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Politique

Chefs d'Etat africains balayés par la rue : Après Boutef et Béchir, à qui le tour ?

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Vive la rue ! est-on tenté de s’exclamer après l’exploit réalisé, hier, à Khartoum. En effet, après 4 mois de contestation, la rue soudanaise a réussi à se débarrasser de l’un des dictateurs les plus féroces d’Afrique. Et son mérite est d’autant plus grand qu’elle l’a fait de manière pacifique. Décidemment, après Alger et Khartoum auxquelles l’on peut ajouter Tunis, le Caire et Ouagadougou, les peuples africains semblent avoir trouvé l’antidote pour déboulonner leurs tyrans. Le courage et la détermination du peuple soudanais viennent d’être récompensés. Et les démocrates d’Afrique et d’ailleurs doivent tirer leur chapeau à ce vaillant peuple. Ils doivent d’autant plus le faire que tout le monde sait, du moins les gens de bonne foi, que l’alternance par les urnes, est une vue de l’esprit dans les pays dont les dirigeants ont fait l’option politique de s’asseoir sur la démocratie. Et le Soudan du sulfureux Omar el-Béchir en est un. Qu’un tel homme soit  balayé par la rue avec le coup de pouce de l’armée est, en soi, un grand évènement que tous les peuples du monde doivent savourer. En réalité, l’armée soudanaise n’a fait que cueillir un fruit dont la maturation a été accélérée par le peuple. Mais, pour n’avoir pas fait l’option de réduire la contestation populaire par la force brutale, comme l’auraient fait bien des armées sous nos tropiques, l’armée  soudanaise a droit aussi à sa part de lauriers dans la chute de celui qui a régenté le pays pendant 30 ans. Cela dit, les Soudanais viennent de tourner la page d’un satrape. Avant lui, c’est la page de Boutef, un autre satrape, qui a été tournée en Algérie grâce à la rue. L’on peut donc légitimement se poser la question suivante : à qui le tour ? Cette question est d’autant plus pertinente que sous nos tropiques, bien des dictateurs sont encore en activité. En effet, plusieurs pays de l’Afrique au sud du Sahara ploient encore sous le joug de présidents de la nature et de la génération  Boutef et de Béchir.
 
Béchir vient de récolter ce qu’il a semé pendant 30 ans
 
Il faut donc souhaiter que  la bourrasque populaire qui a balayé les despotes au Nord du Sahara, fasse des émules au Sud. Car, autrement, l’on ne voit pas comment on peut s’en débarrasser. Au nombre de ces satrapes, Paul Biya du Cameroun, Idriss Déby du Tchad, Faure Gnassingbé du Togo, Denis Sassou N’Guesso du Congo, Ismaïl Omar  Guelleh de Djibouti, Obiang N’Guema de Guinée Equatoriale et on en oublie. Cela dit,  sans faire l’apologie des pronunciamiento, l’on peut suggérer aux armées de ces pays en proie à la dictature, de ne pas travailler à contrarier la volonté des peuples de leurs pays respectifs et d’indiquer la porte de sortie aux satrapes qui n’auront alors que mérité leur sort.  Comment,   en effet, comprendre que tous ces chefs d’Etat maladivement scotchés à leur fauteuil, ne soient jamais rassasiés de pouvoir au point de ne savoir jamais quitter les choses avant qu’elles ne les quittent ? C’est ainsi qu’on arrive au pouvoir sous les hourras du peuple et qu’on en repart sous les lazzis et   quolibets du même peuple ! Le rapport du dirigeant africain au pouvoir, à quelques exceptions près, est franchement nauséeux et navrant !    Les Tunisiens, les Egyptiens, les Burkinabè, les Algériens et les Soudanais  ont déjà chassé leur dictateur avec succès. Et l’on peut comprendre pourquoi les Soudanais ont accueilli la destitution de leur despote, dans la liesse populaire. En effet, par là, ils viennent de poser un pas dans le sens de la liberté et de la dignité. Mais il leur reste d’autres pas à poser pour s’affranchir totalement du système que Omar El-Béchir a mis 30 ans à construire, brique  après brique. Et la même armée qui vient de déposer Béchir était au cœur de ce système. L’on peut donc craindre qu’elle soit tentée de faire du Béchir sans Béchir. Déjà, elle montre des signes inquiétants. En effet, la Grande muette vient d’annoncer la mise en place d’un Conseil militaire chargé de gérer le Soudan pendant une période de transition de deux ans. Cela s’apparente à une récupération de la révolution du peuple soudanais. Et mieux encore, rien ne  dit que l’armée tiendra ses engagements au bout de deux ans. De ce point de vue, l’on peut déjà relever et saluer, l’Association des professionnels, du nom des corps de métier qui ont actionné la rue contre Béchir. En effet, ladite        association, tout en dénonçant l’épilogue militaire de la crise, invite le peuple soudanais à  ne pas baisser la garde jusqu’à être totalement débarrassé du système Béchir dont l’armée était au cœur. De ce point de vue, la rue soudanaise et  la rue algérienne se ressemblent, comme deux gouttes d’eau. Et tous ceux qui rêvent de changement qualitatif en Afrique, peuvent s’en féliciter. Quant à Omar-el-Béchir, personne ne doit écraser une larme pour lui. Car il vient de récolter ce qu’il a semé pendant 30 ans. Cette sortie de l’histoire par une porte dérobée est, on ne cessera jamais de le dire, la rançon des longs et sanglants  règnes. Il doit désormais tout assumer. Le meilleur des scénarios sera, pour lui, un exil, loin de sa terre natale. Le  pire serait qu’il se retrouve à La Haye, pour répondre de son passé de grand criminel.
 
Pousdem PICKOU



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