Coucou, revoilà Kémi Séba, homme troublant, jamais en retard d’une provocation. Il nous revient, fidèle à sa réputation de borderline, à son goût prononcé pour la transgression.
Cette fois-ci, c’est Dakar, où il vit depuis 2011, que Stellio Capo Chichi, Franco-Béninois, a choisi de se rappeler à notre bon (mauvais) souvenir par une énième ostentation dont il a le secret.
En effet, lors d’un rassemblement contre la « Françafrique » le 19 août dernier dans la capitale sénégalaise, l’illuminé du panafricanisme et de l’anti-impérialisme, qui vient de faire du souverainisme monétaire son nouveau cheval de batail si ce n’est son cheval de Troie pour mieux charger la race blanche et les Juifs de tous les maux qui assaillent le continent noir, n’a trouvé mieux à s’offrir en spectacle que de brûler un billet de banque de 5 000 francs CFA en public.
Acte que l’auteur qualifiera, après coup, de « symbolique ». Peine perdue.
Mal lui en prendra comme d’habitude, puisque depuis vendredi soir, il tâte de la prison à Rebeuss par suite d’une plainte déposée par la BCEAO selon des confrères sénégalais.
Disons-le tout de suite : pour un acte aussi irréfléchi que contreproductif, c’en est vraiment un. Et si tant il est vrai que Kémi Séba a une sainte horreur du CFA, comme il veut le laisser croire, on en serait convaincu s’il avait vidé tous ses comptes du Sénégal, siège de la banque d’émission du CFA, puis passer tout cet argent au lance-flamme.
Comme il fallait s’y attendre, on entend des voix s’élever ici et là pour s’indigner de l’arrestation de celui qui n’a pas hésité à faire l’apologie de l’Holocauste en qualifiant Auschwitz de « Paradis sur terre », qui s’était rapproché d’Alain Soral, idéologue d’extrême droite, et admirait la « cohérence de Jean-Marie Le Pen ».
Un tel imposteur de la cause panafricaniste mérite-il qu’on s’émeuve sur sa détention, lui qui a agi en toute connaissance de cause ?
N’a-t-il pas, en effet, défié l’autorité de loi, lui qui, après sa forfaiture, a écrit sur sa page Facebook : « La BCEAO porte plainte pour un billet colonial que j’ai brûlé. Je savais qu’en effectuant cet acte purement symbolique, la BCEAO, sans doute sur commande de la banque de France, engagerait une procédure visant à me mettre en prison » ?
Pouvait-il en être autrement quand on sait que le Sénégal dispose du droit d’engager lui-même des poursuites, puisque l’article 411 du code pénal prévoit que « quiconque aura volontairement brûlé ou détruit, d’une manière quelconque, des registres, minutes ou actes originaux de l’autorité publique, des titres, billets, lettres de change, effets de commerce ou de banque (…) Si les pièces détruites sont des actes de l’autorité publique ou des effets de commerce ou de banque, la peine sera d’un emprisonnement de cinq ans à dix ans » ?
En attendant l’ouverture du procès demain mardi 29 août, et très certainement la sentence qui en découlera, que l’on se comprenne très bien.
Le débat qui agite aujourd’hui le milieu des économistes et des décideurs politiques au sujet de l’avenir du franc CFA a toute sa raison d’être.
Nous n’avons pas ici l’intention de mêler notre bouche à une polémique qui reflète souvent plus la sensibilité idéologique de ses acteurs que toutes autres considérations.
Mais qu’à cela ne tienne. Autant les partisans de la mise à mort de la devise officielle de quatorze Etats africains (huit dans l’UEMOA et six dans la CEMAC) ont raison quand il pointe du doigt certains méfaits du rattachement du CFA à l’euro, comme l’assujettissement monétaire et la saignée financière qui va avec comme l’obligation de déposer 50% des réserves au Trésor français, autant les défenseurs du maintien de ce lien ombilical avec la monnaie-mère n’ont pas tort quand ils mettent en garde contre le risque d’affecter la stabilité et la crédibilité dont bénéficie le CFA du fait de cet arrimage à l’euro.
Ne laissons donc pas ce débat digne d’intérêt être pollué puis récupéré par des marchands d’illusions qui n’y comprennent que dalle.
Que le sieur Kémi Séba sache que le souverainisme monétaire dont il a la vile prétention d’être le symbole s’accommode mal de son imbécillité de Dakar.
Sait-il que le billet de 5 000 francs qu’il a brûlé représente dans bien des familles africaines cinq jours de popotes, voire plus ?
Sait-il que le billet de 5 000 francs qu’il vient de réduire en cendre aurait pu sauver quelque part en Afrique un enfant mort du paludisme faute de moyens de ses parents ?
Mais ce Franco-Béninois né à Strasbourg, qui a découvert l’Afrique sur le tard au terme de moult ennuis judiciaires en France, ne pouvait le savoir.
Alors, il gagnerait à chercher à connaître les réalités de l’Afrique avant de prétendre en être un ardent défenseur.