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Economie

France-Sénégal : Macky Sall, le dernier tirailleur sénégalais

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 Demande à chaque institution : D’où viens-tu ? Demande à chaque institution : Qui sers- tu ? » Bertolt Brecht.
 
Historique ! Voilà comment fut qualifiée la visite d’Etat de Macky Sall en France du 19 au 23 décembre 2016 par quelques bretteurs zélés. Depuis Abdou Diouf en 1992, aucun autre dirigeant sénégalais n’avait bénéficié d’un tel accueil. Au total, 143 chevaux de la garde républicaine, un détachement de l’escorte motorisée, honneurs militaires aux Invalides, réception à l’Elysée, Sénat, au Parlement, à la mairie de Paris et enfin un diner de gala, ont été autant de charmes déployés par Paris pour recevoir en grandes pompes, son hôte africain. Avec en sus quelques breloques ! C’est connu les nègres aiment les médailles ! Macky Sall est ainsi gratifié d’un doctor honoris causa du Centre National des Arts et Métiers (CNAM) de Paris et fait membre associé de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer !
Mais au-delà des arrière-pensées de l’Elysée dont chacun sait qu’elles sont d’ordre économique et géopolitique, il convient plutôt de questionner la soumission totale de Macky Sall aux intérêts hexagonaux...
Quand le président Sall sauve Alsthom de la faillite
Selon l’article de Médiapart daté du 14 septembre 2016, l’on apprend que depuis plusieurs mois, le groupe Alsthom est très malade. Le site historique de Belfort est en cours de fermeture. Plusieurs actes de mal gouvernance ont eu raison de ce fleuron de l’industrie ferroviaire française. Une réunion de crise avait été même organisée à l’Elysée le lundi 12 septembre 2016 entre syndicats, travailleurs, direction et élus afin de contrer les menaces
de fermetures en 2018 du site à Belfort. Dans la foulée, le président Hollande lance : « J’ai donné cette direction : nous devons nous mobiliser pour qu’il y ait plus de commandes qui soient apportées [...] Il faut se mobiliser aussi pour défendre notre industrie. ». La chasse aux commandes est alors lancée ! Or le Sénégal, cette sphère d’influence française en Afrique, envisage de moderniser son transport urbain et construire à cet effet, un Train Express Régional (TER) entre Dakar et l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD). L’Elysée à coup d’intenses pressions « amicales » fera passer le message à Macky Sall qui finit par avaliser. Un appel d’offres pour la pose des rails du Train Express Régional (TER) Dakar- Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) a été lancé. Au terme cette procédure, Alsthom a été préféré pour un montant de 223 millions d’euros contre 110 millions pour le chinois Norinco ! Pour sceller le tout, une visite d’Etat est programmée du 19 au 23 décembre 2016 pour « sceller l’amitié France – Sénégal ». Au terme de cette visite, 7 conventions sont signées dont le protocole relatif au financement du TER Dakar-AIBD. L’ensemble de ce marché public est concédé aux firmes françaises (Alsthom, Eiffage, SNCF, RATP) pour un montant total de plus de 863 millions d’euros ! Aucune PME sénégalaise ne fut conviée à ce festin économique réalisé grâce à un endettement massif auprès de la France.
Enfin, si cette opération reste une bouée inespérée de sauvetage (un cadeau de noël !) pour Alsthom autrefois menacée de fermeture avec des pertes d’emploi évaluées à plus de 1400 (emplois directes et indirects), pour le contribuable sénégalais ce sera la saignée.
Une opération scandaleusement ruineuse pour l’Etat du Sénégal. Alors qu’au Nigéria voisin, un TGV et non un TER !, a été construit à 813 millions d’euros pour 187 km. Soit le km évalué à 4 300 000 euros. Au Sénégal de Macky Sall, le futur TER coutera 863 millions d’euros pour 57 km. Soit le km estimé à plus de 15 000 000 euros !
« La France est intéressée par le pétrole du Sénégal » !
Le pays de Senghor fera très bientôt son entrée dans le club fermé des pays producteurs de pétrole et gaz. Dans le domaine gazier, d’importants gisements de gaz évalués à plus de 450 milliards de m3 ont été découverts au large de Saint-Louis vers la frontière mauritanienne. Un enjeu économique que la France et ses multinationales ne sauraient laisser passer.
Un bras-le-bas politique et de lobbying va se déployer. En marge d’un déplacement au Sénégal les 22 et 23 septembre 2016, Manuel Valls, le premier ministre français s’inquiète de la marginalisation des entreprises françaises dans le secteur pétrolier. Il ne se prive pas de dire combien Paris est fortement intéressée par l’or noir sénégalais. Des propos qui sonnent comme une menace à peine voilée et surtout un plaidoyer en faveur de Total dont l’Afrique francophone reste la chasse gardée. Ces propos de Matignon vont faire l’objet de tractations au sommet de l’Etat. Pour l’Elysée, les richesses issues de son ex-pré carré lui appartiennent en vertu des accords léonins secrets de 1961 issus du fameux « pacte colonial ». En marge de sa visite à l’Elysée, la multinationale française Total qui a absorbé la légendaire ELF, se voit attribuer des permis d’exploitation. Personne à ce jour n’est en mesure de dire la teneur exacte de ces contrats signés avec les multinationales françaises durant le séjour hexagonal du président Sall.
Macky Sall ou le parti de l’étranger
Il est vrai que la France et le Sénégal entretiennent des relations séculaires depuis 1659 et qu’à ce titre une ville comme Saint-Louis fut française avant Nice. Une relation historique naguère qualifiée de « Francénegal », la variante locale de la « Françafrique » selon Jean Collin, le puissant ministre de l’Intérieur et Secrétaire à la présidence qui régna durant trois
décennies dans ce pays (Verschave, 2001 : 262). Si Dakar peut se vanter d’une exceptionnelle stabilité politique au point d’être qualifiée de « vitrine démocratique » depuis Senghor, le pays de Macky Sall reste une fabrique à misères et surtout un eldorado économique pour le colonat français. Tenez, en l’espace de quatre années, Bolloré et Nécotrans (Logistique), Orange (Téléphonie), Total (Gaz et pétrole), Eiffage, SNCF, RATP, Alsthom (BTP et Transports Urbains), Mimram (Sucres et denrées alimentaires), Société Générale (Banque), Lafarge (Cimenteries) trustent tous les secteurs de la vie économique sénégalaise. En revanche, chômage de masse avoisinant plus de 50%, malnutrition, économie du pillage (pêche, port, arachides), corruption généralisée et immigrations clandestines via la méditerranée sont le lot des Sénégalais notamment des jeunes.
Au plan diplomatique et stratégique, le Sénégal est devenu un dominion français. Et ce, à trois niveaux : Au Conseil de Sécurité, le président Sall s’aligne sur toutes les positions de Paris. Dans la sous-région, le Sénégal fait pression sur les autres Etats pour signer les APE. Enfin, au plan sécuritaire, le président sénégalais a autorisé la réouverture des bases militaires françaises fermées entre temps par Abdoulaye Wade. Un acte politique que Macky Sall avait tôt qualifié de « nationalisme mal placé ». Signalons dans le même registre que le pays de la Teranga (hospitalité) est devenu un véritable nid d’espions français et un centre africain majeur de coordination du dispositif militaire Barkhane chargé de traquer les
« terroristes ».
Deux faits significatifs l’attestent : la nomination de Christophe Bigot, ancien directeur de la stratégie à la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) comme ambassadeur de France au Sénégal et l’installation d’une antenne africaine de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) à Dakar.
En définitive, le Président Macky Sall apparait définitivement comme le véritable gardien de l’ordre néocolonial français en Afrique. Hier, les Africains qualifiés de « tirailleurs
sénégalais » étaient réquisitionnés contre leur gré par Blaise Diagne pour aller servir de chair à canon contre l’ogre nazi. Aujourd’hui, un dirigeant élu démocratiquement par son peuple choisit au nom d’une servitude volontaire de devenir un proconsul français à la peau noire. Cette rationalité de la dépendance qui se manifeste par « l’internalisation de la contrainte externe » (Nubukpo, 2011 : 10) des intérêts de la Françafrique (économiques et militaires) au détriment du bien-être des populations de son pays, traduit chez Macky Sall, une aliénation politique totale. 
 



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