesquels nous étions amis, nous le restons. Ce n’est que de la politique, un jeu de pouvoir. En politique, on doit défendre ses idées, convaincre pour gérer un Etat pour le plus grand bien des Ivoiriens et la grandeur du pays. J’aimerais qu’eux aussi pensent de la même manière et non le contraire. Sinon, cela maintient un climat malsain et fragilise la paix, la cohésion sociale tout en perpétuant les conflits. Il faut savoir que dans un pays, l’alternance arrive toujours à un moment donné. Aucun parti dans le monde ne peut conserver ad vitam aeternam le pouvoir. En étant correct les uns envers les autres, on préserve la cohésion sociale. J’ai des amis qui appartiennent à d’autres partis politiques et je ne leur demande pas de rejoindre mon parti. Qu’ils conservent leurs idées et me laissent défendre les miennes.
Avez-vous des appréhensions pour la présidentielle de 2020 ?
Oui, bien évidemment parce que nous sommes en train de travailler sur une nouvelle Commission électorale indépendante (CEI). Il nous faut un découpage électoral, des cartes d’électeurs, des cartes d’identité, un Conseil constitutionnel qui a une autonomie de décision, une indépendance par rapport au pouvoir. Malheureusement, en Côte d’Ivoire, nous n’avons jamais eu d’élections tranquilles. Nous sommes un des rares pays de la sous-région qui a toujours eu des transitions chaotiques. Nous voulons et espérons briser cette habitude et avoir des élections qui ne soient pas suspectes. Pour cela, il faut une CEI, un Conseil constitutionnel, un découpage électoral véritablement crédibles. Toute la crédibilité de l’élection dépendra de la crédibilité de ces institutions elles-mêmes. Je pense que les Ivoiriens, dans leur ensemble, ont des appréhensions parce qu’ils souhaitent, espèrent et veulent au plus profond d’eux-mêmes, vivre une véritable transition démocratique, un vrai passage de flambeau. Un pays n’est véritablement grand que quand il peut garantir des institutions fortes et crédibles pour ses concitoyens. A ce moment-là, il est grand par sa démocratie, sa culture, son économie, son sport… Aujourd’hui, nous arrivons à exceller dans nombre de secteurs et pas dans le secteur politique. Ainsi, je souhaite que mes appréhensions soient aplanies avant les élections.
L’un des secteurs de l’économie ivoirienne, notamment la filière cacao, est en crise depuis quelques années. Quelles en sont les causes ?
Pour l’ensemble de nos filières agricoles, il y a des hauts et des bas et nous dépendons beaucoup des cours mondiaux. J’ai été un acteur important dans la filière cacao et je reste un acteur important dans le secteur agro-industriel. Il est malheureusement rare qu’on nous consulte pour savoir ce qu’il faudrait et comment on devrait réformer nos filières. Le politique pense trop souvent en chef comptable, à savoir comment peut-on, sur le plan fiscal, avoir des ressources et comment on peut conserver la paix sociale et garantir de bons prix aux paysans. Mais, une filière ne se résume pas à cela. Il faut avoir un vrai plan stratégique pour développer la filière depuis le bord champ jusqu’à l’industrie en défendant l’intérêt national à tout prix, parce que nous sommes dans une compétition internationale. Je ne vais pas développer ici ce qu’il faut faire et permettez-moi de le garder parce que j’ai une idée claire de ce que nous allons faire pour les filières puisque cela fait partie du programme de société de notre parti, le PDCI-RDA. La seule chose que je peux dire, c’est que le monde industriel, agricole, paysan et même les autres secteurs de la vie nationale, seront bien mieux sous les cieux du PDCI-RDA qu’ils ne le sont aujourd’hui.
L’Afrique de l’Ouest est sous la menace terroriste. D’après-vous, quelle est la meilleure formule pour venir à bout de ce phénomène ?
Malheureusement, c’est une réalité. De nombreux pays dont le nôtre ont été victimes du terrorisme et le sont encore. Le Burkina Faso, le Mali, le Niger peut-être plus que nous parce qu’étant certainement dans la zone de prédilection des acteurs du terrorisme. C’est d’abord par une coopération étroite entre nos pays, par le partage d’intelligence sécuritaire et de défense que nous allons arriver à y mettre fin. Mais, c’est une véritable menace qu’il faut combattre parce qu’elle peut fragiliser nos Etats. D’ailleurs, la gestion des Etats devient plus complexe aujourd’hui qu’elle ne l’était dans les années 60, 70, 80 puisque nous avons les mêmes défis de développement en Afrique. Nous faisons face à des menaces et des contraintes qui n’existaient pas à savoir le terrorisme, le narco- trafic, le changement climatique, etc. C’est avec plus de coopération que nous allons surmonter ces handicaps et assurer un développement harmonieux de nos pays. Le monde actuel répond plus à une logique de coopération qu’à une logique de confrontation.
« En 2020, soyez rassurés que le PDCI-RDA va présenter son candidat. Et le PDCI-RDA va gagner ces élections ». C’est ce que vous avez déclaré il y a quelques semaines. Sur quoi fondez-vous cette certitude ?
Les Ivoiriens attendaient beaucoup du groupement politique RHDP que nous avons accompagné en tant que PDCI-RDA mais, ils sont restés sur leur faim. Je peux affirmer que lorsque nous échangeons avec les populations, elles vont jusqu’à nous reprocher l’alliance que nous avons eue en se disant qu’on se rendait responsable et complice de certains manquements. La réconciliation était attendue mais ce fût un véritable échec. La croissance économique dont on parle, reste insuffisante en ce sens qu’elle n’est pas suffisamment bien redistribuée et ne vaut que s’il y a développement. Il y a beaucoup de frustrations et beaucoup d’attentes en Côte d’Ivoire envers le PDCI-RDA depuis qu’il a repris son indépendance. Et les Ivoiriens, dans toutes leurs composantes, nous l’expriment. Et je ne parle pas des militants PDCI-RDA ! Pour moi, c’est une certitude que le PDCI-RDA part gagnant. C’est la raison pour laquelle le RHDP est si fébrile et il cherche à tout prix dans nos rangs, des cadres pour venir alimenter son parti. Mais, ces derniers ne partent pas avec la science du PDCI-RDA. C’est le PDCI-RDA que les Ivoiriens veulent parce qu’ils ont en mémoire, les années de paix, de stabilité, de développement harmonieux qu’il a su donner à cette nation. C’est pour cela que je dis que le PDCI-RDA va opérer un retour vers le futur. C’est ce que promet le Président Henri Konan Bédié, « le progrès pour tous, le bonheur pour chacun ». Nous sommes confiants et sereins. Que nos amis d’en face ne s’en fassent pas autant puisque nous ne sommes pas là pour les détruire, les combattre ou avoir les mêmes agissements que nous voyons aujourd’hui, notamment avec les problèmes de justice. Nous sommes un parti de paix et nous comptons réunir les Ivoiriens et travailler dans l’intérêt général, pour le plus grand nombre. 
Comment appréciez-vous l’exil de l’ancien Président burkinabè, Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire ?
Je pense que personne n’est loin de son pays de gaieté de coeur . Et le président Blaise Compaoré, quoi qu’on puisse dire, a quand même contribué à la construction et au développement du Burkina Faso. Il devrait, je l’espère, un jour, retrouver son pays natal et y vivre en paix. Il y va certainement de la cohésion sociale et au Burkina, il y a des personnes qui lui sont restées fidèles. Mais, les problèmes doivent être réglés entre Burkinabè. Tout comme nous avons le président Laurent Gbagbo qui est hors de la Côte d’Ivoire. Nous souhaitons le voir rentrer, d’autant qu’il a été acquitté par la Justice internationale. Il serait bon et juste pour lui de rentrer. Le président Félix Houphouët-Boigny nous disait : « Ceux qui vont en exil, nous souhaitons qu’ils reviennent tous parce que ce sont des enfants du pays. Ils sont appréciés par les Ivoiriens, leurs familles et leur place est en famille et non pas en exil ». Cela est valable pour le président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et tous ceux qui sont réfugiés dans les pays voisins. Honnêtement, si on veut bâtir une Côte d’Ivoire forte, personne ne doit être laissé sur le bas-côté de la route. J’aimerais bien rendre visite au président Laurent Gbagbo dans son village natal à Mama.
Qu’est-ce que vous auriez aimé dire que nous n’avons pas pu aborder ?
La coopération avec le Burkina Faso : nous sommes un pays ami et le PDCI-RDA compte développer ses relations avec ce pays frère. Le développement que nous voulons avoir pour la Côte d’Ivoire, doit aussi intégrer un développement de la sous-région dans laquelle nos économies, de façon équilibrée, pourront atteindre un développement harmonieux pour l’ensemble de nos pays. Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont un rôle important à jouer dans ce sens.
Propos recueillis par Antoine BATTIONO
 



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