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Faure Gnassingbé, dans une caserne: On le voit venir

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Aux lendemains des trois jours de manifestations de l’opposition togolaise, le président Faure Gnassingbé, dans une allocution faite dans une caserne, a fait une déclaration malheureuse dans laquelle il tient l’opposition pour  responsable des tueries et des violences consécutives aux manifs que connaît le pays. « Notre pays, le Togo, est actuellement perturbé par des manifestations qui, loin d’être pacifiques comme l’autorise la loi, ont été souvent d’une très grande violence. Ceux et celles qui organisent ces manifestations portent la lourde responsabilité des victimes que les participants ont faites et des dégâts qu’ils ont causés. Ce fut le cas de cet enfant tué à Mango et aussi à Sokodé. Ce fut également le cas de vos camarades, frères d’armes, lynchés, décapités par un groupe d’individus organisés et préparés à cet effet. Leurs assassins sont activement recherchés et tout sera mis en œuvre pour les retrouver où qu’ils se trouvent, les juger et les châtier, conformément aux lois de notre République »,  a-t-il dit.
Faure voudrait jeter de l’huile sur le feu qu’il ne se prendrait pas autrement
L’on peut d’emblée s’interroger sur l’opportunité de cette sortie à cet instant où le pouvoir lui-même a pris l’initiative d’appeler à un dialogue avec l’opposition,  dans l’espoir que, selon les termes du communiqué lu à la télévision nationale par  le ministre de l’Industrie et du tourisme, Yaovi Ihou,  « tout ceci conduira les partis politiques concernés à agir avec la plus grande retenue et responsabilité et à œuvrer pour l’intérêt national par la sauvegarde de la paix et de la cohésion nationale ». En tout cas, Faure voudrait jeter de l’huile sur le feu qu’il ne se prendrait pas autrement. Car, en chargeant l’opposition de tous les péchés du Togo, il ne peut que la braquer et la radicaliser dans ses prises de position. Et c’est l’élan du dialogue, certes sans calendrier, qui prend du plomb dans l’aile. Quant au contenu même de la déclaration, il n’étonne guerre de la part d’un dictateur qui fait feu de tout bois pour se maintenir au pouvoir. N’hésitant pas à travestir la réalité pour masquer ses propres turpitudes, il fabrique des arguments pour servir de prétexte à la répression de ses opposants. Et c’est en cela que le choix du lieu de cette sortie que l’on pourrait qualifier de malheureuse, n’est pas anodin. En choisissant un camp militaire pour tenir ces propos qui disculpent les forces de l’ordre de leurs responsabilités dans les tueries lors des manifestations de l’opposition, il fait non seulement l’apologie de la violence, mais il en appelle implicitement à un usage excessif de la force pour contenir les manifestations de l’opposition. Cela dit, c’est un avertissement qu’il adresse aux opposants qui doivent se convaincre définitivement que l’option du régime face à leurs revendications, est la brutalité. Ainsi donc, les questions que l’on peut se poser sont de savoir si l’armée va continuer à retourner ses armes contre son propre peuple et si l’opposition va se laisser ramollir par ces mises en garde à peine voilées de l’héritier de la dynastie Gnassingbé. A priori, l’on ne peut avoir aucune raison de douter de la fidélité de l’armée au pouvoir en place. Elle est d’ailleurs l’un des piliers essentiels du régime et l’on comprend qu’en ces moments de tourmente, c’est vers elle que le président se tourne pour imposer l’ordre. Le faisant, Faure commet une erreur en transférant le débat de l’arène politique au champ de Mars. Quant à savoir si l’opposition se laissera intimider par les propos du président, le doute est permis.
Le peuple togolais doit prendre ses responsabilités
Car, partis pour une mobilisation qui ne faiblit pas depuis bientôt un trimestre, les leaders du mouvement qui font jusque-là preuve d’une parfaite lucidité politique, peuvent être davantage galvanisés par cette déclaration du chef de l’Etat qui frise la défiance. En tout cas, toute autre attitude contraire serait un manque de respect aux martyrs tombés sur les champs de cette bataille pour l’alternance politique au Togo. C’est dire donc qu’en cédant à la peur face aux menaces de Faure qui s’est revêtu de ses apparats de guerrier, les leaders de l’opposition jouent leur avenir politique au Togo. Cela dit, il leur appartient de trouver les stratégies pour faire échec au plan ourdi par le pouvoir pour reprendre la situation en main et dont les pans se dévoilent à demi-mots. On devine, en effet, assez aisément qu’en faisant porter la responsabilité des tueries à l’opposition, le projet est de décapiter le mouvement de contestation  en traînant ses premiers responsables devant la Justice qui les enverra croupir en prison, pendant que la soldatesque se chargera d’imposer par la violence l’ordre dans la rue. Pour déjouer ce plan, il faut plus que des marches qui, d’ailleurs, peuvent s’essouffler avec le temps. C’est pourquoi le peuple togolais doit, à l’image du peuple burkinabè, prendre ses responsabilités et contraindre la bête à lâcher prise. En attendant cet Armageddon, l’opposition doit se le tenir pour dit : avec ces signaux contradictoires émis par le dictateur, l’offre de dialogue qui lui a été faite n’est en rien sincère quand elle ne relève pas simplement de la ruse pour endormir les consciences.
« Le pays »

 



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