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Nuit des Kundé: « Sana Bob ne va demander le même cachet qu'Alpha parce qu'ils jouent sur le même plateau !»

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Les Kundé aujourd’hui, grâce à la magie du satellite, constituent une fierté pour les Burkinabè à l’extérieur selon Jah Press. Malheureusement, la manifestation devient de plus en plus pesante
 
 
A l’état civil vous êtes connu sous le nom de Salfo Soré, mais la grande majorité des Burkinabè vous appelle Jah Press. D’où ce surnom vous vient-il ?
 
Cela date du temps où j’étais au lycée à Dabou, une ville située à une trentaine de kilomètres d’Abidjan en Côte d’Ivoire, quand je commençais déjà à m’intéresser aux chroniques sportives et aux animations de soirées dansantes qu’on organisait pendant les vacances scolaires. Les élèves, après le décès de Bob Marley le 11 mai 1981, se donnaient des noms à consonance jamaïcaine ou américaine. Me concernant, un ami m’a surnommé au début Jah Presson. Quand je suis revenu ici au pays, et qu’après l’obtention  de mon Bac au Lycée Philippe Zinda Kaboré à Ouagadougou j’ai débuté l’animation à Radio Energie, j’ai trouvé que mon surnom était un peu long. Pour faire court, j’ai alors supprimé le « on », ce qui a donné Jah Press.   
 
Vous êtes l’initiateur et le commissaire général des Kundé. Comment vous est venue l’idée de leur création ?
 
A Radio Energie, j’animais une émission qui s’intitulait « Vibrations nocturnes ». Elle avait lieu tous les jours, du lundi au vendredi de 21 heures à 23 heures. En son temps, jouer de la musique burkinabè pendant tous ces jours et toute cette plage horaire n’était pas évident. Il y avait de longues périodes où pratiquement la production discographique était inexistante. Durant toute une année, il n’y avait pas de nouveautés. Les homes studios n’existaient pas et il fallait aller à Abidjan pour s’enregistrer. Cela faisait que les artistes se comptaient sur les doigts de la main. On avait à la limite des noms comme Georges Ouédraogo, Salaka Vince, Amety Meria… En réalité, il n’y avait pas grand-chose. C’est pour cela qu’on était amené à un moment donné à jouer 90% de musique étrangère pendant l’émission. On s’est alors demandé comment faire pour que ça bouge un peu dans le milieu du show-biz. On a donc mené la réflexion qui a abouti à l’idée d’une manifestation visant à mettre en avant les artistes burkinabè, à les encourager, à les stimuler à produire. Au début du projet, on avait retenu « Balafon d’or » comme dénomination. En cours de chemin, Mahamoudou Ouédraogo, qui était le parrain de la première édition et ministre de la Culture à l’époque, a suggéré de trouver un autre nom, parce que cet instrument n’était pas bien connu au Plateau central et n’était pas très fédérateur. Le balafon, selon lui, était plutôt très populaire du côté du sud-ouest du pays. On a donc réfléchi et finalement on a opté pour « Kundé », un instrument de musique qui existe un peu partout au Burkina Faso et même chez nos voisins maliens. On le retrouve aussi chez les Akan et les Baoulé en Côte d’Ivoire, en Guinée…    
 
Les Kundé, c’est aujourd’hui une grande administration dont on ne perçoit pas toujours le travail. Concrètement, à quoi s’occupe-t-on entre deux éditions à BIZART Production, dont vous êtes le responsable ?
 
A partir du moment où on a fixé l’année musicale du 1er mars de l’année écoulée jusqu’au 28 février de l’année en cours, entre deux éditions des Kundé, on met en place un observatoire qui guette et scrute les sorties discographiques des artistes burkinabè dans cette période-là. Sur cette base, lorsqu’on arrête une liste, on commence à faire le travail. On soumet cette liste et des critères par catégorie à des personnes-ressources et à un comité pour travailler. Après on rassemble le tout pour une confrontation et on arrive à déterminer les trois nominés par catégorie. C’est un travail de longue haleine. Il y a une grosse organisation derrière tout cela, contrairement à ce que certains pensent. Entre-temps, il faut trouver les voies et moyens de tenir la manifestation, de courir après les sponsors. Ce n’est pas toujours aisé, et, comme je le dis souvent, à chaque Kundé son contexte : par exemple pour la préparation de la prochaine édition, qui aura lieu le 27 avril courant, je reviens de Lagos où je suis allé signer un contrat. Le 2 mars dernier je suis arrivé à l’aéroport d’Abidjan à 10 heures 13 minutes. Le temps de récupérer mes bagages, je vois des policiers ivoiriens en train de discuter sur les tirs en cours à Ouagadougou. Quand on est dans cette condition, on est paniqué et on pense au pire. On m’a même appelé du Nigeria où je venais récemment de signer un contrat pour s’inquiéter de la situation sécuritaire au Burkina. Il y en a qui étaient tout simplement frileux. Le contexte devenait alors encore plus difficile.
 
La prochaine édition des Kundé, vous l’avez rappelé, c’est pour le 27 avril 2018. Où en est-on présentement avec les préparatifs ?
 
Il faut dire qu’on est maintenant assez rodé en la matière. Pour la partie organisation pure et dure on sait comment ça se passe. Pour la grande organisation, il faut beaucoup de moyens et c’est à ce niveau que ça pèche un peu. On est en train tout de même d’y aller. La manifestation a pu se tenir bon an mal an depuis plus de 17 ans. On est en train de travailler à faire avec ce qu’on a et à proposer quelque chose de potable comme d’habitude aux téléspectateurs et à tous ceux qui attendent impatiemment cet évènement. Vous le savez, la salle des Banquets a été réquisitionnée par la Justice militaire dans le cadre du procès du putsch manqué. Cette contrainte nous oblige à nous rabattre sur le Palais des sports de Ouaga 2 000, qui demande un plus grand aménagement. Il y a des équipes de la sous-région qui sont déjà venues sur place pour inspecter, prendre leurs marques et faire des mesures de la salle. Pour l’instant, on peut dire que tout va bien.
 
Pouvez-vous, après la première conférence de presse sur l’évènement, revenir plus en détail sur les principales innovations de cette année ?
 
Cette année, on a jeté un regard plus accentué sur la musique traditionnelle. Quand on considère certains artistes dans cette catégorie-là, on estime en fonction de l’actualité du moment et de ce qu’ils mènent autour de leurs productions que de réels efforts sont faits. Dans ce domaine, on a une dame comme Habibou Sawadogo. Par la force des choses, on y retrouve également une autre dame, Hawa Boussim. Quand on prend ne serait-ce que ces deux femmes qui sont en compétition pour le Kundé d’or, et c’est une première, on voit que leur travail est basé sur la musique du terroir et c’est à l’honneur de la musique traditionnelle et des artistes qui vont chercher dans le terroir burkinabè. C’est la même chose pour Don Sharp de Batoro qui, il faut le dire, fait beaucoup de recherches à ce niveau-là. Cette année la coloration des Kundé, c’est du tradi-moderne. Ce sera l’innovation majeure dans la catégorie Kundé d’or. Dans l’organisation on essaie de mettre les petits plats dans les grands afin  que le décor soit à la hauteur des attentes. On fait aussi en sorte que des artistes étrangers invités puissent participer à la cérémonie avec leurs homologues burkinabè, pour que le spectacle qui va être produit soit vraiment des plus relevés et le meilleur possible.  
 
Justement, comment se fait le choix des vedettes étrangères pour la soirée de gala ?
 
On fait tout pour considérer l’engouement autour de certains artistes que les gens attendent, et aussi voir du côté des « anciens » pour amener le public à voyager dans le temps. S’agissant de ces derniers, ce n’est pas très facile, parce que beaucoup sont vraiment très fatigués par l’âge. On signe avec eux et à l’approche de l’évènement ils ont des bobos de santé. Ce sont des humains après tout, mais les gens oublient le plus souvent cela. On est donc obligé de les remplacer à la dernière minute. Il y a aussi les artistes très en vogue qui ont beaucoup de contrats, et pour cela il faut signer très tôt avec eux pour être sûr de pouvoir les faire venir.
 
Y aura-t-il des artistes ivoiriens cette édition-ci, si oui lesquels ?
 
C’est trop tôt pour en parler, dévoiler l’identité des artistes. Mais ce qu’on peut dire, c’est qu’il y aura de grosses pointures venant de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Nigeria, du Congo, de la France… Bientôt vous en saurez davantage.  
 
Si ce n’est pas indiscret, combien peut empocher chacune des vedettes ?
 
Cela dépend de quel artiste il s’agit. Vous savez, le milieu des artistes est très ouvert. Pour la même cérémonie, Bill Aka Kora par exemple n’a pas le même cachet que Floby. Floby n’a pas le même cachet que Zougnazaguemda et ce dernier n’a pas le même cachet que Salif Wiidga. Ainsi de suite… Cela dépend de la forme du moment de chacun et de sa cote de popularité sur le plan international. C’est pour cela qu’on négocie avec certains  pour faire un concert le lendemain de la soirée de gala, afin de profiter de leur présence, parce que les Kundé après tout ce n’est pas le spectacle d’un seul artiste. Il y a un peu de tout et c’est ce qui fait la beauté de la chose. Un artiste ne peut pas faire plus de deux prestations aux Kundé. Aujourd’hui, les plus chers en matière de spectacle sont les Nigérians. Quand on prend P-Square, il faut casquer entre 100 000 et 150 000 dollars (75 et 100 millions de francs CFA) pour un seul concert. Par contre un monsieur comme Alpha Blondy, qui est un grand artiste de l’espace francophone, joue à peu près entre 30 et 40 millions de francs CFA. Beaucoup ne comprennent alors pas pourquoi P-Square coûte plus cher qu’Alpha. C’est ce qui vient tout de suite à l’esprit, mais il faut voir le contexte. Là-bas au Nigeria ils sont près de 180 millions d’habitants et ces groupes y jouent à des mariages et à des baptêmes à ces prix-là. Cela ne se passe pas ainsi dans le milieu du show-business ici. Ce n’est pas parce qu’il joue sur un même plateau qu’Alpha Blondy que Sana Bob par exemple va demander le même cachet que lui. Ce n’est malheureusement pas la même chose.
 
Et qu’en est-il du choix des membres du jury ?
 
Pour les membres du jury, on a là aussi une liste sur laquelle on est en train de plancher. On ne l’a pas définitivement arrêtée et cela fait toujours l’objet d’une question de dernière minute parce qu’on a peur des harcèlements. On ne veut pas que les membres du jury subissent des pressions. De façon générale le jury est constitué d’un mélomane, d’un journaliste, de quelqu’un d’une institution, d’une radio… En fait  leur profil tourne autour des acteurs du monde de la musique pour éviter que ça aille dans tous les sens.  
 
Des évènementiels comme le vôtre existent ailleurs en Afrique comme au Mali voisin avec les Tamani. Avez-vous une quelconque collaboration avec ceux-ci ?
 
C’est vrai que, pour le Mali avec les Tamani, on a la chance de connaître l’organisateur qui est un ancien de Seydoni-Burkina avec qui on a de bons rapports. On a le Djembé d’or en Guinée, les Sika au Bénin… A l’occasion de la tenue de ces manifestations, on envoie quelques artistes en fonction de ce que les initiateurs attendent du Burkina. Ce n’est pas systématique. On a de bons rapports, mais il faut reconnaître que si nous, on a la chance de tenir les Kundé à bonne date chaque année, ce n’est pas le cas de ces manifestations citées plus haut. Leur tenue n’est pas régulière, mais tant que c’est possible, chaque année le Kundé de la meilleure chanson d’inspiration traditionnelle participe à ces évènementiels.
 
 
Quel feed-back vous parvient des différents lauréats et autres partenaires des Kundé ? Avez-vous un retour assez quantifiable de l’impact de la manifestation sur le monde du show-biz au Burkina Faso ?
 
On ne peut pas se targuer d’impacter à 80% le show-biz burkinabè. Mais ce qui est sûr, de plus en plus, il y a un engouement pour la manifestation, et rien qu’à considérer l’organisation des artistes avec des managers, un staff et autres, on se rend compte qu’il y a un impact positif. Il se trouve maintenant des lauréats des Kundé qui mentionnent leur palmarès dans leur biographie. Au début, pour trouver trois artistes par catégorie, c’était très compliqué. A présent il y en a tellement qu’on a recours à des personnes-ressources pour faire un travail préalable. On peut dire que nous contribuons de façon modeste à l’évolution du show-biz burkinabè et on n’est pas le seul. La satisfaction qu’on a, c’est qu’aujourd’hui, quand on va dans les boîtes de nuit, les bars dancings, on peut danser tous les genres musicaux pratiqués par les artistes-musiciens burkinabè et on peut faire une sélection d’une heure, voire deux de musique du Burkina.
 
Que pensez-vous de l’évolution de la musique burkinabè en général ?
 
Pour moi il y a beaucoup d’avancées. Le plan national n’est pas le véritable problème, mais le positionnement au niveau international. En tant que promoteur privé, on tente à notre manière de faire des passes à certains artistes en les recommandant à des collègues animateurs-radio ou télé quand ils ont l’occasion de voyager dans la sous-région. On remarque qu’un artiste comme Floby, de plus en plus, s’associe à des Ivoiriens pour tourner à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. Il  y a Imilo qui était récemment en tournée, Dez Altino également. Zougnazaguemda jusqu’à une date récente était le seul qui se produisait sur le territoire ivoirien avec son orchestre. Progressivement il y a beaucoup de choses qui se font avec des artistes étrangers, mais pour le vrai positionnement de la musique burkinabè sur le plan international, il faut une volonté politique, et là j’interpelle le ministère de la Culture. Des artistes locaux et leur staff se débrouillent pour sortir des albums. On en voit qui passent sur des chaînes internationales. Il y a des pays qui n’ont pas autant de musiciens que le Burkina, mais qui sont très présents sur ces chaînes-là. C’est la volonté politique qui leur permet cela. On met les moyens à leur disposition pour qu’ils fassent des clips qui répondent aux normes afin de les pousser au maximum à être présents un peu partout dans le monde. Tout cela à un coût.
   
Beaucoup voient dans le vote du public parfois un certain facteur de déséquilibre par rapport au travail du jury officiel. Quel est votre commentaire ?
 
Le vote du public impacte pour 25% seulement celui du jury. C’est un élément qui n’est pas fondamental, parce que 25%, ça ne saurait déséquilibrer le travail d’un jury. Quand le choix du public coïncide avec celui des jurés, on est dans le meilleur des mondes possible. A travers le vote du public, nous faisons un clin d’œil au partenaire pour son soutien. Ce vote n’est pas limité, et les gens peuvent voter autant de fois qu’ils le souhaitent. Une personne peut voter le nombre de fois qu’elle veut. Tant qu’il y a des unités, on y va. On ne peut donc pas prendre en compte que ce vote, parce qu’il y a des gens qui sont très bien organisés et peuvent trouver peut-être plusieurs dizaines de personnes avec des portables, rien que pour voter pour le même artiste. Si on n’y fait donc pas attention les résultats risquent d’être biaisés. C’est pour cela que le jury a des critères sur lesquels il se base pour statuer. On est solidaire avec lui. On se rappelle l’année où Smockey a été choisi Kundé d’or. C’était un tollé général, mais par la suite les gens ont reconnu qu’il est un artiste de talent, même si son genre musical ne faisait pas l’unanimité au sein des Burkinabè. Aujourd’hui, ça ne pose plus problème que le jury choisisse son Kundé d’or qui ne soit pas forcément celui du public.
  
D’aucuns soutiennent que les jurés se voient imposer à l’avance certains candidats pour l’attribution des distinctions.
 
L’imposition peut s’expliquer par rapport à la catégorie et à ce niveau seulement. On soumet au jury les artistes nominés par catégorie. Son travail est basé essentiellement sur le vote de certains mélomanes, des rédactions de la presse nationale, du service culturel et des chefs des programmes des radios et télévisions. Il ne peut pas, à partir du moment où quelqu’un n’est pas dans une catégorie donnée, l’y faire figurer. Quand il dépouille les votes, ça lui permet d’avoir une idée générale. S’il n’est pas d’accord avec un vote, c’est à lui de trancher par catégorie pour avancer. Les votes du public se font jusqu’au moment de la cérémonie. Le jury, lui, délibère soit la veille, soit le matin du jour J. Donc a priori il ne peut pas savoir celui qui va gagner le plus grand nombre de suffrages.
 
Pendant longtemps, beaucoup ont vu la main de Chantal Compaoré dans la tenue régulière et le succès des Kundé. Quelle réponse leur opposez-vous, maintenant que la principale concernée n’a plus voix au chapitre en tant que Première dame ?
 
La réponse est claire, car elle n’est plus là mais les Kundé continuent de se tenir. C’est vrai que pour le commun des mortels on donnait des mallettes d’argent au Commissariat général. On a même entendu dire que les Kundé sont une idée de Chantal Compaoré,  qui s’est seulement chargée de trouver un comité d’organisation. Comme je l’ai dit plus loin, quand on a eu l’idée d’organiser les Kundé en 2001 au ciné Neerwaya, le premier parrain n’était autre que le ministre Mahamoudou Ouédraogo. Quand on lui a expliqué le concept, il a trouvé que pour valoriser les artistes, on ne devrait pas leur donner des trophées dans des conditions sobres. Il fallait alors qu’on organise l’édition suivante avec classe pour montrer ce que ça valait vraiment. Pour valoriser les artistes, donc il fallait que ça soit une cérémonie et en direct à la Télévision nationale du Burkina (TNB) afin que les gens apprécient le travail des artistes en une année. Le ministre a jugé bon de nous proposer un tuteur pour la deuxième édition, et il nous a proposé l’épouse du chef de l’Etat, donc une marraine. C’est encore lui qui nous a introduits chez l’ex-Première dame qui a voulu s’assurer que la manifestation était bien organisée. Après sa participation à la deuxième édition, elle a bien aimé, et chaque fois, elle nous renouvelait sa volonté de nous accompagner en étant toujours présente. J’avoue que cette présence systématique chaque fois qu’elle avait le temps d’être là a permis au comité d’organisation d’être pris au sérieux et de donner une image positive de la manifestation, en nous crédibilisant aux yeux de notre partenaire. Chantal Compaoré nous a amenés là où nous sommes aujourd’hui. Ce fut un grand apport. Mais contrairement à ce que les gens pensent, ce n’est pas une histoire de gros sous. A ça je dis non. La preuve, on a même organisé les Kundé pendant la Transition et ce fut un franc succès à tout point de vue.
 
Depuis le changement de régime, avez-vous réussi à rencontrer l’ex-couple présidentiel en exil à Abidjan ?
 
(Rires) Non. Nos rapports avec l’ex-Première dame s’inscrivaient seulement dans le cadre des Kundé.
 
En termes chiffrés, combien vous coûte l’organisation d’une édition des Kundé ?
 
Aujourd’hui le coût de l’organisation des Kundé tourne autour de 100 à 150 millions de francs CFA. C’est cela la grande difficulté. Quand on arrive à boucler le budget, ça se sent à travers le décor, les grands moyens qui sont déployés, la qualité des artistes, des invités… Et quand ce n’est pas le cas, on fait ce qu’on peut. Il ne faut pas qu’après la manifestation on se retrouve à la gendarmerie pour répondre à des convocations.
 
A combien peut s’élever l’apport des sponsors ?
 
De nos jours, on l’estime à un peu plus du tiers du budget. Même avec l’apport des quelques mécènes, ce n’est pas évident. Ailleurs les sponsors se bousculent au portillon et on a même l’embarras du choix. Au Burkina, avec la récession économique, tout le monde se plaint de la chute de son chiffre d’affaires. Quand on prend le cas de notre sponsor officiel qui est Orange, en Côte d’Ivoire il donne beaucoup plus de moyens. Orange-Côte d’Ivoire, en matière d’abonnés, à elle seule, dépasse ceux des trois sociétés de téléphonie mobile réunies exerçant au Burkina.  Actuellement, son budget marketing est très élevé. Côté brasseries, entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, c’est le jour et la nuit en matière de sponsoring. On espère que les choses vont évoluer chez nous aussi ; autrement c’est difficile et on commence à être très éprouvé. Le public attend toujours des innovations et les artistes sont capricieux. Les cachets ne cessent de flamber, à tel point qu’on se pose bien souvent des questions. Cependant, on va se battre jusqu’à la 20e édition et voir ce que ça va donner. Le risque est que si on veut garder le niveau actuel il faut qu’on ait une source de financement sûre et l’appui des politiques ; il faut en outre que chaque année, il y ait un fonds pour les Kundé, sinon la qualité de l’organisation va se détériorer obligatoirement. Autant arrêter à un moment où les gens ont une bonne appréciation du comité d’organisation.
 
Concernant les difficultés, pensez-vous déjà à des réformes pour les résorber ?
 
La seule réforme qui va tenir à partir de l’an 20 est vraiment un soutien fort qui nous permette de continuer. Il faut repenser la manifestation. Je remercie d’ailleurs la presse et le grand public pour tout le soutien durant toutes ces années, et les sponsors pour leur confiance renouvelée. La plus belle femme du monde, dit-on, ne peut donner que ce qu’elle a. Chacun fait de son mieux. La pauvreté ne se vend pas. On se fout par conséquent que vous n’ayez pas les moyens. Les cérémonies de récompenses existent partout dans le monde. Actuellement la RTB est sur le satellite, donc quand on organise les Kundé, on doit bien les organiser  ou tout laisser tomber, parce que les Kundé font la fierté des Burkinabè à l’extérieur.
 
Malgré tout, peut-on dire que votre affaire est rentable ?
 
C’est justement parce que ça ne marche pas qu’on veut arrêter. Il faut dire que, pour tenir, on ne gère pas que les Kundé. On fait aussi du marketing opérationnel avec certaines multinationales de la place. On travaille du lundi au lundi, et même les week-ends. Pour une question d’orgueil et d’honneur, il arrive qu’on reverse les petites économies qu’on a pour organiser la manifestation, et ça commence à être très pesant.
 
Entretien réalisé par :
D. Evariste Ouédraogo
&
Félicité Zongo
 
 
 
 
 



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