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Politique

Le bien -fondé du Sénat dans une démocratie

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Mon intervention ici sera de donner une esquisse d’orientation concernant des questions de diaspora et d’éducation générale de la population sur le bien-fondé du Sénat dans une démocratie. Ma recommandation principale est d’opérer une rupture avec la culture d’une diaspora ivoirienne éparpillée. Je propose une centralisation des ressources de la diaspora. Beaucoup d’ivoiriens de la diaspora sont arrivés individuellement, soit pour des études, soit pour du travail, ou encore pour d’autres ambitions. De la même façon que ces ivoiriens se sont retrouvés de façon individuelle en Europe, aux Etats Unis, ou ailleurs, beaucoup planifient également leur retour et leur investissement au pays de façon isolée. Que ce soient des cas connus ou moins connus, les exemples sont légions.
 
Didier Drogba, par exemple, a été emmené en France à l’âge de 6 ans par son oncle footballeur. La suite, on la connait. Drogba est devenu la star bleue qui a fait vibrer plus d’un amoureux du ballon rond dans le monde. Mais Drogba pour les ivoiriens restera surtout la star orange blanc vert qui a hissé la fierté des ivoiriens au plus haut des sommets du football. Aujourd’hui, en plus des nombreux délices apportés aux ivoiriens sur la pelouse, il revient régulièrement apporter sa pierre à l’édifice de notre pays, mais, en tant qu’individu. Il a créé une fondation, «The Didier Drogba Foundation » qui a pour but «de faciliter l’accès à la santé et à l’éducation des populations vulnérables… ». 
 
Parmi les exemples peu connus, nous pouvons citer les ivoiriens qui vont chaque année en Côte d’Ivoire pour construire ou acheter des maisons pour eux-mêmes ou pour les siens. D’autres vont régulièrement pour intégrer la fonction publique ou d’autres secteurs d’emplois. Certains aussi vont investir dans des projets personnels ou essaient de décrocher par eux-mêmes des marchés publics. D’autres encore retournent volontairement pour s’installer définitivement en Côte d’Ivoire. Certains aussi, malheureusement, sont rapatriés, humiliés, et n’ont souvent que leurs rêves brisés comme souvenir de leur vie de diaspora.
 
Les conséquences de ces migrations individuelles hors du pays ou des transferts individuels de compétences sont énormes. Parmi elles, nous pouvons citer les désirs ardents de départ en Europe qui continuent de hanter nos jeunes qui ne rêvent que de “monter”. Nul ne dit qu’un ivoirien ne doit sortir de son pays pour quelques ambitions que ce soient, mais cela doit se faire après avoir murement réfléchit à ce qu’il peut faire dans son pays et pour son pays.
 
Rappelez-vous que les américains partaient étudier en Angleterre quand, exaspérés par les humiliations répétées des Anglais au motif de leur accent et manières non-civilisées, ils ont décidé de créer un système éducatif purement américain. Thomas Jefferson a contribué à la création d’un système universitaire et Noah Webster a créé un dictionnaire de l’anglais américain. Aujourd’hui leur pays les a suivis sur ce chemin de fierté collective et d’ingéniosité des américains au services des américains. Le reste on le connait. Le système éducatif a inculqué cet esprit patriotique chez les américains qui ont envahi chaque secteur de créativité de leur ingéniosité avec un but commun : celui de rendre l’Amérique un pays sans égal dont ils sont les architectes.
 
De même que les américains ont créé l’université américaine pour éviter la nomadisation de leurs cerveaux et servir de tremplin à tous les américains, de même j’appelle la Côte d’Ivoire, mon pays, à créer un centre en Côte d’Ivoire pour la diaspora avec des succursales à l’étranger. Ce centre en Côte d’Ivoire permettra de recenser les besoins dans différents secteurs d’activité. Il permettra également aux ivoiriens de naviguer concrètement et aisément sur le chemin d’un perfectionnement pointu à l’étranger. Ce centre surtout mettra en place un réseau de compétences ivoiriennes dans le but de faciliter le retour des cerveaux en Côte d’Ivoire. Enfin, ce centre sera l’opportunité de la diaspora de mettre sa créativité et ses acquis au service du but commun qui est celui de hisser la Côte d’Ivoire au sommet de la compétitivité africaine et mondiale.
 
Beaucoup ont fustigé la création du Sénat en Côte d’Ivoire sans même savoir que les trois principaux leaders dans le pays ont proposé chronologiquement le Sénat : le Président Henry Konan Bédié en 1995, le Président Laurent Gbagbo en 2010, et le Président Alassane Ouattara lors de sa campagne en 2015. Le Président Ouattara est donc le seul qui a pu réaliser cet objectif commun de la classe politique ivoirienne avec la Constitution de la IIIe république du 8 novembre 2016. Il est donc à féliciter sincèrement au passage. Certains ont aussi pensé que le Sénat était une exception ivoirienne. Loin d’être une exception, le Sénat existe dans 26 des 54 États que compte l’Afrique. L’Afrique du Sud, Le Nigeria, Le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Togo, l’Algérie sont quelques exemples. 
Le mode d’élection et de nomination des sénateurs ivoiriens est aussi à l’instar de la pratique mondiale actuelle. Les 358 sénateurs français sont élus au suffrage indirect pour six ans. Les 105 sénateurs au Canada sont nommés par le gouverneur général sur recommandation du premier ministre et conservent leur poste jusqu’à 75 ans. Aux États-Unis d’Amérique, depuis 1913, ils ont passé le 17e amendement de leur Constitution faisant du sénateur un élu du people au suffrage universel direct pour six ans. Notons que depuis 1787, la Constitution américaine, la plus vieille du monde qui soit à ce jour, prescrivait le vote indirect pour les sénateurs. 
Tout ce rappel historique sur le Sénat dans le monde pour dire que le vrai problème n’est pas nos institutions, mais ce qu’on fait de nos institutions. Le Sénat sera l’opportunité pour moi de travailler pour que le flux des compétences de la Diaspora se fasse fertilement afin de contribuer à hisser notre cher pays au sommet de la compétitivité africaine et mondiale comme le souhaite le Chef de l’Etat.
 
Sénatrice Makani Diaby
 



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