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Henri Konan Bédié et Guillaume Soro : une alchimie politique en marche pour une grande Côte d’Ivoire

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            La tradition du dialogue porte ses fruits chez ceux qui y persévèrent avec sincérité. La Parole – celle qui s’inspire du Verbe Incréé -  adoucit les cœurs et les mœurs dans la continuité de son partage et non dans les atermoiements discontinus de son usage. Dans le face-à-face récurrent des émotions partagées et des vérités dites, se tisse alors la confiance secrète qui constitue le socle spirituel d’une nation éprise de démocratie, de progrès et de fraternité vrais. N’a-t-on pas vu cela avec évidence à Daoukro, lors de la journée filiale passée par le Chef du Parlement ivoirien, Guillaume Soro, chez l’ancien Président de la République de Côte d’Ivoire, le doyen Henri Konan Bédié ? Le terme d’alchimie me semble convenir pour désigner une relation spéciale comme celle qu’il nous est donné d’observer : faite de simplicité, de profondeur et de sagesse immémoriale. L’alchimie est la chimie des choses cachées. La chimie spirituelle. Bédié et Soro n’ont pas par hasard choisi le 9ème jour du mois - ce chiffre 9, symbole triple du Trismégiste, de la plénitude des choses de l’Esprit- pour affirmer la force de la synthèse républicaine dont ils sont porteurs. Les images de cette journée du 9 novembre 2017 à Daoukro ont subtilement répandu, par leur sobriété et leur détente visibles, par leur sérénité et leur naturel désarmants, un véritable baume de douceur et de de tempérance sur la Côte d’Ivoire. Au regard de l’atmosphère relativement délétère dans laquelle la Côte d’Ivoire a globalement baigné en cette année 2017, il sied donc absolument de saluer l’exceptionnelle résilience de la symbiose Bédié-Soro, en montrant ses fondements, ses œuvres et ses promesses. L’observateur politique ne peut manquer d’interroger cette amitié politique en profondeur, s’il veut éclairer l’une des sources de la stabilité ivoirienne actuelle et future, à savoir la réelle volonté d’ouverture de l’ancien Chef de l’Etat ivoirien envers la génération compétente qui va assumer le pays dans les prochaines décennies. Mes questions sont donc : 1) Qu’est-ce qui fonde l’alchimie manifeste entre Henri Konan Bédié et Guillaume Soro ? 2) Comment se traduit cette entente plus que cordiale, qui inclut même une dimension filiale et spirituelle ? 3) De quelle promesse l’osmose Soro-Bédié est-elle porteuse ? Scrutons l’horizon en nous servant des lumières de ces trois interrogations.
Aux fondements de l’alchimie Bédié-Soro : la forge de l’Histoire
            Le Président Bédié et le Chef du Parlement ivoirien ont quelques points saillants en commun. Leurs atomes crochus puisent sans doute dans ces convergences placées en eux et autour d’eux par le destin.  
-Les deux personnages ont en commun d’être des mordus du droit et de la politique depuis leur tendre jeunesse. Bédié étudie le droit dans sa tendre jeunesse et s’intéresse autant à l’économie politique qu’au magistère constitutionnel à Poitiers. Guillaume Soro, orienté en Licence d’Anglais à Abidjan, alors qu’il voulait étudier le droit, s’y replonge par le syndicalisme, par les cercles de formation de gauche, et par les sciences politiques qu’il arpente goulûment pendant ses années d’exil à Paris VIII. Il est, comme Bédié, un vorace lecteur d’essais politiques. Un redoutable amateur d'analyse stratégique. Et un compagnon naturel des intellectuels en tous domaines...
-Ils ont ensuite en commun d’avoir accompli des parcours politiques longs et denses dans les arcanes de l’art royal républicain. Les Ivoiriens les connaissent bel et bien. Henri Konan Bédié est ambassadeur de Côte d’Ivoire à 26 ans. Il est ministre de la République à sa trentaine. Il sera pendant près de 10 ans Président de l’Assemblée Nationale. Puis dès 1993, en vertu de l’article 11 de la constitution ivoirienne d’alors, il succède – suite à son décès-  au Président Félix Houphouët-Boigny à la tête de la République de Côte d’Ivoire.  Guillaume Soro est à la tête de la très puissante FESCI à 22 ans. Il structure et dirige la rébellion ivoirienne de 2002 à 30 ans. Il est ministre et ministre d’Etat à la suite des négociations de 2002 à 2003. Il est Premier ministre dès 2007, sous deux Présidents de la République successifs et opposés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Il durera près de 5 ans à la Primature. Et depuis 2012, soient plus de 6 ans, il est le Président de l’Assemblée Nationale et le Chef du nouveau Parlement bi-caméral prévu par la constitution du 4 novembre 2016. Bédié, Soro : deux carrières politiques précoces, continues, denses et soutenues.
-Ils ont en commun de s’être connus très tôt, de s’être affrontés avant de s’apprécier. L’adversité, lorsqu’elle a été transcendée, peut forger des amitiés, car elle confronte et acclimate chacun à la vérité de l’autre. Dans les années 90, Soro fut l’adversaire syndical principal du régime Bédié, car il dirigeait le fer de lance de la jeunesse d’alors, la FESCI. Par 6 fois, Soro sera prisonnier du régime Bédié, obtenant même au passage la palme d’or de l’homme de l’année selon la presse ivoirienne. C’est sans rancune que Guillaume Soro en parle aujourd’hui. De cette souffrance, il appris à tirer dignité et grandeur. Mais dans la même période, le Président Bédié fera justement la connaissance du virevoltant et bouillant leader fesciste, avec qui il acceptera de discuter et de négocier. Ils se sont découverts, dans cette confrontation, comme deux lutteurs invétérés s’apprécient, après un match nul. Comment nier que dans ces face-à-face entre le Doyen et le fils, sont nés les premiers filaments de l’estime mutuelle qui les lie depuis lors ?
-Ils ont en commun d’avoir risqué leurs vies ensemble pour la naissance de la nouvelle espérance démocratique ivoirienne. Renversé en 1999 par un coup d’Etat fulgurant et paradoxal, Henri Konan Bédié commence pratiquement sa traversée du désert au même moment que Guillaume Soro quitte l’adolescence politique et commence la traversée de l’exil en 1998. Bédié découvre la terrible condition de l’exclu à Paris, quand Soro lui aussi se cherche entre les études supérieures et la survie en Occident. De telle sorte que l’exclusion électorale d’octobre 2000, organisée contre eux par le système Guéi-Gbagbo,  les trouve désormais solidaires de la même lutte pour la reconstruction du pluralisme démocratique et de l’Etat de droit en Côte d’Ivoire. A partir de 2002, Bédié sait du fond de son exil que son retour dans la politique ivoirienne dépendra aussi de l’intrépidité des Forces Nouvelles de Côte d’Ivoire, qu’il baptise lui-même comme telles lors des discussions de Marcoussis. De fait, les négociations de Lomé, Accra, Dakar, Marcoussis, Prétoria, Ouagadougou, lieront définitivement les carrières politiques de Guillaume Soro et Henri Konan Bédié. Ce n’est donc pas un hasard si, avec le Président Alassane Ouattara, ils constituent le trio majeur du RHDP qui fait tomber le régime LMP de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011 au Palais présidentiel d’Abidjan, après avoir renforcé leur union fraternelle dans le feu couvant autour de l’Hôtel du Golf, « la plus petite république du monde » d’alors.  Bédié et Soro sont donc liés par une longue solidarité de lutte et de sacrifices. Comment ne pas comprendre dès lors les longues heures et journées que les deux hommes n’hésitent point à passer ensemble depuis le début des années 2000, que ce soit en Côte d’Ivoire ou à l’étranger ? Comment s’étonner dès lors que Guillaume Soro soit le plus habitués des grands politiques ivoiriens à l’antre de Daoukro, jusqu’aux plantations de N’zuéba qu’il a arpentées de long en large, entre deux de ces pauses-cigares si raffinées qu’affectionne le sage baoulé ?
-Et, fait notoire : Bédié et Soro ont en commun le souci majeur d’enraciner la paix, la stabilité, la prospérité et la fraternité ivoiriennes à court et long termes, contre toutes les velléités manipulatrices et contre tous les chantages ambiants. Du fond de l’Hôtel du Golf, Bédié, Ouattara et Soro ont promis à la Côte d’Ivoire une paix durable. L’alliance du RHDP était l’arc-en-ciel véritable, tracé par la conscience de l’Histoire, entre le PDCI-RDA, le RDR, les Forces Nouvelles et tous les partis inspirés par l’idéal de fraternité de l’hymne national de Côte d’Ivoire : « Séchez vos larmes, le cauchemar est terminé ! », avait dit Guillaume Soro. Et le nouveau Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, avait, aux côtés de son aîné et allié, et de son jeune frère Soro, promis à la Côte d’Ivoire sur son honneur, la paix, la stabilité, la prospérité et la fraternités véritables. Sur les deux premières promesses, reconnaissons avec le Bravetchè que l’année 2017 n’a pas été facile. Sur les deux secondes promesses, admettons que la classe politique ivoirienne, collectivement, peut et doit mieux faire : frictions, déclarations ambiguës, procès d’intentions, querelles de clochers, alarmisme et complotite, auront malheureusement servi depuis de nombreux mois, un cocktail des plus indigestes aux Ivoiriens et aux amis de la Côte d’Ivoire. D’où la force renouvelée de la molécule Bédié-Soro. Car, disons-le tout net : dans la tempête de ces dernières années, s’il y a deux hommes politiques ivoiriens importants, qui sont inexorablement et constamment restés sur la même longueur d’onde, c’est bien Henri-Aimé Konan Bédié et celui qu’il a appelé au plus fort de la méfiance ambiante, « son protégé », Guillaume Kigbafori Soro.
            Il importera donc, dans la deuxième partie de cette réflexion, d’identifier et d’analyser les hauts faits de l’alchimie Bédié-Soro. Dans cette première esquisse, il était simplement question d’exhumer les bases profondes de la scène filiale du 9 novembre 2017 à Daoukro, après celle que nous avons vécue dans les murs de Paris.
(Affaire à suivre donc dans la deuxième partie de cette exploration, qui abordera les deux questions suivantes : Comment se traduit cette entente plus que cordiale, qui inclut même une dimension filiale et spirituelle ? De quelle promesse l’osmose Soro-Bédié est-elle porteuse ?)  



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