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Economie

Le débat sur le Franc CFA gagnerait à être conduit sur le plan technique

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Pour poser correctement le débat sur le CFA, il convient d'examiner la question sur le plan technique et non sur un fondement idéologique parfaitement légitime. Lorsqu'on est en responsabilité la question non seulement n'est jamais isolée (intervention des autres aspects de la coopération), mais elle exige une analyse approfondie des contraintes et des réalités de la situation. En effet, pour s'attaquer à l'outil monétaire posons nous les bonnes questions au préalable. La passion pour le changement est symptomatique d'un malaise, notamment au regard des réserves de garantie en compte d'opération et de la souveraineté du processus de décision. Celle-ci pourrait être également la cause d'une future crise économique si nous nous précipitons, sans régler un certain nombre de pré-requis. La mise en place de la feuille de route pour la création de la monnaie CEDEAO est une bonne chose. Tout dépendra désormais de ses options et de son orientation, pour résoudre une série de questions. Disposons-nous réellement d'économies souveraines pour le faire ? Oui, l'aide au développement dans le système bilatéral, permet de privatiser les fonds publics au profit des pays d'origine des bailleurs de fonds, à travers nos partenaires techniques et financiers, mais avons-nous le capital et la technologie qu'il faut pour corriger ce système, que le Pr. Samir Amin appelait la rente de sous-développement que perçoit les puissances industrielles et financières sur les pays pauvres (boucle des 3 A du Sud) en plus des bénéfices qu'elles réalisent sur la détérioration des termes de l'échange ?
Premièrement, l'Afrique entière pèse 6% des importations de la France. Elle représente à peine 5 % du PIB mondial. Si on y retire le Maghreb et les autres pays africains qui ont leurs propres monnaies (Nigéria, Afrique du Sud, Maurice), la contribution de la zone CFA serait inférieure à 1%. Pire, le commerce intra-regional et inter-communautaire des deux zones du franc CFA, reste très faible et disparate, soit environ 15 % pour l'UMOA et 5 % pour la CEMAC, avec des échanges autour de 3% entre les deux zones. Ces chiffres sont assez significatifs pour mener une évaluation critique du rôle et de la fonction qu'une monnaie africaine pourrait jouer dans nos économies en l'état actuel des choses. A la lecture de ces chiffres, il est une évidence, il convient au préalable de réunir un certain nombre de conditions indispensables pour sa viabilité et son efficacité. Dans le système de Brettons-Woods dit du change flottant, il faudra la défendre tout les jours sur la base du différentiel de compétitivité de notre économie. Celle-ci doit être donc assez solide pour susciter la confiance et éviter des dévaluations en cascade.
Ensuite, se pose la question de la maîtrise des économies nationales. On ne développe pas, on se développe nous dit Ki-Zerbo. Nous n'avons pas encore atteint la masse critique entrepreneuriale, qui fasse naître le besoin d'éclater les frontières de l'Afrique pour se lancer à la conquête des marchés extérieurs, alors même, que les instruments monétaires communs que sont les deux CFA n'ont pas permis de renforcer l'intégration économique africaine et de promouvoir son commerce extérieur avec une monnaie stable, convertible et transférable . Nous constituons un marché de consommateurs au profit des économies extérieures qui possèdent la technologie, puisque nous n'avons aucune capacité transformatrice pour valoriser nos richesses locales et que notre recherche et développement est si pauvre ( 1% de nos budgets) qu'elle est incapable de nous garantir un avenir par un développement endogène, tout comme notre école est défectueuse, voire malade, pour permettre un changement significatif à court terme. Nos exportations de matières premières qui servent à financer nos économies sont vendues au prix du marché (mécanisme de l'offre et de la demande), mais qui sont ceux qui sont derrière les marchés ? L'Afrique ne fait pas partie de ces spéculateurs. Son avenir se joue à l'extérieur, tant que ses économies seront extraverties. Conséquence, toute la valeur ajoutée de nos économies est réalisée à l'extérieur du continent, dans les pays où les incorporations technologiques de nos richesses naturelles sont effectuées, faute de capacité technologique de notre part. La part du secteur industriel dans nos économies plafonne à 15 %, et notre production manufacturière représente moins de 2% des exportations mondiales dans la même catégorie. Nous ne disposons même pas de grandes chaines et de circuits de distribution structurés pour écouler notre production. Aucune monnaie ne pourra changer ce profil de nos économies, mais des politiques économiques audacieuses, volontaristes, imaginatives et nationalistes au sens positif du terme.
Enfin, les économies se financent, or notre accumulation de capital pour accomplir ce rôle est très insuffisant, faute de capitaines d'industrie ( notre croissance est tirée par la dépense publique), mais aussi et surtout en raison de l'importance de l'évasion fiscale ( le montant des fortunes africaines placées à l'extérieur est supérieur au montant de la dette extérieure de l'Afrique, empruntée avec intérêt pour financer son économie; la corruption et le racket fait perdre aux Etats Africains 25 % de ces recettes) et du gaspillage (10% de nos ressources financières sont dépensées dans des opérations improductives de séduction, de prestige et de clientélisme politique). Aussi, nous devons commencer par mettre de l'ordre dans la gestion de nos fonds publics et d'améliorer la gouvernance de nos économies. Aucune monnaie n'améliora notre capacité de gestion, que seule la bonne gouvernance peut.



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