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Présidentielle au Somaliland : le paradoxe d'hargeisa

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C’est ce qu’on pourrait appeler le paradoxe d’Hargeisa, du nom de la capitale du Somaliland. Voici en effet un Etat qui n’existe pas mais qui réussit l’exploit d’organiser une élection présidentielle.
                                                                                          Quelque 700 000 Somalilandais étaient en effet appelés aux urnes hier pour trouver un successeur au président sortant, Hamed Silanyo, qui a décidé de ne plus se présenter. Trois candidats étaient en lice : Muse Bihi Abdi du parti au pouvoir, Abdirahman Mohamed Abdullahi, un poids lourd de l’opposition, et Faisal Ali Warabe, qui fait office de petit poucet.
A en juger par l’affluence dans les bureaux de vote, où les rangs des hommes et des femmes sont différents, ce scrutin, le troisième du genre dans la jeune histoire de l’Etat, revêt une importance majeure aux yeux des quatre millions d’habitants de ce pays né de la désintégration de la Somalie suite à la destitution du président Siad Barré. Alors que l’ex-colonie britannique et italienne sombrait dans le chaos et le péril islamiste, malgré l’opération Restore hope des Etats-Unis et l’intervention de l’AMISOM forte aujourd’hui de 22 000 hommes, cette partie du pays proclamait en effet son indépendance dès 1991. Et force est de reconnaître qu’un quart de siècle après, le Somaliland est un exemple de stabilité, un îlot de paix dans une mer particulièrement agitée. Seulement voilà, officiellement cet Etat n’existe pas et il semble avoir prêché son accession à la souveraineté internationale dans le désert de Somalie. 26 ans après son coup de force, le pays est toujours à la recherche de cette reconnaissance qui constitue, avec le chômage, les enjeux majeurs de cette élection présidentielle.                                                                                                   Ces deux aspects sont en réalité les deux faces d’une même médaille car sans reconnaissance internationale, pas d’aide internationale. Cela va de soi. Encore moins des crédits des banques internationales privées.
Dans ces conditions, attirer les investisseurs étrangers relève pratiquement de l’impossible. C’est à peine si des ONG et des agences onusiennes essaient de pallier l’absence de soutien extérieur. Un appui bien souvent conjoncturel et loin d’être suffisamment structurel pour impulser un véritablement développement socio-économique qui, pour l’heure, n’est pas amorcé.
Et que dire particulièrement du chômage des jeunes qui atteint des proportions inquiétantes ? Selon les chiffres de la Banque mondiale, 75% des moins de 25 ans étaient sans emploi dans ce non-Etat. Autant dire que cette jeunesse désœuvrée peut être même source d’instabilité car elle pourrait constituer une proie facile et un vivier pour les Shebab, qui sèment la terreur dans cette Corne de l’Afrique loin d’être une corne d’abondance.
Que faire donc ? Reconnaître le plein droit à ce Somaliland qui se bat seule comme un beau diable pour exister ? La réponse n’est pas si évidente. Parce que si un tel scénario devait advenir, ce serait quelque part encourager les velléités indépendantistes qui existent un peu partout sur le Continent et qui se sont parfois concrétisées comme au Soudan du Sud il y a quelques années avec la suite qu’on connaît.
Et en l’espèce, les populations Somali de l’Ethiopie et du Kenya pourraient être tentées de suivre cette voie. Ce n’est donc pas demain qu’on prendra la lourde responsabilité de bouger ces plaques tectoniques au risque de provoquer un séisme, d’autant plus qu’une éventuelle reconnaissance doit avoir l’onction de l’Union africaine qui est souvent frileuse sur la question en raison du sacro-saint principe d’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Sans oublier que de grands Etats membres comme l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Ethiopie, qui abrite le siège de l’Organisation, ne veulent pas en entendre parler.
On continuera donc pendant longtemps d’épiloguer sur ce pays virtuel où, malgré les difficultés du quotidien, on doit certainement mieux vivre que du côté de Mogadiscio où l’Etat exsangue s’est délité au profit des bandes terroristes et criminelles.
Hugues Richard Sama



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