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Côte d'Ivoire /Piscine municipale de Bouaké: un joyau mort de sa belle mort....la cour devenue un champ!!

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 ‘‘Bouaké et sa piscine, ses grandes rues bien éclairées ; Bouaké et sa piscine, ses grandes rues bien éclairées’’. Telle est la célèbre chanson de l’orchestre de Bouaké chantée par Macestro, Ewo Fiessou, reprise par la cantatrice Aïcha Koné, qui a fait les beaux jours de la célébrissime piscine municipale de la capitale de la région de Gbêkê. Celle qui traduisait ainsi la magnificence et la splendeur d’un des pôles d’attraction le plus prisé et le plus visité de l’histoire de la Côte d’Ivoire en général, et en particulier de Bouaké, la Piscine Municipale. Cet édifice, à la fois de distraction et d’éducation était rehaussé de son célèbre Orchestre de la fraternité ivoirienne (OFI) que la municipalité avait mis en place dans les années 1963 à 1980, des mains de son tout premier maire, feu Djibo Sounkalo. Un ensemble musical composé de 12 musiciens talentueux et expérimentés. La priorité de cet ensemble musical, animer les galas officiels et servir de cadre musical aux autres musiciens ivoiriens, jouant sur le territoire municipal de Bouaké. L’orchestre municipal de Bouaké était le plus doté en instruments des grands ensembles musicaux ivoiriens. Le maire, Djibo Sounkalo avait acquis pour son orchestre municipal un matériel d’une valeur d’environ 6 millions de frs Cfa. En 1966 l’orchestre de la municipalité de Bouaké avait animé la soirée dansante du mariage de Maurice Yaméogo, à l’époque Président de la Haute Volta d’alors avec Nathalie Monaco. L’orchestre de la Fraternité ivoirienne avait également animé la soirée gala offerte en l’honneur du Président du Zaïre Mobutu Sesse Seko, en visite officielle en Côte d’Ivoire. L’Ofi avait pour option musicale le “ cubain“ mais jouait aussi toutes les musiques ivoiriennes, et animait Bouaké tous les samedis. La plus célèbre discographie de l’orchestre municipal de Bouaké était “Bouaké et sa piscine“, chantée en 1965. Une chanson à la gloire de la ville de Bouaké, et de son maire Djibo Sounkalo pour sa sympathie extraordinaire. Généralement l’Ofi ne faisait pas de musique commerciale. Son seul objectif était d’animer la ville de Bouaké, et avait de nombreuses prestations à l’intérieur de la Côte d’ Ivoire. C’est dans cette ambiance que des musiciens comme Aïcha Koné, Diane Solo, François Lougah, Reine Pélagie ont fait des essais musicaux avec l’orchestre de Bouaké qui, pendant 30 ans, avait été pris en charge par Djibo Sounkalo. Tous les samedis, le spectacle était assuré à Bouaké, habillé par une musique Afro-cubaine dont “Bouaké et sa piscine“. Une célèbre chanson qui dans sa composition mettait en relief la piscine municipale, vu que cet endroit était le lieu où convergeaient tous les amoureux de la bonne musique, de la nage et des belles soirées de plage. Mais aujourd’hui, après une décennie de crise militaro-politique, que reste-t-il de ce mythique espace de distraction et d’éducation pour les générations présentes et futures ?
Des témoignages et non des moindres ont pu confirmer les moments de gloire de cet édifice sacré et mythique de Bouaké.
‘‘Régalons nous encore de souvenirs, même si celui là nous montre la réalité d’une ville si chère à mon cœur (ma ville natale et 18 ans de ma vie d’enfant). Je revois cette eau limpide dans cet environnement équatorial, où nous barbotions avec nos amis. Je revois l’appâtâmes, le bar accroché au mur pourpre beige où le Fanta orange bien sucré et bien glacé ravivait nos gosiers.  Je revois les ventilateurs qui ajoutaient une brise enchanteresse. Je revois l’arrivée au rond point avec la statue de la mousso et de l’enfant. Je revois la grande route goudronnée qui menait au poste de douane, au lycée américain … la route de M’bahiakro. Ou encore la petite piste qu’il fallait emprunter à vélo ou mobylette à travers les cultures vivrières dont le passage secret est le grillage de la concession d’un vieux toubab dont j’ai oublié le nom. Je revois les poulets braisés du week-end en famille’’, nous a raconté un homme de plus de la soixantaine d’âge, plein d’émotions et de souvenirs pour cette piscine.
‘‘Dire que c’est là que j’ai appris à nager et bien avant que la piscine de l’hôtel Harmattan ne soit construite, nous y étions très souvent avec des amis et nous raffolions de plonger du grand plongeoir. Le zoo n’était pas loin d’ailleurs. Et oui, plus que ces quelques vestiges pour nous rappeler qu’elle était à cet endroit. Au peut se souvenir et se situer encore au milieu de cette belle époque. On dira que cette piscine a bercé notre jeunesse et celle de certains de nos enfants, puisque nous y avons conduits certains pour connaître cet endroit, leur montrer les délices cette piscine et la joie qu’il y avait à fréquenter ce lieu’’, nous a raconté avec beaucoup d’émotion M. Kouakou son souvenir des années 1975.
Mais aujourd’hui, plus qu’un champ de ruine, tel est le visage que présente la piscine municipale de Bouaké. Une incursion dans cet édifice nous a laissé sur nos fins.
Il est 10H10, lorsque nous franchissions l’entrée de la piscine municipale, après avoir traversé un tas d’arbustes obstruant par endroit le passage. Un décor bien plus que sombre nous a été donné de voir. C’est une piscine municipale complètement désabusée et détruite que l’on a pu constater. Les bâtiments totalement en ruine. Une cour qui a laissé place à une broussaille avec par endroit des pistes que certains usagers, pas forcement nostalgiques de ce joyau, mais par souci de chasser ou d’abreuver leurs bétails, ont pu se faire. Un espace de danse qui à peine est perceptible du fait de la grande broussaille qui s’y est installée avec le temps. Au fond de la cour, des manguiers sur lesquels s’affaissent des cailloux et bois de cueillette de certaines femmes venues chercher des fruits à revendre sur les petits marchés des quartiers de la ville. Au milieu, la piscine elle-même avec son installation complètement amochée, une eau aux couleurs verdâtres et noirâtres par endroit du fait des herbacées qui, au fil du temps y ont loué demeure, et des déchets solides et liquides qui y sont déversés au jour le jour par des visiteurs. On y trouve des excréments de bétails également. Une étendue d’eau aux installations plongées dans une dégradation avancée. Plus de toboggans pour se jeter du haut dans l’eau. Les deux bassins (petit et grand), piteusement, subissent les affres des visiteurs. Les abords parsemés d’herbes et de boues générées par les pas feutrés des bœufs venus s’abreuver après une bonne partie de pitance. Quelque part dans l’arrière cour, se trouve un ruisseau qui coule vers des rizières situées dans les alentours de la grande cour de la piscine. Des canalisations et autres installations d’eau laissées au libre usage de certaines personnes, notamment, celles que l’on appelle communément les ‘‘fanicos’’. Un circuit d’eau détourné vers les espaces cultivables afin d’irriguer certains bas-fonds et jardins potagers installés dans les environs.
Un vieil homme que nous avons rencontré dans la cour, en pleine lessive, nous raconte l’histoire de cet édifice.
‘‘Depuis 1973 je suis à Bouaké. J’ai trouvé ici cet édifice et j’ai toujours travaillé ici, à la piscine municipale. Nous avions des grands magasins de trois pièces à droite et sept douches externes. On avait un bâtiment en étage de quatre chambres et des cuisines. J’occupais une chambre où je dormais. Il y avait des hangars et parkings. De l’autre côté on avait l’espace de danse avec des loges. La cour connaissait un aménagement de tous ses espaces avec des ‘‘allocodromes’’, des lavages autos, et autres. Juste à côté se trouvai le zoo avec de nombreux animaux. Ce qui faisait que les visiteurs fréquentaient à la fois les deux endroits. Aujourd’hui tout est parti en lambeau. Il n’existe plus rien du tout. Les bâtiments sont à reconstruire, la piscine elle-même est à curer car il y a trop d’ordures déversées dans l’eau. L’eau des deux bassins est à la merci des bœufs qui viennent boire. Parfois certains tombent dans les bassins et n’arrivent pas à en sortir. Vraiment tout est à refaire. Il y a de l’herbe partout. Les riziculteurs utilisent l’eau qui coule vers leur rizière. Quelque part dans la brousse de derrière, il y a une un cours d’eau qui traverse et qui donnait une belle vue. Mais cela est détourné pour arroser les jardins potagers situés derrière la cour de la piscine. Il ne reste plus rien vraiment de cet endroit. Par le passé, la piscine municipale refusait du monde tellement elle était fréquentée. Pendant les week-ends, on était débordé. Il y avait de la joie et tout Bouaké convergeait ici. Aussi, les gens venaient apprendre à nager, des compétitions scolaires de natation étaient organisées ici. Les élèves, les étudiants, tout le monde venait à la piscine municipale parce qu’il fait bon vivre ici’’, nous raconté le vieil homme qui également a été un des anciens employés de la piscine municipale.
C’est une piscine municipale livrée à elle-même et aux éventuels visiteurs impénitents que nous avons observé, contemplé dans piteuse situation de détérioration de fonds en comble, et que pour l’heure rien n’est fait pour la ressusciter. Un regret qu’expriment certains nostalgiques.
‘‘J’ai eu la chance de connaître cette fameuse piscine municipale de Bouaké et le zoo aussi, dans les années 70 à 81. C’est triste de voir qu’aujourd’hui tout à bien changé. C’est triste de penser que cette ville que j’ai connu il y a plus une trentaine d’années et que j’aime tant, qui comptait 30.000 habitants à l’époque et qui aujourd’hui en plus d’un million n’a pas de piscine du genre de notre époque, où nous avons appris la natation, la danse et tous les bienfaits d’une époque où joie, émotions et partages s’effectuaient’’, a affiché Mme Yao son regret de voir la piscine municipale dans une destruction émouvante.
Nonobstant, nombreux sont les appels lancés à l’endroit des autorités locale allant dans ce sens.
Dame Traoré que nous avons trouvé en pleine cueillette de mangues a émis le vœu de voir cet édifice être réhabilité un jour afin de redonner à Bouaké ce qu’elle de plus cher et de plus précieux, la piscine municipale. Elle a fait savoir que la réhabilitation contribuera à offrir du travail à leurs enfants afin que les parents ne soient plus en train de subir le forçat pour s’occuper des familles. Ce sera également un moyen de lutte contre le grand banditisme qui sévit du faut du chômage de la jeunesse.
‘‘Nos enfants sont au chômage. Et les travaux de réhabilitation la piscine municipale va contribuer à sortir nos jeunes de cette situation qui ne plaît à aucun parent. C’est le chômage qui entraine la délinquance et la délinquance nous plonge tous dans l’insécurité. Que les autorités songent à la réhabiliter pour que nos enfants trouvent du travail’’, a-t-elle appelé de tous ses vœux.
Un appel qui semble-t-il a été entendu des autorités locales. La municipalité de Bouaké, avec à sa tête le maire Nicolas Djibo, a dernièrement, lors d’un conseil municipal émis le vœu de voir des opérateurs économiques s’associer au projet de réhabilitation de la piscine municipale et ressusciter avec elle tout son corollaire, notamment, l’OFI, le zoo et autres édifices qui, autrefois ont fait la fierté et les beaux jours de Bouaké. Pour l’heure, c’est une piscine municipale qui n’attend que de revêtir ses habits d’antan et offrir le bonheur qu’elle a toujours offert aux populations de Bouaké et à celles qui venaient d’autres contrés du pays pour s’égayer.
Ouana Lagnon
 



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